jeudi 23 avril 2009

FIN DU VOYAGE

Vendredi 13-03-2009- PISTE- CHELEM - 239 km

Après Chichen Itza, nous nous dirigeons vers le golfe du Mexique et décidons de prendre les petites routes, pour atteindre le bord de mer le plus rapidement possible. En chemin, on s’arrête à Izamal, ville coloniale assez particulière, en ce sens que toutes les habitations sont peintes en jaune et ocre. Son nom signifie « lieu d’Izamna », créateur de la vie et divinité importante chez les anciens Mayas et l’on pense que c’était un centre cérémoniel important. Encore aujourd’hui, c’est un lieu de pèlerinage où l’on vient, depuis l’époque coloniale, vénérer la Vierge d’Izamal; le plus grand monastère franciscain du Mexique y a été construit entre 1549 et 1562, sur la base d’une ancienne pyramide. L’église attenante est le plus grand sanctuaire marial du Sud-Est mexicain et le pape Jean-Paul ll y a célébré une messe en 1993, ce qui est évidemment marqué par une statue. Après la visite, nous explorons le marché de la place principale et y découvrons la meilleure boulangerie du voyage. Lisette en partira même avec une recette de quiche, donnée gracieusement par la senora Versailles (et oui, comme le palais!).

La route qui longe le golfe n’est pas particulièrement panoramique, la mer étant souvent invisible et le pavé, plutôt bas par rapport au niveau de l’océan. Tout du long, se succèdent, tantôt des petits villages invitants (mais pas de camping là!), tantôt des marais salants, tantôt des complexes chics de résidences de villégiature; mais tout près, avant d’arriver à la ville de Puerto Progresso, on découvre aussi le pire bidonville du voyage. Chelem, où se trouve notre terrain de camping, n’est pas très riche, certaines rues trahissant même une grande pauvreté, mais notre petit camping est propre, bien aménagé et accueillant.

Le lendemain, samedi, nous explorons les abords. La mer est à un coin de rue, mais la plage est décevante. Personne n’a le goût de s’y baigner. L’eau est belle, mais on y voit des plaques noires dans l’eau, en bordure de la plage. Quelqu’un nous explique que ce sont de grands sacs de sable, installés là depuis une vingtaine d’années. L’objectif était de protéger la plage, lors des tempêtes; par erreur, ils furent installés parallèlement à la plage et non pas perpendiculairement à celle-ci comme cela devait se faire. Ils ne servent à rien et sont une nuisance, à tout le moins sur le plan esthétique. Nous ne comprenons pas pourquoi les gens ne les ouvrent pas pour laisser le sable être emporté par la mer. Mais bon, nous sommes au Mexique et il n’est nécessaire de tout comprendre. Les résidences sont désertes car c’est l’hiver ici. On nous dit qu’il y a foule à l’été.

Avec le collectivo, nous allons à Puerto Progresso, à 5-6 kilomètres de Chelem. Surprise : c’est plein de monde sur le boardwalk et sur la jolie plage. Quelques achats encore. Nous retrouvons ici des vendeurs et vendeuses venus des villages autour de San Cristobal, au Chiapas; encore ici, certains ont le regard éteint ou triste et ce n’est pas la première fois que nous observons cela. Pas facile, la vie pour eux…

Dimanche 15-03-2009- CHELEM – ISLA IGUADA - 398 km

Une journée sans histoire pour aboutir à un beau camping sur le bord de la mer. Dalle de ciment pour s’installer, tous les services; il y a même des douches à l’eau chaude, assez rares dans les campings mexicains. L’ensemble de l’hébergement et du site est conçu pour être accessible aux personnes en chaises roulantes. Mais il faut y mettre le prix : 25$ USA ou 382 pesos la nuit, le plus cher payé depuis le début du voyage. On pensait s’installer pour quelques jours, mais on va réviser nos plans…

Chemin faisant vers ce camping, Joanne a fait un bon coup. Depuis le début du voyage, elle voulait s’acheter des chaises de plage, recouvertes d’un tissage similaire à celui des hamacs; elle en avait vues il y a quelques jours, mais le prix était exorbitant (2000 pesos) dans les endroits touristiques. Manon et Richard les ont aperçues, en vente dans un étal le long de la route, près de Hampolol, à 14 km de Campeche : dans cette boutique artisanale, le prix était de 290 pesos; moyenne différence! Joanne était super heureuse. On ne peut pas en dire autant de Nazir. Mécontent de n’avoir pas réussi à se faire comprendre et de n’avoir pu goûter à des fruits en conserves disposées sur le comptoir, il a eu une petite saute d’humeur; il a promis de revenir au Mexique en sachant parler espagnol, « TABERN….. »; il ne veut pas savoir l’écrire, ni en connaître la grammaire; il veut pouvoir le parler suffisamment acheter ce qu’il veut. Il a pourtant été un négociateur hors-pair durant tout le voyage et a été le meilleur de nous tous pour le marchandage, obligatoire au Mexique, où, sauf rares exceptions, les prix sont multipliés au départ, fixés en prenant pour acquis qu’ils seront révisés à la baisse lors de la négociation.

Lundi 16-03-2009- ISLA IGUADA - VILLAHERMOSA- 235 km

Villahermosa est la capitale de l’état du Tabasco, une ville moderne, bordée par trois rivières importantes, dont la principale est la Grijalva, celle-là même qui coule au fond du Canyon du Sumidero (exploré au début du mois de mars). Nous nous arrêtons ici pour visiter le Parque Museo La Venta, un parc-musée établi dans les années 1950 pour accueillir les ruines archéologiques du site de La Venta, situé plus loin, quasi à la frontière entre l’état de Tabasco et celui de Veracruz. Le site original était menacé par la découverte de pétrole et la construction de raffineries dans cette zone. Grâce aux efforts d’un poète célèbre, Carlos Pellicer, le parc-musée a été créé, en tentant de reproduire un milieu naturel similaire à celui où vivaient les anciens Olmèques durant la période dite préclassique, soit de 1300 à 200 avant Jésus-Christ. Une trentaine de sculptures monumentales sont échelonnées le long du sentier qui sillonne le parc, notamment les colossales têtes olmèques, caractéristiques de cette culture, dont la construction demeure une énigme. C’est un site particulier car les ruines sont vraiment serties dans la forêt et visitées par des animaux inoffensifs- sorte de mélange entre le tapir et le raton laveur- qui se promènent en liberté dans le parc. Au terme du circuit, on trouve un jardin zoologique, où l’on peut voir jaguars, pumas, ocelot, singes et crocodiles; il y a aussi un vivarium et une immense volière où l’on peut pénétrer et admirer les oiseaux typiques de la faune régionale, aras, perroquets et canards de toutes sortes.

Nous camperons à proximité, sur le terrain de stationnement d’un parc aquatique, aménagé pour accueillir quelques véhicules de camping. Le balneario est fermé à notre arrivée : heureusement, car le stationnement aurait été plein; 900 personnes sont venues se baigner aujourd’hui (2800 ont fait de même hier). Les filtreurs ne nous semblent pas très efficaces et l’eau des piscines n’est pas vraiment appétissante. Nous endurerons la chaleur….et les maringouins (des vrais, comme chez nous!).

Mardi 17-03-2009- VILLAHERMOSA-CATEMACO - 294km

Aujourd’hui, nous prenons la route avec un pincement au cœur : c’est la dernière journée du voyage en compagnie de Johanne et Nazir; en effet, nos routes se séparent car ils nous quittent pour « el Norte », souhaitant rentrer à la maison avant la fin du mois. Ils nous accompagnent finalement jusqu’à notre au camping de Catemaco et, non sans émotion, nous nous disons au-revoir.

Au camping, une caravane de 21 gros motorisés arrivait en même temps que nous; ils avaient évidemment réservé et avaient la priorité. Le proprio nous a promis un petit espace. Nous avons été chanceux : il nous a fallu attendre que tous les « gros »soient placés, mais en nous voyant attribuer un site « non officiel », nous avons hérité du plus beau point de vue sur la rivière. On se croirait chez Andrée et Gaston : le terrain est élevé avec une belle rivière en bas! Nos voisins sont des Québécois en safari condo, Annette et Jean-Louis de Blainville. Y aura-t-il des atomes crochus entre un westfalien et un proprio de safari condo? Les premiers contacts le laissent croire. En tous cas, en cette première journée à Catemaco, nous profitons du lieu ; il y a beaucoup, beaucoup d’oiseaux ici; notre connaissance d’oiseaux mexicains est médiocre, mais nous profitons de leur présence et de leurs chants.

Mercredi 18-03-2009 et jeudi 19-03-2009- CATEMACO

Après un avant-midi de farniente, nous partons à pied, nous promener sur le « Malecon », qui borde le très beau et très grand (27km X16 km) lac Catemaco, au centre de la petite ville du même nom. Nous décidons de faire la randonnée en bateau qui nous est proposée; ceci nous permettra de voir une colonie de singes macaques, qui s’est développée sur une île où des chercheurs de l’université ont introduit deux couples, il y a vingt-cinq ans. C’est aussi l’occasion de visiter le Parc écologique éducatif Nanciyaga, qui est, selon le Guide vert, la zone de forêt tropicale humide la plus septentrionale de la planète; nous sommes un peu déçus par la visite, qui nous en apprend moins sur la nature que sur les films qui ont été tournés ici (notamment, Medecine Man, avec Sean Connery); nous avons tout de même vu deux beaux (façon de parler) spécimens de crocodiles. Nous y avons aussi bu de l’eau minérale, à même la source qui y coule.

Une autre observation de la « faune locale » aura lieu au camping, en début de soirée. Dans la pénombre, alors qu’elle sortait de la piscine, Lisette a aperçu un gros insecte noir sur l’un des trottoirs, qui semblait bien être un scorpion. Alertés, les autres arrivent à la rescousse avec lampe frontale et caméra, pour confirmer l’identification de la bête. Après quelques photos, notre manège a alerté à son tour le propriétaire du camping, qui nous a assuré que la morsure de la bestiole n’était pas mortelle : celle du scorpion « brun » peut l’être, mais pas celle du « noir »; et ce disant, d’un preste coup de talon, il a aplati la bestiole dans le ciment du trottoir. C’est ce qu’on appelle un double message! En tous cas, à partir de ce moment-là, personne ne s’est plus promené « pieds nus dans l’herbe »…

Des observations plus plaisantes ont lieu le lendemain. Très tôt le matin, Lisette profite de l’invitation faite par des voisins vermontois, amateurs d’ornithologie. Susan connaît les environs et fait, ce matin-là, une randonnée d’observation, le long de la rivière : fructueuse randonnée, qui permet de voir plusieurs oiseaux typiques de la région –jacana, oropendola, chachalaca-, quatre sortes de martins-pêcheurs, un gros-bec bleu, des colibris, un geai brun, des aigrettes, deux variétés de hérons, des moucherolles, et bien d’autres. Elles sont parties plus de trois heures et l’équipe de secours était sur le point de se former lorsqu’elles sont revenues! Lisette a beaucoup aimé son expérience.

À la fin de l’avant-midi, nous partons en excursion. Avec Richard, Manon, Jean-Louis et Annette (les Safariens Condo : et oui, ce sont des gens très sympathiques…), nous prenons un collectivo en direction de Sontecomapan, à 19 km de Catemaco. Ce transport en commun est le premier de la sorte que nous prenons, bien que nous ayons souvent vu des Mexicains être ainsi véhiculés : il s’agit en réalité d’un petit pick-up et les passagers sont en assis sur des sièges dans la boîte arrière de la camionnette; nous nous sommes faits brasser en masse! Comme disait Annette, les gens pensent qu’on se la coule douce au Mexique, alors qu’on risque notre vie dans des véhicules qui seraient interdits au Québec. Ici, même les écoliers sont souvent transportés de cette manière, debout dans la boîte; inutile de dire qu’ils ne portent pas la ceinture de sécurité…bien que le port de celle-ci soit obligatoire ici dans beaucoup d’états!

À destination, nous avons pris un bateau pour faire l’excursion projetée dans la lagune de Sontecomapan. Notre capitaine et guide, Senor Guzman, nous a d’abord fait circuler dans une étroite rivière, sous des arbres majestueux faisant alcôve au-dessus de la rivière; au sommet de l’un d’eux, une famille de ratons-laveurs…tout à fait comme ceux qu’on a ici. Et tout à coup, sans avertissement pour les photographes, deux magnifiques morphos bleus papillonnent à quelques mètres de nous. Quelle belle seconde!

Notre randonnée se poursuit dans une mangrove, que le Petit Larousse définit comme une «formation végétale caractéristique des régions côtières intertropicales, constituée de forêts impénétrables de palétuviers, qui fixent leurs fortes racines dans les baies aux eaux calmes, où se déposent boues et limons ». Tout un spectacle : de grosses racines enchevêtrées, émergeant de l’eau sur une hauteur de plus d’un mètre, avant de converger vers le tronc des arbres qu’elles nourrissent; les arbres ont l’air d’être plantés sur un méli-mélo de gros câbles baignant dans l’eau! Avec, en prime, de beaux petits crabes rouges agrippés sur quelques-unes de ces racines.

Finalement, la lagune débouche sur l’océan et notre capitaine nous dépose sur une belle plage du golfe du Mexique : la Barra, frontière entre l’eau douce de la lagune et l’eau salée de l’océan. Baignade dans les eaux turquoise et chaudes du golfe. Un endroit rêvé où nous étions presque seuls. Puis, dîner à six sur la plage. Une fort agréable journée!

Vendredi 20-03-2009- CATEMACO

Nous nous préparons pour une autre séparation : Manon et Richard rebroussent chemin et retournent au Sud, sur la côte du Pacifique, où ils rejoindront Suzanne et Bernard, qui y sont installés depuis une dizaine de jours. Eux prévoient rentrer au Québec vers le 20 avril, alors que nous tenons à y être pour le 10- fête de Camille oblige! Nous poursuivrons donc notre route vers le Nord et nous devons récupérer nos vêtements d’hiver (sans compter un grand sac contenant divers achats), que Manon et Richard avaient « hébergés » dans leur grand motorisé: le camper rétrécit à vue d’œil!

Manon et Richard nous ayant quittés, nous passons la journée au camping, à profiter du lieu et à faire lecture et écritures (ce blogue requiert du travail, tout de même!). Peu après, en faisant du rangement, Stéphane découvre une tarentule dans les blocs de soutien (qui servent à mettre le camper à niveau). C’est vraiment dangereux de camper au Mexique…mais pas pour les raisons que la plupart des gens redoutent!

Un souper et une soirée en commun avec Annette et Jean-Louis viennent agréablement terminer cette dernière journée à Catemaco. Safariens et Westfaliens conviennent de se retrouver au même camping à Veracruz, puisque nous partons tous dans cette direction demain.

Samedi 21-03-2009- CATEMALCO- VERACRUZ - 199 km

En route vers Veracruz, nous décidons de faire le petit détour -14 km- pour visiter Tiacotalpan, une petite ville décrite comme pittoresque et cotée « une étoile » au Guide vert. La ville a été prospère à cause de ses activités portuaires et de ses plantations de canne à sucre et elle a eu son heure de gloire au 16è siècle, alors que les Espagnols l’avaient choisie comme chef-lieu d’un grand district. Aussitôt entré dans la ville, Stéphane fait le tour du zocalo, jette un coup d’œil aux édifices coloniaux, fait demi-tour et zip : la visite est terminée! On croit percevoir ici un certain degré de saturation : Stéphane a-t-il hâte de revoir Howick Beach? Peut-être.

Nos amis suivent la recommandation faite l’automne dernier par Monique et Roland: ils se rendent à Alvarado voir le très joli zocalo. Comme convenu, on se retrouve en fin de journée au camping et on partage le souper, en placotant jusqu’à 10h. Vers 11h, alors que nous venons de nous mettre au lit, une discothèque en plein air débute ses activités; elle est malheureusement située à 400m du camping; nos tympans seront très sollicités jusqu’à 2h du matin. Nous pensions avoir trouvé un superbe camping, un peu sauvage sur le bord de la mer avec comme seule musique celle des vagues. Quelle erreur! Nous aurions dû aller danser!

Dimanche 22-03-2009- VERACRUZ – COSTA ESMERALDA 113 km

Nous quittons nos nouveaux amis du Safari Condo et remontons la côte du golfe. Eux se dirigent vers Puebla, Teotihuacan et Querétaro avant de quitter le Mexique.

Sur la Costa Esmeralda, il y a une quinzaine de campings. Comment choisir le plus meilleur? Lisette en propose un : refus de Stéphane. Après en avoir vu quelques autres, il doit admettre qu’elle a encore raison. Nous campons à Las Casitas del Tajin, trois belles villas divisées en unités locatives, sur le terrain desquelles on a aussi aménagé une dizaine de sites de camping, touts pavés en « coblestones » : très bel environnement, verdoyant, peu achalandé; nous avons une vue superbe, directement sur la mer. Nous nous installons ici pour deux jours, question de profiter une dernière fois de la mer avant de remonter vers le Nord.

Lundi 23-03-2009- COSTA ESMERALDA

Farniente, marche sur la plage, baignade dans la piscine, nous profitons du site idyllique. Du moins, c’est ce que nous faisons jusque vers la fin de l’après midi, alors que le vent, qui s’est levé depuis le midi, ressemble de plus en plus à un vent de tempête. Sable et sel sont balayés avec intensité et nous forcent à prendre notre repas à l’intérieur du camper. Nous ne prenons aucun risque et décidons de déménager : nous fermons le toit et déplaçons le véhicule pour nous mettre à l’abri du vent, derrière l’une des villas inoccupées. Comme nous avons rassemblé tous nos effets, le départ du lendemain matin se fera tôt.

Mardi 24-03-2009- COSTA ESMERALDA- TAMPICO 393 km

Nous quittons la Costa Esmeralda sans trop de regret, même si la température est super belle. Visite du site archéologique d’El Tajin au programme de la journée. Nous y sommes tôt mais la chaleur est déjà suffocante. El Tajin a vécu son apogée de 800 à 1150 après J.C.; ici vécurent alors environ 25 000 personnes. Stéphane s’attendait à voir des ruines encore plus grandioses que les précédentes, étant donné qu’il s’agit d’un site dont l’apogée a été postérieure aux autres; il est un peu déçu. Un effet de la saturation encore?

À ce jour, on a découvert ici 168 édifices et 17 jeux de pelote; c’est le site archéologique qui en comporte le plus grand nombre. La caractéristique principale de plusieurs édifices est qu’ils sont ornés de niches et de grecques; ces grecques nous parassent moins belles et sont certainement moins variées que celles que nous avons vues à Mitla. La Pyramide des Niches est très différente des autres pyramides vues antérieurement car elle est composée de 365 niches, le nombre de jours de l’année solaire : cette pyramide est le symbole d’El Tajin.

Vers la fin de notre visite, surprise : un premier morpho bleu. Lisette part à la chasse avec sa caméra. Nous en verrons 4 au total. Une photo un peu floue en témoigne : c’est rapide, un papillon!

Le départ hâtif de la matinée nous permet d’atteindre Tampico aujourd’hui, un jour plus tôt que prévu. Sur la 180 qui nous y mène, nous voyons défiler une centaine de voitures accidentées, remorquées une à une, c’est-à-dire attachées par un câble et tirées par une autre voiture : ce sont des voitures que des Mexicains importent des États-Unis, certaines pour les pièces, d’autres pour être réparées et revendues.

Mercredi 25-03-2009- TAMPICO- SAN FERNANDO DE PRESSAS 402 km

Parti tôt, nous avons opté pour bifurquer sur la 83 vers Ciudad Victoria, au lieu de poursuivre sur la 180 dont la chaussée n’est pas toujours de très bonne qualité. Excellent choix. Même si nous devons parcourir 30 km de plus, nous sommes sur une route soit à 4 soit à 3 voies, du début à la fin. Nous aurions pu traverser la frontière aujourd’hui, mais il est déjà près de 15h00 et nous arriverions tard au Texas; de plus, il nous reste du bœuf et des fruits, qui ne passeraient pas la frontière. Donc, pas de gaspillage : nous quitterons le Mexique demain.

Jeudi 26-03-2009- SAN FERNANDO DE PRESSAS- PHARR, TEXAS - 163 km

Ça y est : nous traversons la frontière américaine, sans fouille ni problème; à peine 3$ de taxes texanes à payer pour nos quatre bouteilles de vin.

Nous sortons du Mexique heureux de ce que nous avons vu. Nous voulions voir des villes coloniales, des sites archéologiques, des papillons et un peu de plage. C’est fait et nous avons maintenant une petite idée de ce pays presque voisin.

Nous avons trouvé les Mexicains gentils, travaillants, débrouillards; peu à voir avec le préjugé du Mexicain indolent qui est parfois exprimé. Johanne et Lisette s’exprimant en espagnol, cela a facilité un contact plus direct et nous a sûrement aidés à mieux apprécier les gens.

Nos coups de cœur ont été le Chiapas –pour sa nature; les villes d’Oaxaca, de Patzcuaro et de Guanajuato, pour leur charme; la ville de Mexico, pour sa verdure et son musée d’anthropologie; Uxmal, Palenque et Monte-Alban pour la beauté de ces sites archéologiques. Sans compter les bougainvilliers, les jacarandas et autres arbres en fleurs, qui enjolivent le paysage un peu partout au Mexique.

Nous avons peu de « prix citrons ». Le premier concerne les salles de bains de certains campings, qui laissent vraiment à désirer. Le second s’applique aux feux de vidanges : faute de système adéquat de collecte de vidanges, on les brûle, avec le résultat qu’on imagine au niveau du parfum. Selon Manon et Richard, qui n’en étaient pas à leur premier voyage au Mexique, la situation s’est considérablement améliorée à l’égard de la « gestion des vidanges » depuis deux ans. Il y a donc de l’espoir!

Nous avons fait de belles rencontres durant le voyage : des Mexicains, mais aussi des Québécois, des Canadiens de plusieurs provinces, quelques braves Américains- les quelques-uns qui n’ont pas peur de leurs voisins du Sud. Certaines de ces rencontres continueront de nous habiter pour longtemps!

On construit beaucoup au Mexique. Toute l’infrastructure routière semble en plein déploiement : il y a tellement de construction de routes ici qu’il sera bientôt encore plus agréable d’y voyager (Stéphane espère que disparaissent les « */&?%* de TOPES », dos d’âne omniprésents dans toutes les villes et villages comme réducteurs de vitesse). Si nous revenions, nous irions à nouveau à Patzcuaro et à Guanajuato que nous avons vues un peu trop rapidement. Nous visiterions aussi ce que nous n’avons pu voir dans ce premier survol : San Miguel de Allende, Zacatecas, Real de Cartorce, Taxco, Copper Canyon, la partie ouest de la côte du Pacifique, et sans doute, bien d’autres belles régions. Mais, en attendant, nous sommes bien heureux de rentrer chez nous!

Jeudi 26-03-2009 à mercredi 08-04-2009 TRAVERSÉE DES USA- 4401 km
Nous voulions y aller mollo pour rentrer au pays, question de ne pas rouler sans arrêt. Comme convenu au départ, nous retrouvons d’abord Monique et Roland -les autres grands-parents de Camille-, à Weslaco, Texas. Nous y ferons une halte de quelques jours, au cours desquels nous découvrons quelques-uns des nombreux sites d’observation ornithologique de la région. Nous retournons même passer une journée au Mexique -juste en face de Weslaco- en compagnie de Monique et Roland, qui y font depuis plusieurs années un bénévolat fort généreux. Nous avons aussi la chance que des amis- Myreille et Pierre, Westfaliens eux aussi, campés au Texas, viennent nous rejoindre à Weslaco: nous ferons ensemble le voyage de retour, ce qui sera fort agréable.
Le lundi 30 mars, nous entreprenons la remontée, ponctuée de pauses-découvertes : deux jours à San Antonio (Texas), sorte de petite Venise américaine, fort agréable; une demi-journée au fascinant Houston Space Center; un petit détour par Bâton-Rouge; la visite d’une magnifique plantation (Rosedown) avec des allées de chênes bicentenaires absolument magnifiques. Nous avons emprunté la Natchez Trace Parkway sur toute sa longueur (425 milles), entre Natchez (Mississipi) et Nashville (Tennessee); à mi-chemin, à Tupelo, nous en avons profité pour visiter la maison natale d’Elvis. Sous la pluie, nous avons renoncé à « marcher » la jolie ville d’Abingdon, en Virginie, mais avons tout de même fait une petite incursion sur le Blue Ridge. Au nord de la Virginie, le 7avril, nous disons au revoir à nos amis, qui rentrent à la maison ce jour-là. Nous poursuivons notre route vers Ithaca, dans le sud de l’état de New York et rendons visite à une amie, avant de rentrer à notre tour à la maison…d’où nous écrivons ce dernier message.
Salutations à tous et chacun de vous qui avez eu la patience de nous lire et au plaisir de communiquer avec vous de façon tangible et directe,

Lisette et Stéphane











samedi 4 avril 2009

ENCORE BEAUCOUP DE RUINES ...

Lundi 09-03-2009- PALENQUE-CAMPECHE – 360 km

Bernard et Suzanne restent un jour de plus à Palenque, parce qu’ils ont le projet de retourner sur la plage, à Puerto Escondido. Nous faisons nos au-revoir, car le reste du groupe se dirige vers Campeche. Route tranquille en terrain plat, conduite beaucoup moins difficile que dans les montagnes. L’inspection des aliments à l’entrée de la péninsule du Yucatan coûte quelques œufs, quelques saucisses hot dog. Une cinquantaine de kilomètres plus loin, à Escarcega, on souhaite la bienvenue aux touristes d’une manière plus intéressante, avec la « Puerta de la Entrada al Mundo Maya », un très beau « Welcome Center » (le deuxième que nous voyons depuis notre entrée au Mexique). Un peu plus loin, la route aboutit sur le bord du Golfe du Mexique, que nous suivrons sur une soixantaine de kilomètres avant d’arriver à notre destination, le camping du Club Nautico de Campeche : ça a beau n’être pas le Pacifique, les couleurs variées de l’eau du Golfe sont magnifiques, du bleu au turquoise à l’émeraude.

Depuis notre arrivée au Mexique, la chaleur était le plus souvent sèche. Dans la péninsule du Yucatan, nous reconnaissons rapidement la chaleur humide de nos étés. C’est pourquoi nous rêvons toute la journée de la piscine grandeur olympique décrite par Manon et Richard. DÉCEPTION à notre arrivée au Club Nautico: la piscine est en réfection majeure! Pour les Mexicains, c’est encore l’hiver et club sportif est désert. Il devrait être plus achalandé durant la Semaine Sainte et durant l’été. Nous profiterons toutefois de la vue superbe sur le Golfe, de même que des installations immenses et désertes (salles de bains, salle de douches et salon assez grand pour y faire une noce italienne). La farniente est bonne après cette journée de route tout de même assez longue.

Mardi 10-03-2009- CAMPECHE- UXMAL – 192 km

Campeche est la capitale de l’état du même nom. Le Guide Vert Michelin mentionne qu’elle s’élève au bord du golfe du Mexique, là même où en mars 1517, débarquèrent les premiers Espagnols, sous le commandement de Francisco Hernandez de Cordoba, plus de deux ans avant que Cortés n’entreprenne la conquête du Mexique. Elle fut fondée en 1540, sous le nom de villa de San Francisco de Campeche, sur l’ancienne cité maya Ah Kin Pech, « lieu du soleil ». La ville est devenue prospère grâce à l’exportation de bois précieux vers l’Europe, mais cet essor commercial et portuaire suscita l’intérêt de corsaires (parfois soutenus par des gouvernements européens) ou de pirates : ceux-ci dévastèrent, pillèrent et incendièrent la ville à plusieurs reprises. C’est pourquoi, entre 1685 et 1704, la couronne d’Espagne fit ériger des remparts, des bastions, des forts sur les collines et des batteries en bord de mer. Aujourd’hui, les vestiges de ces fortifications hexagonales séparent la vieille ville des quartiers modernes. Plusieurs des bastions et forts abritent maintenant des musées. À l’entrée de Campeche, nous visitons le Fuerte de San Miguel, perché au sommet d’une colline, avec terrasse et tours de guet surplombant le golfe et la ville; la demi-douzaine de salles intérieures contiennent de très belles pièces précolombiennes, trouvées sur les différents sites archéologiques de l’état. Notre connaissance des Mayas s’améliore; nous pensons que nous pourrons répondre facilement à l’examen sur les Mayas à la fin du voyage (l’examen pour les NULS, il va s’en dire!).

La route est ennuyante vers Uxmal. Après les belles montagnes des états du Chiapas et d’Oaxaca, le plat pays ne nous stresse pas trop; c’est une zone de vergers d’agrumes. En approchant de l’état du Yucatan, après le joli village de Belonchen de Rejon, le paysage devient un peu plus accidenté, de petites collines venant rompre la monotonie du paysage. Arrêt aux ruines de Kabah sur la route dite « des Puuc » (signifiant « région montagneuse »), route qui désigne l’une des zones d’Amérique réunissant le plus de sites archéologiques, lesquels correspondent à un style architectural caractéristique. Le style Puuc se distingue par l’arc maya, des édifices aux murs s lisses à la base, avec une partie supérieure ornée de frises en stuc; caractéristique aussi, l’abondance des masques de Chaac, dieu de la pluie représenté avec un long nez en trompette ou en crochet (selon que l’on prie pour demander la pluie ou remercier pour celle Qu’on a reçue). Cette région manque d’eau en permanence depuis des millénaires; les mayas imploraient donc davantage Chaac qu’à Palenque qui est en pleine forêt tropicale; de plus, ils ont développé dans cette région une série de citernes (chultun), creusées dans le sol, qui permettaient de recueillir et stocker l’eau de pluie; on en trouve des vestiges dans les sites de la route Puuc.

Kabah est le début de cette route Puuc, qui comporte également Uxmal, mais aussi des centres plus petits comme Sayil, Xlapak, Labna. Notons que le Palacio de Bellas Artes, à Mexico, a été décoré semble-t-il en s’inspirant partiellement du style Puuc. Par ses dimensions, Kabah, le «seigneur à la main forte et puissante », fut le deuxième centre cérémoniel maya de la zone Puuc. Sur la place principale, en quadrilatère, s’élève notamment un imposant palais construit en plate-forme à trois niveaux, le Codz Pop (« la natte enroulée »), appelé aussi le palais des Masques; il est extraordinaire par sa façade comportant plus de 100 masques de Chaac, ce qui lui donne un aspect baroque. Un peu à l’écart du site, on découvre une arche de 10 mètres de haut, qui marquait probablement le début du sacbé (chemin cérémoniel) de 18 km reliant Kabah à Uxmal. Après cette entrée en matière, nous avons hâte de visiter Uxmal, vers lequel nous nous dirigeons.

Écouter les autres voyageurs est souvent très intéressant et instructif. À notre arrivée à Uxmal en fin de journée, Manon s’est souvenu qu’un voyageur lui avait parlé de l’hôtel Villas Arqueologicas, en indiquant qu’on y accueillait maintenant les campeurs sous certaines conditions. Nous y camperons, sans frais et sans services, dans un coin tranquille et paysagé de la cour de l’hôtel (ancien Club Med); la seule exigence est de consommer au restaurant de la place, ce à quoi nous nous soumettons sans problème. Le souper comporte soit le menu du jour, soit le menu turistico; nous dégustons, qui du « poulet pibil », qui du « chili con carne » à la mode « yucatanétèque ». En plus, nous profitons de la belle piscine aménagée dans la cour intérieure au décor tropical, où se trouve aussi le restaurant; et en prime, nous avons accès au wifi. Le grand luxe et pas de vaisselle à faire ce soir!

Le lendemain matin, le gérant de l’hôtel, Alejandro, vient nous saluer pour s’enquérir de notre satisfaction et surtout, nous informer que le même service est accessible dans les quatre autres Villas Arqueologicas, situées à proximité de sites archéologiques importants. Très bel et charmant homme, ce gérant (de l’avis unanime des trois femmes du groupe). Donc, excellent camping à tous égards!

Mercredi 11-03-2009- UXMAL- PISTE 160 km

Tôt le matin, nous visitons le site archéologique d’Uxmal, situé à quelques pas de notre campement. Nous le faisons en compagnie d’un guide dont la connaissance de la langue française est telle qu’il peut faire des blagues dans notre langue. Entre autres, en nous décrivant les différents usages quotidiens du hamac (chaise, table de travail, séchoir à grains, lit, berceau), il ajoute que la nuit, ils deviennent hamacs-sutras…

Dès l’entrée sur le site, on voit une pyramide haute de 35 mètres à base elliptique, dite pyramide du Devin, parce qu’elle aurait, selon la légende, été bâtie par un nain en une nuit; la légende veut que ce nain soit devenu roi, parce qu’il avait deviné et résolu plusieurs énigmes Cette pyramide serait l’un des plus beaux édifices du monde précolombien; il n’est plus permis de l’escalader, mais on peut admirer ses façades décorées.

Aussi impressionnant : le Quadrilatère des Nonnes, ainsi nommé par les Espagnols, à cause de sa ressemblance avec la cour intérieure des monastères. C’est une grande place rectangulaire, délimitée aux quatre coins cardinaux par quatre édifices de hauteurs différentes; en dépit de cette différence de niveau, la corniche intermédiaire des quatre édifices est alignée; cette corniche symbolise la frontière entre le monde, l’inframonde; les trois niveaux apparents des quatre édifices représentent, du bas vers le haut, l’inframonde, le monde et le supramonde, celui des dieux et des rois.

Chacun de ces édifices présente une décoration élaborée sur sa frise supérieure, dont les détails et la symbolique sont bien expliqués par notre guide. L’édifice au nord est le plus élevé et possède 26 chambres avec une frise pleine de personnages, oiseaux, singes et des colonnes portant chacune quatre masques de Chaac; on se rappellera que la région souffre de sécheresse constante et que le dieu de la pluie est omniprésent. À l’ouest et à l’est, les deux bâtiments que se font face sont d’égale hauteur; des masques de Chaac et des serpents ornent leurs façades; sur l’édifice ouest, deux longs serpents à plumes glissent le long de la frise, ce qui aurait été ajouté à une période ultérieure à la construction de l’édifice et traduirait l’influence de Teotihuacan sur Uxmal (Quetzalcóatl, le serpent à plumes, est le dieu aztèque du vent, de la vie, de la fertilité, l’inventeur du maïs et de l’agriculture; Kukulkan, est son équivalent chez les Mayas et est la principale divinité). Enfin, l’édifice au sud, le plus bas, est percé d’une magnifique arche, qui nous fait passer vers une autre place et apercevoir les autres édifices du site, notamment une autre grande pyramide du haut de laquelle la vue est splendide.

Peut-être à cause du guide, mais certainement à cause de la beauté du site, Uxmal sera l’un de nos coups de cœur « archéologiques », avec Palenque, Monte Alban et Teotihuacan! Il nous faut toutefois aller de l’avant et, vers l’heure du midi, nous partons vers Chichen Itza en prenant des petites routes; nombreux topés « agressifs », du moins pour la suspension de notre véhicule. En arrivant à Pisté, le camping (le seul de la région) est complètement désolant, un terrain vague, derrière un hôtel, qui n’a pas vu le râteau depuis un bon bout de temps; des toilettes existent mais pas question de les utiliser; heureusement, nous avons accès à la piscine de l’hôtel voisin et elle est propre, bien que remplie seulement aux trois-quarts.

Le camping sera la première de nos déceptions. Le soir, nous allons au spectacle « sons et lumières », sur le site archéologique de Chichen Itza; malheureusement, à notre arrivée, les appareils de traduction simultanée sont tous loués, la majorité d’entre eux ayant été réservés par une agence de tours organisés. Nous assisterons, sans trop comprendre, à un spectacle qui nécessiterait la touche géniale de Robert Lepage pour rehausser sa qualité.

Le lendemain matin, nous partons à la découverte du site, dont la réputation est mythique. Le site, de fait, est immense et s’ouvre par le Château (el Castillo), la pyramide de Kukulkan, haute de 24 mètres, construite sur une base carrée, sur laquelle se superposent neuf corps échelonnés, avec un temple au sommet de la structure. Chaque face de la pyramide comporte un escalier central de 91 marches. Comme nous l’explique le guide Guillermo, il y a là toute une symbolique reliée à des nombres importants chez les Mayas. Ainsi, les 91 marches sur chacune des faces font un total de 364, auquel on ajoute 1, en tenant compte du palier correspondant au temple supérieur. Les Mayas avaient calculé, d’après leur observation du soleil, une année presqu’exacte de 365 jours (la différence avec notre calendrier actuel est de 17 secondes 28 centièmes!); c’était là leur calendrier civil ou Haab, constitué de 18 mois de 20 jours et d’un mois de 5 jours (ce dernier consacré à du jeûne et de la pénitence). Chaque mois est représenté par un hiéroglyphe, et chaque jour, par un numéro de 1à 20 (et 1à 5 pour le 19è).

Notons que les Mayas avait aussi un calendrier sacré, le Tzolkin, le plus important pour eux. Ce calendrier n’était pas divisé en mois; c’était un calendrier de 260 jours, 13 numéros et 20 jours, chaque jour étant représenté par un hiéroglyphe spécifique; on formait ainsi les dates des 260 jours en mettant les numéros de 1 à 13 devant chacun des hiéroglyphes. En plus, les Mayas ont développé un calendrier qui combine les deux précédents, un grand cycle qui est connu sous le nom de la roue du calendrier. C’est un cycle de 52 années solaires (18 980 jours); dans ce calendrier, chaque jour possède une double charge : son numéro et son signe du Haab (calendrier civil) et son numéro et son signe du Tzolkin (calendrier sacré); ainsi définies, les dates ne se répètent qu’à tous les 52 ans. Tous les 52 ans, les Mayas croyaient que le monde recommençait et ils réinventaient en quelque sorte leur monde, souvent en bâtissant une nouvelle pyramide par-dessus l’ancienne. La date de la création du monde (4 Ahau 8 Cumku) est établie selon une complexité du « compte à long terme » dont les détails m’échappent et correspond dans notre calendrier au 11 août de l’an 3114 avant J.C.; selon ce « compte long », l’ère Maya prendra fin le 21 décembre 2012, d’où la fameuse supposition d’une fin du monde annoncée.

Toujours est-il, pour en finir avec la symbolique des chiffres, que la pyramide de Kukulkan fait aussi référence au cycle des 52 ans. En effet, chacun des 9 corps échelonnés est divisé en deux par l’escalier, aboutissant à 18 « sections » sur chaque face, donc 52 pour l’ensemble de la pyramide. De plus, la grande pyramide a été construite en tenant compte de données astronomiques, de telle sorte qu’aux équinoxes de printemps et d’automne, se produit un phénomène évocateur pour les Mayas : la lumière du soleil dessine alors, sur la paroi de l’escalier de la face nord, 7 triangles isocèles de lumière et d’ombre, alternant les uns avec les autres et créant ainsi un effet d’optique qui imite le corps ondulant d’un serpent; or la base des rampes de l’escalier de la face nord est ornée de deux monuments, représentant deux énormes têtes de serpent à plumes (Kukulkan-Quetzalcóatl). Le phénomène optique qui « crée » le mouvement ondulant du corps du serpent signifie la descente symbolique sur terre du dieu Kukulkan, pour marquer le début du cycle agricole et demander la fertilité au dieu Chaac, dont le culte est célébré dans le Puits sacré (cenote), situé à 300 mètres, en vis-à-vis avec la face nord de la Pyramide; Kukulkan vient donc demander la clémence du dieu de la pluie et de l’eau.

Après cette introduction fort intéressante sur la grande pyramide, notre guide Guillermo a perdu de sa verve et nous a fait faire, quasi au pas de course, le parcours de l’immense site. Ce fut le seul de nos guides qui a été payé à l’avance (à cause d’une inspection des guides ce jour-là) et cela a peut-être diminué sa motivation. En tous cas, la nôtre était moindre. Peut-être est-ce une des raisons pour notre manque d’enthousiasme pour ce site? Ou est-ce le nombre imposant de « vendeurs du temple » qui s’y trouvaient et dont la présence enlève tout de même du décorum à l’ensemble du site? Ou à cause de la chaleur, assez accablante ce jour-là (contrairement à la région Puuc, on ne manque pas d’eau ici et il ya beaucoup de « cenote » et d’humidité)? Ou l’accumulation de sites archéologiques vus depuis quelques jours? Le Guide Vert ne donne que 2 étoiles à Chichen Itza; nous sommes d’accord.

Dans l’après-midi, nous nous rendons à un cenote. Un immense météorite serait tombé sur le Yucatan et le golfe du Mexique et aurait laissé des trous circulaires à de nombreux endroits. Comme le sous-sol est ici gorgé d’eau, ces trous ont permis aux Mayas d’avoir facilement de l’eau. Tous sauf Stéphane s’y baigneront : la fraîcheur de l’eau est bienvenue!

Au retour à notre camping dégueulasse, un couple québécois s’est installé à nos côtés. Michel et Lise de St-Eustache terminent un voyage qui les a conduit du Québec jusqu’à la Terre de Feu en pick-up 4x4 avec un chalet ingénieusement installé dans la boîte du camion. Nous passerons une excellente soirée à les écouter raconter ce voyage entrepris en septembre 2007. Ils ont parcouru un peu plus de 60 000 km depuis le début!

lundi 23 mars 2009

BEAUCOUP DE RUINES

Samedi 28-02-2009- HUATULCO-SAN PEDRO TAPANATEPEC – 291 km

Après ces quelques jours de farniente, il est temps d’être « on the road again ». Après leur propre farniente à Puerto Escondido et Puerto Angel, Bernard et Suzanne, Nazir et Johanne, Richard et Manon nous rejoignent à Huatulco. Départ vers San Cristobal que nous ne rejoindrons que le lendemain. Route assez plane et tranquille ce jour-là; nous échappons aux vents qui sont réputés dans la région de La Ventosa et de La Venta; il y a d’ailleurs beaucoup d’éoliennes dans le secteur. Coucher dans un Pemex super bruyant. Les camions y entrent et en ressortent toute la nuit; en plus, toute la nuit, des mangues mûres tombent d’un arbre dont les branches surplombent le camper de Bernard. Nos voisins de camping sont quatre jeunes Mexicains, vendeurs de matelas, lesquels matelas sont empilés debout dans la boîte de leur camionnette; pour la nuit, ils ont rabattu l’un des matelas et trois des jeunes ont couché à la belle étoile, pendant que le dernier dormait dans sa cabine, bobette et bas suspendus à sa fenêtre. Pittoresque!

Dimanche 01-03-2009- SAN PEDRO TAPANATEPEC- CHIAPA DE CORZO – 166 km

Avant d’entrer dans le Chiapas, une inspection militaire coûte une lampe frontale à Manon et Richard. Le militaire trouvait que cela pourrait lui être utile et a demandé un « regalo » : difficile de refuser. Que voulez-vous? Aujourd’hui, nous n’échappons pas aux vents; en fait, ils sont assez violents, sur cette route de montagnes, pour nous forcer à ralentir; un de nos essuie-glaces est même emporté dans la nature. Heureusement, Richard, notre mécanicien maison, a la bonne idée d’utiliser l’essuie-glace arrière (qui fonctionne sur un moteur indépendant) pour remplacer le fugueur, car évidemment, de façon très exceptionnelle, quasi pour faire exprès, il pleut un peu ce jour-là!

Nous passons par Tuxtla-Gutierrez, la capitale du Chiapas, en ne nous arrêtant que pour faire l’épicerie; il y a là l’un des plus beaux jardins zoologiques d’Amérique latine, mais la visite sera pour une autre fois! Notre objectif est de coucher sur le site de départ des croisières du Canyon de Sumidero, car nous débuterons la journée de demain avec cette excursion.

La croisière a lieu le lundi matin. 35 km en aller-retour au fond du canyon. Cette faille impressionnante a des parois rocheuses qui s’élèvent parfois à plus de 1000 mètres, enserrant les eaux du rio Grijalva. La légende dit que, pour échapper à la domination espagnole, les Indiens de cette région du Chiapas ont fui sur les hauteurs du canyon et que certains ont même préféré se jeter dans le canyon plutôt que de se soumettre à leurs poursuivants.

Au fil du parcours, on voit des spécimens de la faune du Chiapas : échassiers, singes et même un crocodile. Le point de retour de la promenade est marqué par le barrage hydro-électrique Manuel Moreno Torres, aussi nommé Chicoasén, avec son mur de 260 mètres.

Lundi 02-03-2009- CHIAPA DE CORZO-SAN CRISTOBAL DE LAS CASAS – 64 km

La route vers San Cristobal est réputée pour être montagneuse et sinueuse. Par mesure de prévention, (étourdissements pour Stéphane et vertige pour Lisette), ceux-ci décident de prendre la « cuota », les routes payantes étant généralement plus larges et un peu moins sinueuses; malgré tout, ça monte de façon constante pendant 45 minutes. Les vues sur la vallée deviennent de plus en plus spectaculaires au fur et à mesure de l’ascension. Les autres membres du groupe prennent la « libre » et nous rejoignent à destination 30 minutes plus tard. Les routes « libre » sont généralement assez belles, mais sont parsemées de « tope » (dos d’âne), ce qui ralentit le rythme (et use les freins), parfois significativement lorsque la route traverse plusieurs villages. Par contre, elles sont gratuites, alors que les « cuota » ne le sont pas, le tarif pour les motorisés étant la plupart du temps un peu plus que le double de ce qui est facturé aux voitures (et aux véhicules de la grosseur des « West »); pour certains trajets, cela peut représenter une jolie somme!

San Cristobal est située à 6900 pieds d’altitude. Première surprise : il fait beaucoup plus frais à cette altitude et certains échangent vite leurs shorts pour des pantalons, troquent leur camisoles pour la petite laine. Deuxième SURPRISE, et non la moindre : le camping prévu est complet car une caravane s’y est arrêtée. En théorie, l’autre camping de la ville n’est accessible qu’aux petits véhicules : les rues de San Cristobal sont trop étroites pour que les gros motorisés puissent s’y promener. En « West », avec Richard et Bernard, nous nous rendons donc au Rancho San Nicolas ; la proprio du camping nous assure qu’il y a une route praticable pour les gros motorisés et nous précède en voiture pour nous l’indiquer; Richard et Bernard la juge acceptable, sauf que sur 200 mètres, il y a une rue super étroite à parcourir. Deux véhicules sont déjà stationnés dans cet espace restreint et c’est au centimètre près que les trois habiles conducteurs négocient le passage. Soulagement!

Toute cette recherche et ces « viraillages » nous ont pris deux heures et le soleil est sur le point de se coucher. Troisième surprise : les soirées ne sont pas seulement fraîches, mais carrément froides. Il fait au maximum 50C. Stéphane s’habille en conséquence : jeans, chandail, polar, coupe-vent, foulard, tuque et gants. On se croirait au Québec! Malgré des journées ensoleillées et chaudes, les trois nuits passées à San Cristobal seront très froides et le contraste est grand avec les chaleurs torrides de la côte du Pacifique.

Mardi 03-03-2009- SAN CRISTOBAL DE LAS CASAS

Pour un peu plus que les 20 pesos réglementaires pour tout trajet dans les limites de la ville, un taxi nous dépose au centre, pour une visite de San Cristobal. Capitale du Chiapas jusqu’en 1829, San Cristobal a été fondée le 31 mars 1528, sous le nom de Villa Real de Chiapa, par Diego de Mazariegos ; elle a changé de nom à quelques reprises au 16è, 17è et 18è siècle; elle a aussi appartenu à des territoires différents, notamment à l’état du Yucatan et au Guatemala voisin. Le patrimoine colonial de la ville, le riche passé maya et la vivacité des traditions indigènes sont encore très présents. Le nom actuel de la ville rend hommage à Bartolomé de Las Casas, qui a fait un bref séjour dans cette région mais a toujours été un ardent défenseur des Indiens.

Dès l’arrivée au zocalo, nombre de vendeurs et vendeuses nous assaillent. Nous sommes sauvés par une agente de tourisme de la municipalité, qui nous a vite repérés et nous donne toute sorte d’informations utiles, en plus d’une carte de la ville. Suivant ses conseils, nous visiterons le musée de l’ambre, puis celui du jade; magnifique spécimens exposés dans ces deux musées.

Pendant notre repas dans un resto, une adolescente de 14 ans, aux allures de petite fille, nous tient son baratin avec un talent fou pour la vente. Elle s’exprime en français, qu’elle a appris au contact des touristes, dit-elle. L’un des états les plus pauvres, le Chiapas est le royaume de la débrouille; plusieurs enfants, parfois très jeunes, contribuent au revenu familial en vendant aux touristes l’artisanat qu’eux-mêmes et/ou leurs parents fabriquent. Tous les enfants auxquels nous avons posé la question nous disent qu’ils vont à l’école, mais il est permis d’en douter parfois, en constatant l’heure précoce de la matinée (ici, l’école se termine souvent vers midi). Que de talent gaspillé, tout de même! Nous succombons au charme de Cristina et lui achetons de ses petites poupées aimantées.

Le Mercado Abierto de Artesanias Indigenas est plein de produits venant des alentours, même de villages du Guatemala; très colorés. Les étalages sont beaux. Quelques achats sont inévitables! Une visite au musée de la médecine maya terminera cette belle journée; nous y verrons un accouchement effectué avec l’aide d’une sage-femme, la mère agenouillée entre les jambes de son mari, lui-même assis, qui enserre le ventre avec ses jambes, effectuant ainsi un massage bénéfique. Nous apprendrons aussi quelques notions des traitements effectués par les « guérisseurs », mélange de traitements médicinaux aux herbes, de prières et d’incantations accompagnées de mouvements corporels et d’un allumage rituel de bougies (forme, grosseur et quantité des bougies variant selon le type de maladie et/ou de demande), de purifications à l’aide de Coca-cola ou autre boissons gazeuses (les rots font « sortir le méchant »). Nous nous préparons sans le savoir à notre visite à l’église de Chamula où nous serons témoins de ces rites religieux.

Mercredi 04-03-2009- ZINACANTAN ET CHAMULA

En taxi et en « colectivo », nous nous rendons successivement dans deux villages d’origine tzotzile, un groupe ethnique maya. Ces villages sont situés à une dizaine de kilomètres de San Cristobal et, comme dans toutes les communes tzetzales et tzotziles des hautes terres du Chiapas, les habitants conservent leurs anciennes traditions politico-religieuses et sociales. Leur habillement quotidien est caractéristique; tous, adultes comme enfants, portent le costume traditionnel en lainage noir, magnifiquement brodé, dans des teintes qui changent à chaque année (bleu cette année), mais qui sont uniformes pour une année donnée.

À Zinacantan, nous sommes accueillis par une demi-douzaine de jeunes adolescentes. Elles désirent toutes nous convaincre de les suivre chez elles, pour nous faire voir les tissages et les broderies réalisés par leur mère et nous faire goûter la cuisine locale. Incapables d’en décevoir l’une plus que l’autre, nous nous séparons en 3 groupes; Suzanne, Bernard, Lisette et Stéphane iront chez Lucia, chacun des deux autres couples en suivant deux autres. Tous reviendront avec des articles achetés dans ces boutiques qui n’en ont pas l’air, puisque nous pénétrons dans l’espace de vie de la famille.

Lucia est proactive : elle insiste pour que nous revêtions des vêtements traditionnels; Bernard et Suzanne revêteront les habits des mariés, tandis que Lisette et Stéphane auront le rôle et les habits des parents des mariés; elle prend notre photo et accepte ensuite que nous la photographions avec sa mère et ses sœurs; son jeune frère, lui, ne veut pas être inclus; le père est pour sa part plutôt fuyant. Nous goûtons quelques tortillas, avec fromage-maison et graines de citrouille moulues. Une expérience et des personnes dont nous nous souviendrons. Lucia Perez Perez a 14 ans, est en secondaire III et veut poursuivre ses études afin d’être maîtresse d’école. Nous lui souhaitons de réussir, et surtout, de ne pas perdre la petite flamme dans son regard. Certaines de ces femmes tzotziles, qui arpentent les rues des grandes villes de la péninsule du Yucatan pour vendre leur artisanat, ont le regard complètement éteint et semblent avoir perdu toute joie. On voit même ce regard abattu chez certains enfants, visiblement affectés par un sort auquel il est difficile d’échapper; on peut penser qu’il soit pénible à certains d’affronter les refus répétés des touristes, certainement plus fréquents que les ventes effectives.

À Chamula, le Templo de San Juan Bautista est un phénomène intéressant et un peu troublant. Des rites païens mayas fusionnent avec la religion catholique, brisant tous les schémas établis par l’Église occidentale. À l’intérieur de chaque côté, il y a une quarantaine de statues de saints, parés selon les anciennes traditions indiennes : rubans de couleurs et, pendus à leur cou, miroirs symbolisant l’œil sacré qui voit tout. Il n’y a ni prêtre ni messes; chacun va prier son saint préféré, debout devant la statue ou agenouillé par terre; il n’y a aucun banc dans l’église, qui sert surtout à des exorcismes et guérisons de chamans. Il y a une multitude de cierges allumés sur des tables ou bien par terre, pour les raisons qu’on nous a expliqués hier au musée maya. On entend les gens prier en récitant dans leur langue des litanies interminables. Avec un enfant ou une poule dans les bras (rite de purification), ils boivent aussi du coca-cola; comme mentionné précédemment, il s’agit d’expulser les mauvais esprits. À Zinacantan, les gens préféraient le pepsi tout en ayant une pratique religieuse plus près du catholicisme traditionnel.


Jeudi 05-03-2009- SAN CRISTOBAL DE LAS CASAS-AGUA AZUL – 160 km

Rivières, vallées, montagnes, forêts, grottes, cascades, côtes et plaines forment l’environnement naturel du Chiapas, l’un des plus fascinants états du Mexique. Nous découvrons cette nature très verdoyante et variée sur notre route vers Agua Azul, assurément l’une des plus belles depuis le début du voyage. Le Chiapas compte plus de cent rivières qui, à travers de quatre grandes branches, parcourent l’état du nord au sud et d’est en ouest; elles représentent le tiers du réseau fluvial de tout le pays. Le courant de leurs eaux a donné naissance à de nombreuses cascades, dont celle où nous conduit notre descente vers des lieux moins élevés que San Cristobal. Agua Azul, splendide cascade sur la rivière Tulija ou Shumulija, porte bien son nom : elle est d’un bleu variant entre le turquoise et celui du « bleu à laver », ce qui n’est pas sans nous rappeler la couleur de certains lacs et rivières albertains. Elle tombe d’une grande hauteur, par paliers successifs, en formant des piscines naturelles, dans lesquelles il est possible de se baigner. La cascade est bordée d’un sentier aménagé qui, sous un couvert verdoyant, la longe sur plus d’un kilomètre ; le désavantage est que ce sentier est aussi bordé de restaurants et boutiques de souvenirs, ce qui enlève malheureusement à l’aspect sauvage des lieux. Néanmoins, en choisissant de se concentrer sur la rivière, on peut encore apprécier la beauté de ce paysage merveilleux.

Nous camperons sur le site. Nos voisins sont des Italiens d’un certain âge (ça veut maintenant dire un peu plus que le nôtre!), voyageant dans deux campers assez robustes aux allures de chars d’assaut. Leur périple a débuté en janvier 2008, la traversée les menant d’abord à Buenos Aires; de là, ils sont allés jusqu’à la Terre de Feu, avant de remonter vers le Mexique par la côte Pacifique de l’Amérique du sud. Ils comptent remonter la côte ouest des États-Unis jusqu’en Alaska; leur voyage, partiellement commandité par toutes sortes d’entreprises italiennes et internationales, devrait se terminer à New York en décembre 2009. Comme quoi les voyages forment la vieillesse!

Vendredi 06-03-2009- AGUA AZUL- PALENQUE– 75 km

En route vers Palenque, nous dînerons à la cascade de Misol-Ha. D’une grande hauteur, cette chute se précipite dans un bassin en cuvette. Un sentier passe entre la chute et la paroi rocheuse et mène dans une grotte où il y a une autre cascade. Ceux d’entre nous qui se sont rendus à la grotte ont pu, sous la houlette d’un guide, entendre le bruit assourdissant de la cascade intérieure et apercevoir les grappes de chauves-souris qui habitent les lieux. Cette chute et ce bassin sont célèbres pour être ceux où plongeait Tarzan, dans la version originale du film (1939).

Dix-huit kilomètres plus loin, nous voici au camping de l’hôtel-restaurant Mayabell, près des ruines de Palenque. L’un des plus beaux et des plus agréables campings où nous ayons séjourné au Mexique. La piscine est sertie dans un décor de nature tropicale et est fort appréciée. Nos voisins du site d’en face sont les Church (Terri et Mike), les auteurs de la bible sur les campings mexicains. D’ailleurs, ils étaient aussi nos voisins à Oaxaca et nous les avons croisés dans les rues de San Cristobal. Nous découvrons qu’ils se passionnent depuis peu pour l’ornithologie. Ce couple a aussi écrit un volume sur les campings en Alaska et en Europe; ils ont leur propre maison d’édition. Nous sommes jaloux de leur connexion internet par satellite. Constamment sur la route, ils doivent disposer de cet outil sophistiqué; ils voyagent cependant dans un motorisé assez modeste (caravane pilée ou portée), en tirant une jeep qui facilite leurs déplacements locaux. Ils complètent actuellement leur grande tournée du Mexique, en vue d’une mise à jour de leur livre, à paraître en 2009.

Nous avons aussi fait la connaissance de Bonnie et Jim, de St-John, Terre-Neuve. Ils ont acheté, d’un ami, un motorisé dont ils ont pris possession au Texas, avant de le traverser au Mexique; ils comptent le remiser au Texas et prendre l’avion pour rentrer. Lui est marchand de bateaux (plaisance, pêche et utilitaires) et fait aussi ses affaires par Internet, même en vacances; il doit être assez bon vendeur car il a déjà vendu un brise-glaces au Bangladesh!

Tous les soirs de 20h00 à 22h00, il y a des musiciens qui présentent leur numéro au restaurant-palapa situé à proximité de nos sites de camping. Durant les trois soirs où nous camperons là, au moins une heure sur deux procurera un bon spectacle. Mais, le concert par excellence, celui qui nous impressionnera le plus, c’est celui que nous font les singes-hurleurs, chaque nuit vers le petit matin : les « machos », les chefs de bande de cette variété de singes plutôt délicats, émettent un son unique, un grondement très puissant qui évoque le rugissement d’un féroce félin, et qui peut s’entendre à deux kilomètres la ronde. Ils habitent la forêt qui encercle le camping et le site archéologique et c’est donc d’assez près que nous les entendons; malheureusement, nous n’avons pas réussi à les voir; mais on nous dit qu’ils sont à peine plus gros que ceux que nous avons photographiés à distance lors de notre excursion dans le Canyon del Sumidero (voir la photo sur l’album no 8)

Samedi 07-03-2009- PALENQUE

Journée consacrée à la visite des ruines de Palenque, inscrites au Patrimoine mondial de l’humanité depuis une vingtaine d’années. Ce site archéologique est l’un des plus remarquables spécimens de l’art maya. Dès le 18è siècle, les Européens connaissaient l’existence d’une cité enfouie au cœur de la forêt et de célèbres voyageurs du 19è siècle ont laissé des témoignages concernant les merveilles architecturales qu’ils avaient découvertes. Entre les années 600 et 900 de notre ère, désignée comme la Période classique de l’histoire de la Méso-Amérique, Palenque fut la capitale d’une zone très étendue. Elle connut son apogée au 7è siècle de notre ère, notamment sous le règne du roi Pakal (Bouclier solaire), qui la gouverna de 680 à 720 et auquel succéda son fils aîné, Chan Bahlum (Serpent-Jaguar). C’est à cette époque qu’a été construit le Temple des Inscriptions, grandiose pyramide à huit corps superposés, qui fut pour les archéologues, une véritable mine de découvertes et d’informations, notamment par les inscriptions en fins bas-reliefs de la partie haute. Du sanctuaire érigé au sommet de la pyramide, un escalier descend jusqu’à une crypte scellée d’une pierre triangulaire, découverte en 1952, au centre de laquelle se trouvait le sarcophage du roi Pakal, lui même couvert d’une pierre monolithique sculptée; c’est le monument funéraire le plus spectaculaire du Mexique préhispanique et on en trouve une reproduction au Musée national d’Anthropologie à Mexico; le monolithe original est conservé au Musée du site de Palenque, sous verre, à température contrôlée, et on peut la voir à travers une paroi de verre qui épouse la forme et les dessins de la tombe originale

Située dans les collines, la zone archéologique correspond au centre cérémoniel de la grande cité maya et couvre une superficie de 500 mètres par 300 mètres ; les experts pensent que la cité pouvait s’étendre sur une longueur de 8 kilomètres, la majorité des bâtiments demeurant encore enfouis sous la forêt qui les a grignotés et recouverts après le déclin de la ville. C’est donc dans la forêt que débute la visite que nous faisons avec Juan, le guide que nous engageons; celui-ci s’exprime en espagnol, mais aura la gentillesse de parler lentement, avec des mots simples, sans néanmoins lésiner sur les informations. Dans la forêt, Juan, dont le grand-père est botaniste, nous identifie les espèces d’arbres les plus précieuses (ceiba ou fromager, l’arbre sacré des Mayas, cèdre rouge, cèdre blanc, palo mulato; il nous indique aussi le laurier –immense, rien à voir avec nos lauriers-roses-, l’amargosa, l’arbre à caoutchouc (je ne sais pas s’il s’agit du hévéa ou d’une autre variété), etc. C’est de ce latex que se servaient les Mayas pour fabriquer le stuc qu’ils utilisaient pour les fresques dont ils ornaient leurs temples et bâtiments : caoutchouc, sable, pierre moulue, coquillages réduits en poudre et eau, voilà la recette! Nous sommes en forêt tropicale et les arbres sont couverts de diverses plantes épiphytes; Manon et Joanne en profitent pour tenter une imitation de Jane et se balancer grâce aux lianes!

Outre le Temple des Inscriptions, nous voyons avec Juan le temple de la Tête de mort, le Temple de la Croix, le Temple de la Croix foliée, le Temple du Soleil; nous admirons certaines techniques de construction : l’arc maya, sans pierre de voûte, construit avec des pierres en forme de L, qui s’imbriquent les unes dans les autres de telle manière qu’elles sont une clé l’une pour l’autre et que chaque côté de l’arc est autoportant, un côté pouvant s’effondrer sans que l’autre n’en soit affecté; trous de ventilation en forme de T ( signe du dieu des vents); trou dans les immenses blocs de faîte, révélant que les pierres étaient palantées jusqu’au sommet. Nous visitons le Palais, construit durant plus de quatre siècles pour servir de résidence aux rois de Palenque. Reposant sur un soubassement en forme de trapèze de 100 mètres de long par 80 mètres de large, il s’agit d’un assemblage de patios, galeries et chambres, dominé par une tour carrée de quatre étages, laquelle servait peut-être de poste d’observation astronomique ou de poste de guet; on trouve, dans ce Palais, des bains de vapeur, des « toilettes », un système de drainage, des trous ménagés dans le sol amenant l’eau vers un grand aqueduc souterrain. Dans la cour, on admire un magnifique bas-relief, qui représente la mère de Pakal lui remettant un grand panache, symbole du pouvoir.

Dans toutes ces constructions, qui s’articulent autour d’une grande place, la représentation de la figure humaine est une constante que l’on retrouve sur les stèles, sur les linteaux adossés aux murs et sur les reliefs modelés en stuc. Le Musée du site expose aussi une quantité d’objets découverts lors des fouilles, notamment des têtes en stuc, et aussi des masques en jade et en nacre trouvés parmi les offrandes funéraires. Tout cela révèle l’idée que les Mayas se faisaient de la beauté : crâne allongé, yeux en amande, nez aquilin, front large et petit menton. Ils pratiquaient volontairement une déformation du crâne (en appliquant des pierres plates tenues en étau de chaque côté de la tête), peu après la naissance pour obtenir cette déformation allongée du crâne; dans leurs croyances, l’homme émergeait de l’épi de maïs et la coiffe que portaient les nobles évoque d’ailleurs le feuillage du maïs, plante sacrée, associée à l’astre et au dieu solaire; l’homme dont le crâne était allongé était réputé béni et proche des dieux, plus proche du supra-monde que de l’inframonde. Ils provoquaient aussi (ou ainsi?) le strabisme, également considéré comme un critère de beauté. Les personnes qui naissaient avec ces caractéristiques, notamment ceux atteint de trisomie 21, étaient respectées et traitées avec déférence.

À la fin de notre visite avec Juan, nous sommes approchés par une archéologue française, qui vit au Mexique depuis dix ans, et qui, en lien avec l’Unesco, s’implique auprès de communautés mayas du Chiapas. Elle veut notre collaboration pour répondre à une enquête, objet de sa recherche. Nous la questionnons à notre tour, car nous constatons, en tentant de répondre à ses questions, que nous savons encore peu de choses des Mayas d’aujourd’hui. En route vers Palenque, nous avions traversé une grande et jolie communauté agricole, dont les lots étaient délimités par des clôtures en bois; au point d’entrée de cette agglomération, il y avait une affiche disant que ces terres avaient été récupérées en 93-94; au Chiapas, dans l’année précédente, il y avait eu des révoltes et des revendications qui, nous confirme notre archéologue, ont abouti à ces accords. Mais, les Indiens du Chiapas estiment recevoir moins du fédéral que les autres états du Mexique qui attirent les touristes. De plus, selon des recherches, il semble que 80% des dépenses faites par les touristes au Chiapas ne profitent pas aux habitants de cet état, ne restent pas chez eux. C’est ce qui explique que l’attitude de certains indiens, surtout au Chiapas ne soient pas toujours amicale envers les touristes.

Nous terminons notre journée en marchant vers le Musée, qui est situé près de notre camping. Ceci nous permet de voir encore certaines ruines, excentriques par rapport à celles du centre cérémoniel, ruines qui correspondent à ce qui reste des habitations de ceux qui n’appartenaient pas à la classe des nobles et des prêtres. La piscine est à l’honneur au retour! Comme souvent, une vague odeur de pot flotte dans l’air à proximité de la piscine. On doit mentionner que le camping comporte une zone réservée aux « marcheurs », qui dorment, soit sous la tente, soit dans le hamac suspendu dans la petite palapa qui occupe chacun des sites de cette zone (un peu comme le lean-to de certains « state parks » américains). Plus de jeunes bohèmes et aussi, de vieux beatniks, dans cette zone du camping qui est fort typique et bien aménagée.

Dimanche 08-03-2009- PALENQUE

En cette Journée internationale de la femme, corvée de lavage et de ménage en matinée. Heureusement, farniente et lecture en après-midi!
Dernière note : au départ de Palenque, Stéphane aperçoit une publicité devant le concessionnaire VW; une Jetta neuve à 120 000 pesos (environ 11 000$cdn). Il voudrait bien en exporter une au Québec à ce prix-là!

jeudi 12 mars 2009

OAXACA à HUATULCO

Vendredi 20-02-2009- PUEBLA à OAXACA – 349 km

Une belle cuota nous conduit à travers les montagnes, tout en nous faisant perdre 2000 pi en altitude : Oaxaca n’est qu’à 5000pi! Notre camping est au centre-ville ou presque; une marche de 20 ou 25 minutes et nous voilà au centre historique de la ville.

Vendredi soir, dès l’arrivée, nous nous sommes payé un repas-spectacle à l’ancien couvent Sainte-Catherine- de-Sienne (qui est devenu un hôtel): un buffet de plats mexicains avec un spectacle de danses traditionnelles des régions environnantes d’Oaxaca. Super intéressant et très coloré, sauf que l’appareil photo était resté au camping; donc pas de photos à partager.

Ce soir-là, après avoir parcouru quelques rues de centre-ville, nous avions déjà le sentiment qu’Oaxaca serait un autre coup de cœur du voyage, presque un coup de foudre : et bien, ce fut le cas. Est-ce à cause des rues piétonnières, de l’absence de smog pour la première fois dans une grande ville mexicaine, ou de la présence des montagnes entourant la ville : cette ville nous a séduits, avec ses nombreux parcs et places, avec le style colonial de ses bâtiments aux couleurs multiples, avec ses marchands ambulants venant des villages d’alentour pour vendre des produits artisanaux très colorés (tissage, tapis et animaux multicolores en bois sculpté, notamment), avec ses intéressants musées (centre culturel Santo Domingo,; musée du textile). Et cela, sans parler du site archéologique de Monte Alban, sur l’une des collines environnantes, avec des vues époustouflantes sur les environs.

Mais un coup de foudre peut coûter cher. C’est un peu là le grand malheur. Plusieurs personnes nous avaient prévenus. Nous le savions, mais nous avons succombé. Nous nous disions : ce n’est pas grave, nous ne pouvons pas exagérer, l’espace dans notre véhicule est super limité. Malgré tout, nous avons fait de superbes achats qui ne prennent pas d’espace, mais qui dégarnissent le porte-monnaie. Stéphane a même l’intention de dénoncer le guichet automatique d’Oaxaca: l’argent qui en sort est de l’argent qui brûle les doigts; une plainte officielle sera donc logée!

Dimanche, la ville est très calme; il y a surtout des touristes dans les rues. Habillés en « Québécois dans le sud », nous en payons le prix : le temps devient très nuageux et assez frais (max 150C). Nous avons même vu quelques gouttes de pluie. Nos shorts et nos sandales n’étaient pas d’un grand secours pour nous réchauffer. Nous avons visité le Centre Culturel Santo Domingo; l’édifice lui-même valait le détour : c’est le résultat de la restauration d’un ancien couvent de dominicains bâti en 1608. On y voit toutes sortes d’objets d’art trouvés dans une des tombes du site archéologique de Monte Alban et dans différents endroits de l’état d’Oaxaca; le musée relate l’histoire préhispanique et coloniale de la ville, de l’état et du couvent lui-même.

Lundi, visite du site de Monte Alban. Situé sur le sommet d’une montagne, ce site nous démontre encore que nos profs d’histoire ont complètement ignoré ces civilisations qui ont vécu ici bien avant Colomb ou Cartier. Ces peuples nous ont laissé des traces bien plus imposantes que celles laissées par nos peuples autochtones du Nord. L’astronomie y était même pratiquée. Ses origines remontent à 500 ans avant J.C. Et comme les autres sites de cultures précolombiennes, les Zapotèques l’abandonnent vers les années 750 à 800 après J.C.

Mardi 24-02-2009- OAXACA à MITLA à RIO HONDO– 175 km

Peu après avoir quitté Oaxaca, le matin, nous visitons Mitla, site archéologique qui a comme caractéristique l’ornementation de ses constructions : celles-ci sont décorées d’arrangements de pierres, appelées grecques. Travail de dentelle, exécuté avec des milliers de petites pierres taillées et arrangées de manière à former des motifs variés.

Puis, nous roulons vers Rio Hondo. Le hasard a fait qu’Irma Ruiz-Lecavalier (professeur d’espagnol au Collège de Valleyfield) visitait sa famille à Rio Hondo, village situé entre Oaxaca et Tehuantepec. Irma, rencontrée dans une soirée amicale peu avant Noël, avait eu la gentillesse de nous inviter chez elle, en apprenant que nous serions au Mexique en même temps qu’elle. Après Mitla, nous avons parcouru une route de montagnes super sinueuse, pour nous rendre à notre rendez-vous avec Irma. Donc conduite à basse vitesse avec quelques arrêts. La sœur d’Irma, Lilia, qui possède un petit commerce à l’entrée du village, nous attendait et a accueilli notre West dans sa cour.

Irma et Lilia nous ont permis de vivre une expérience de vie mexicaine. Lisette a joué à la grand-mère avec la nièce de 3 ans d’Irma, Lupita (Cynthia Guadalupe), d’abord gênée, puis de plus en plus enjouée. Nous avons visité le village (environ 250 habitants), vu les 24 maisons avec toit de ciment et murs d’adobe bâties par le père d’Irma, il y a une cinquantaine d’années; vu aussi les installations municipales et la bibliothèque soutenue par Irma. Nous avons compris pourquoi toutes les rues de nombreux villages sont en terre : la température est de 40 à 450C l’été, le ciment ou l’asphalte multiplierait la chaleur. La mère d’Irma nous a reçus dans sa maison; avec elle et Irma, nous avons visité le cimetière situé sur une petite colline, où est enterré le père d’Irma, décédé il y a un an; la visite d’Irma dans sa famille était d’ailleurs reliée à une célébration marquant l’anniversaire de ce décès. Ensemble, nous avons ensuite assisté à la cérémonie des cendres à l’église (malheureusement, il y avait eu malentendu; ni le curé, ni les paroissiens ne disposait de cendres, de sorte que la distribution a été reportée au lendemain). Par la suite, tous chez Lilia, nous avons placoté pas mal de la vie du village, du travail accompli par les parents d’Irma dans leur vie, des rituels associés aux funérailles et au deuil. Belle rencontre!

Le lendemain matin, nous avons fait la rencontre d’une autre des sœurs d’Irma. Tout comme Lilia, celle-ci est très impliquée dans sa communauté et travaille activement à l’adoption de pratiques de recyclage; les deux sœurs essaient d’améliorer la vie du village par leur bénévolat. Cette expérience et ces rencontres nous ont beaucoup touchés.

Dernières anecdotes. Un, on a pris une douche « manuelle » : dans l’espace réservé à la douche dans la salle de bains, on se mouille à l’aide d’une écuelle qu’on plonge dans un sceau d’eau; on se savonne; puis on se rince de la même manière, à grands coups de sceaux d’eau sur la tête : presqu’un souvenir de notre enfance! Deux, en période de nuit noire (nouvelle lune), on a vu là l’un des ciels les plus étoilés de notre vie.


Mercredi 25-02-2009- - RIO HONDO–TEHUNTEPEC-HUATULCO 275 km

Lisette a passé la nuit à entendre les coqs chanter; nous campions plus ou moins dans la basse-cour. Au moment du départ, nous apprenons qu’Irma et Lilia ont le projet de se rendre à Tehuantepec ce jour-là. Nous offrons donc le transport, puisque c’est notre direction, Ceci nous permettra de profiter de la compagnie et des connaissances des deux sœurs. Chemin faisant, nous visitons une fabrique artisanale de mescal et une église d’un joli village. Puis, à destination, nous faisons nos au-revoir, avant de poursuivre notre route, que nous pensions terminer à Salina Cruz, pour y attendre le reste de groupe en nous prélassant sur le bord de la mer.

Arrivés sur le bord de la mer à Salina Cruz, nous constatons d’abord que la mer est difficilement accessible; de plus, la plage assez étroite en littéralement l’objet d’une embuscade par une vingtaine de militaires, apparemment en recherche de matières illicites ou de persona non grata. Quelques minutes nous suffisent pour nous convaincre qu’il vaudrait mieux remonter la côte de Pacifique si nous voulons vraiment nous prélasser. Nous nous dirigeons vers Huatulco, en espérant avoir l’énergie nécessaire pour retrouver les trois autres couples; ce jour-là, ceux-ci déménageaient leurs pénates de Puerto Escondido à Puerto Angel. Les 30 derniers kms de courbes intenses nous ont forcés à un arrêt à Huatulco dans un camping sans électricité mais situé face à un terrain de golf et directement sur la plage (250 mètres, un petit boisé à traverser, et ça y est : dans les vagues!). Environnement paisible, à proximité d’hôtels remplis de gens venus oublier l’hiver une semaine ou deux. Donc, repos complet pendant 2 jours. Plage, mer, snorkel (pour Lisette seulement, non merci pour Stéphane), observation d’oiseaux, lecture de romans : la farniente avant de reprendre la route. Trop bien pour bouger, nous y attendons le reste du groupe, avec qui nous poursuivrons l’itinéraire prévu.

mercredi 4 mars 2009

Pendant ce temps, Manon et les autres...

La température est toujours aussi merveilleuse depuis notre entrée au Mexique. Le groupe s'est séparé temporairement ce samedi (soit le 14 février, nous étions tous à Cholula) en trois groupes 1= Lisette et Stéphane, 2= Bernard et Suzanne (ils resteront avec le groupe 3 pour un jour où deux), 3= Manon Richard Nazir et Johanne. Tout le monde doit se rejoindre à Puerto Escondido lieu de retrouvailles de tout le groupe dans les alentours du 24 ou 25 février.

Samedi 14-02-2009- Cholula à Cacahuamilpa – 241 km

Encore une fois même si la distance n’est pas énorme le temps pour effectuer un trajet au Mexique relève quasi de l’inconnu à chaque fois étant donné que l’on doit régulièrement faire face à des routes mal identifiée où voir même pas identifiée du tout, mais c’est cela le Mexique alors on s’y fait. Sommes donc arrivés aux grottes en fin après midi, nous savions qu’il serait trop tard pour visiter les grottes mais ça nous a permis de bien s’installer, car nous dormirons ici étant donné qu’il n’y a aucun camping dans le coin.

Dimanche 15-02-2009- Cacahuamilpa

Sommes allés visiter les grottes de Cacahuamilpa vers 13 heures. Pour 4 d’entre nous c’était une deuxième visite mais toujours autant apprécié. Même si nous avons en la personne de Johanne notre traductrice personnel, le débit des paroles du guide ne lui permettre pas vraiment de comprendre ses explications donc impossible pour elle de nous traduire le tout. Sans parler qu’elle avait besoin de toute son énergie pour marcher car c’était maintenant à son tour d’avoir un peu le tournis sans parler que comme c’est assez sombre à l’intérieur elle avait beaucoup de difficulté à voir où elle mettait les pieds. Mais comme les images valent milles mots tous apprécie leur visite. Comme on doit compter au moins 2 heures ½ pour la visite nous passons une autre nuit sur le stationnement des grottes. Par contre nous pouvons profiter d’une belle piscine ce qui nous permet de se rafraichir un peu.

Lundi 16-02-2009- Cacahuamilpa à Taxco – 23 km

Nous prenons la route pour Taxco vers 10 heures, pas très grave dû à cette si courte distance quoique cela nous prenne 1 heure à parcourir sur une route très sinueuse. C’est au mirador (c'est un beau point de vue qui surplombe la ville) que le groupe se divise encore car Bernard et Suzanne prendront la route pour Puerto Escondido étant donné que leurs 2 filles arrivent jeudi le 19 février. Il y a même un kiosque touristique sur ce mirador alors nous allons nous informer pour une visite guidée et pour un endroit pour coucher. Le guide nous dit qu’il n’y a pas de problème à coucher au mirador et prend entente avec nous pour une visite à l’heure qui nous conviendra. La visite de Taxco fut tellement intéressante, notre guide nous a amené dans sa voiture et nous a fait vraiment découvrir Taxco. Le guide nous laisse vers 16 heures 30 après nous avoir donné beaucoup d’informations sur sa ville et après nous avoir fait visiter la cathédrale de Taxco. Nous marchons dans les petites rues de cette merveilleuse ville (celle-ci devient le coup de cœur de Johanne et Nazir) puis allons souper dans un petit restaurant pour entrer à nos motorisés vers 21 heures. Au mirador, serons maintenant 3 motorisés à y passer la nuit car un autre touriste cette fois-ci venu directement d’Autriche (c’est surement un pauvre, car il avait un motorisé très récent et était en voyage depuis 2 ans déjà). Malgré nos appréhensions, question de bruit, la nuit se passe très bien donc tout le monde passe une très bonne nuit donc sommes fin prêt pour une e journée qui s’annonce pour être assez longue demain.

Mardi 17-02-2009- Taxco à Marquelia – 354 km

Enfin la mer qui s’annonce pour la fin de la journée. Donc sommes prêt assez tôt pour prendre la route étant donné un millage assez important. Marquelia est un petit village au bord de la mer que nous avions découvert à notre dernière visite dans la région, alors c’est donc Richard qui prend les devants. Juste de traverser Taxco avec les motorisés est au départ assez périlleux (sauf pour les amis de Stéphane et Lisette les « west » comme il les appelle) mais finalement s’avère bien se dérouler du moins c’est se que nous pensions, jusqu’à ce qu’un véhicule nous dépasse pour s’arrêter quelques cents pieds plus loin. Comme nous étions sur une route sinueuse nous n’avons pas compris ce que ce chauffeur tentait de nous dire donc nous l’avons dépassé à nouveau. Enfin rendu à un village appelé Iguala le chauffeur a enfin réussi à faire ralentir Nazir lequel avait oublié de barrer un de ses coffres ce qui a eu comme effet de laisser sortir sa table, son tapis, et autres effets contenu dans ce coffre. Mais heureusement, ce bon samaritain a ramassé le tout et lui a tout redonné. Je ne sais pas si nos gentils québécois en auraient fait de même mais passons… Quelques minutes plus tard Nazir n’était pas au bout de ses peines puisque à cause de réparations de route alors qu’il croisait une vanne il a accroché son auvent laquelle a déchirée un peu. Bon, personne de blessé ni de mort alors reprenons notre route. Pensons toujours arrêter pour visiter les ruines de Tehuacalco (site qui vient tout juste d'être ouvert au public soit le 16 décembre dernier) et qui nous avait été référé par notre guide de Taxco. Arrivé à l’entrée du site hésitons un peu car l’entrée est très étroite mais finalement décidons d’y aller. Encore une fois c’est un peu périlleux mais les risques en valaient la peine. Nous y passons au moins 2 heures. Les chances d’arriver à Marquelia avant la brunante sont toujours possibles mais diminuent très rapidement dû encore une fois à l’état de la route qui est très sinueuse. Pour le comble, encore une fois, (c’est la deuxième fois que cette situation se produit alors que nous sommes en tête de file) sommes arrivés au bout d’un chemin lequel était barré par de la construction, avons dû faire des manœuvres très serrées pour nous amenés dans une toute petite rue et là eh! bien Richard a accroché une voiture stationnée. Après discussion et 300 pesos plus loin avons pu reprendre notre route. Mais là il était définitivement trop tard pour se rendre à Marquelia donc nous avons arrêtés dans un Pemex dans un petit village Copola.

Mercredi 18-02-2009- Copola à Marquelia – 26 km

Nous partons quand même assez tôt même si nous avons très peu de millages à faire car nous avons bien hâte de se laisser bercer par la mer. Marquelia n'a pas changé depuis deux ans. Les gens sont aussi recevant et la place est comme un petit paradis. Avons la plage à nous, n'avons rien d'autre à faire que de se laisser vivre. Comme il fait très beau prenons du soleil et prenons des marches sur la plage. Le site de la protection des tortues est toujours là même que le propriétaire nous ayant reconnu moi et Richard nous propose différentes activités. Acceptons d’aller visiter des lagunes de sel de mer, encore une fois tout le monde est ravi de cette visite. À notre arrivée Nazir voulait y rester pour 5 à 6 jours mais je crois qu’après 4 jours il est temps de bouger. Alors fixons notre départ pour dimanche matin.

Dimanche 22-02-2009- Marquelia à Puerto Escondido – 262 km

Partons assez tôt pour aller rejoindre Suzanne et Bernard. La route quoi que moins en montagne qu’au centre du Mexique est assez étroite et un peu sinueuse par moment. Dès notre entrée dans l’état d’ Oaxaca avons droit à 5 barrages routiers. Sur 5, 2 seulement nous laisse passer sans être fouiller, rien d’important je pense même qu’il s’agit plus de curiosité qu’autre chose. Finalement arrivons en fin de journée. Le camping n’a pas changé mais de beaucoup plus achalandé qu’il y a 2 ans.

Lundi 23-02-2009- Puerto Escondido

Bernard, Suzanne et Charlène partent à la pêche très tôt le matin. Tant qu’au reste de la gang peut-être par fatigue où par coup de chaleur ne faisons rien de la journée. Il faut dire que Charlène a pêché un « pez vela » où « sail fish » comme vous voulez, de 6 pieds au moins alors avec tout ce brouhaha on n’a pas fait grand-chose. Par contre Nazir et Richard ont pris rendez-vous pour mercredi question de battre les enjeux. À suivre….

Mardi et Mercredi 24 & 25-02-2009- Puerto Escondido

Mardi a été une journée de plage et d’apnée pour la plupart d’entre nous. Tant qu’à Mercredi journée de revanche pour Nazir et Richard, ils partent très tôt pour la pêche. Johanne les accompagne question de faire une balade en mer. Malheureusement ils ne battent pas le record par contre ils reviennent avec une dorade (famille des dorés) ce qui nous donnera 5 kilos de poisson tout simplement délicieux. En bonus, ils auront eu droit à un spectacle de dauphins qui restera gravé dans leur mémoire longtemps. Le restant de l’après midi leur permettra de se reposer et de se préparer au départ prévu pour le lendemain vers 9 heures.

Jeudi 26-02-2009- Puerto Escondido à Zipolite (Puerto Angel) – 72 km

Journée de grand départ pour les filles à Bernard & Suzanne. Pour nous, devions rencontrer Lisette & Stéphane à Puerto Angel mais je crois qu’après une route sinueuse eux décident de rester à Huatulco question de reprendre du mieux et de se reposer. Tant qu’au reste du groupe décidons de rester une journée supplémentaire dans ce joli camping connu par l’entremise de voyageurs comme nous. Il y avait une très belle piscine et il faut aussi dire que la plage était une plage de nudistes intégrales, rien pour déplaire aux voyeurs du groupe. Alors les retrouvailles avec Lisette et Stéphane se feront donc samedi matin.

Samedi 28-02-2009- Zipolite (Puerto Angel) à San Pedro Tapanatepec– 352 km

Les retrouvailles ont lieu comme prévu vers 11 heures. Tout le monde est bien reposé donc en forme pour reprendre la route. Notre prochain arrêt est prévu pour le Canyon Sumidéro pour ensuite entreprendre le Yucatan. La route est peu intéressante et très sinueuse par moments. Comme depuis notre entrée dans Oaxaca les contrôles militaires se font très fréquents. Aujourd’hui on en traverse 3 mais sans toutefois être fouillé. Comme il n’y a aucun camping dans le coin on passera la nuit dans un Pemex qui en plus d’être très bruyant sera très venteux.

jeudi 19 février 2009

MEXICO

Mardi 17-02-2009 et Mercredi 18-02-2009 à MEXICO

À partir de Teotihuacan, bus et métro nous amènent au Zocalo de Mexico, qui se nomme aussi Plaza de la Constitucion. Stéphane s’attendait à une place avec arbres et fleurs; ce sont des dalles de ciment qui recouvrent la place. Première petite déception. Deuxième surprise: la cathédrale est croche, surtout son Sagrario (Sacristie, en fait grosse chapelle latérale). En marchant à l’intérieur de la cathédrale, on perçoit facilement que ce n’est pas du tout droit. Mexico est bâtie sur un ancien lac asséché. Tout Mexico a des problèmes car le fond n’est pas solide; cela, sans compter l’effet du tremblement de terre de 1985.

Un trajet de 3 heures dans un Bus Turistico change rapidement les préjugés que nous avions sur cette méga-métropole. Dans le très vaste centre historique et dans les quartiers avoisinants que nous avons parcourus, Il y a beaucoup d’arbres, de places fleuries, de grands boisés, de belles et larges avenues, de belles fontaines, de nombreux monuments. C’est une très belle ville. C’est aussi très propre; beaucoup de balayeurs de rues sont constamment à l’œuvre; en plus, dans toutes les villes et villages, ici, les gens font ce que le maire Tremblay aimerait voir les Montréalais faire : ils balaient leur perron, le trottoir et la rue itou. Nous avions constaté cette propreté dans le métro : un métro qui par ailleurs, roule sur des pneus comme à Montréal; d’ailleurs certains wagons ont été fabriqués par Bombardier.

Aux abords de la ville, il y a du monde partout. La circulation est toujours dense; l’heure de pointe ne semble plus finir et est particulièrement sensible au retour : 45 minutes d’autobus pour nous rendre le matin vers 10h00, 1h40 le soir au retour; qu’on parte du terminus à 18h30 ou 19h30 ne fait aucune différence; à 21h00 sur le périphérique, c’est encore la congestion totale; ne pas s’y aventurer si on est un touriste, surtout avec un camper. Et on ne parle pas des trains du métro aux heures de pointe : faut pas être claustrophobes; nous avons laissé passer quelques trains, trop bondés, et n’avons pas trop souffert de cette densité. Il faut dire que plus de 6 millions de personnes utilisent le métro chaque jour. Dans la ville, les artères principales sont aussi très achalandées, mais on a malgré tout une sensation d’espace, tant sont larges les avenues, les places publiques et les espaces verts.

Nous visitons le Palacio de Bellas Artes, réputé pour les œuvres de six grands muralistes du Mexique qui en ornent l’intérieur, de style Art Déco; l’édifice lui-même, en marbre de Carrare, est très beau et date du début du XXè siècle. Nous prenons un dîner léger au restaurant du Palacio : « budin poblano », une sorte de lasagne à base de tortillas empilées, avec une garniture de poulet à la sauce verte – piment poblano et pesto de coriandre; délicieux; le « pastel chocolate intenso » déçoit cependant Stéphane, car le goût du chocolat est loin d’être intense; ça est loin de battre son fameux morceau dégusté lors du Carnaval de Québec, il y a deux ans, n’est-ce pas, André et Manon? Ainsi sustentés, nous marchons rapidement vers le Palacio National, où il faut voir les murales qui racontent l’épopée du Mexique, telle qu’illustrée par Diego Riviera, dans des fresques auxquelles il a consacré 25 ans de sa vie.
Ici, palais du gouvernement oblige, on nous fouille; on saisit le canif de Stéphane; on exige une pièce d’identité avec photo; nous présentons comme pièce d’identité notre copie de permis de conduire qui date de Ciudad Victoria; ça passe comme dans du beurre! Lisette engage une guide qui a à peine un peu plus de 30 minutes avant la fermeture pour nous raconter les fresques. Comme c’est moins cher et surtout, plus rapide en espagnol (la guide parle aussi français), Lisette l’a engagée en espagnol. Pauvre Stéphane. Son débit rapide sera pour lui très éprouvant; se concentrer pour un vieux retraité en fin de journée comme ça, c’est dur. Mais la charmante guide devait utiliser des mots simples, le vieux a compris 80% des explications. Peut-être que les œuvres parlent aussi beaucoup. Donc un crash-course sur l’histoire des peuples qui ont formé le Mexique d’aujourd’hui; sur les héros de l’indépendance (1810); sur les défenseurs de la patrie lors de la guerre contre les États-Unis (1847), ayant abouti au traité qui a permis à l’envahisseur d’acheter – pour une somme ridicule- et d’annexer une grande partie du territoire mexicain (Californie, Nouveau-Mexique, Texas, Utah, Arizona, une partie du Colorado); de la Révolution de 1910, pour renverser le régime économiquement libéral mais politiquement répressif de Porfirio Diaz. En sortant, sur la place du Zocalo, nous avons droit à une représentation impromptue d’une danse cérémonielle réalisée par des danseurs et danseuses indigènes en vêtements d’apparat.

C’est incroyable que, dans les écoles d’Amérique du Nord, on nous enseigne si peu de choses sur l’histoire de la portion sud de notre continent, surtout sur la période d’avant Christophe Colomb et d’avant Cortés et sur les grandes réalisations des civilisations indigènes. . Il y a un mouvement de renaissance des nations indiennes, qui s’exprime à travers diverses manifestations. Ici comme chez nos, ils sont généralement plus pauvres que la moyenne de la population; ils le seraient encore davantage, dans les villages, s’ils ne pratiquaient pas une forme de bénévolat « obligatoire », qui contraint les hommes et les adolescents d’une communauté donnée à contribuer l’équivalent d’une journée de travail par semaine –généralement le lundi- à des travaux communautaires.

Nous retournons à Mexico le lendemain et passerons la journée au Musée National d’Anthropologie. Magnifique musée moderne, s’étalant certainement sur près de 500 mètres de long par 250-300 de large, les salles étant construites autour d’une immense place rectangulaire, qui forme donc une cour intérieure; cette place est dominée par une immense fontaine, aussi haute que les édifices de deux étages; elle est en forme de champignon ou de parapluie, d’où l’eau s’écoule comme d’un gigantesque pommeau de douche. Très beau. Et oui, Gilles, ta sœur a lu beaucoup de pancartes et s’est rincé l’œil en masse en explorant –audio-guide à la main- cet extraordinaire musée. Jusqu’à ce jour, nous n’avons visité que Tula et Teotihuacan comme sites archéologiques. Mais, ce musée nous décrit tous les sites importants à voir dans ce pays. Il y a beaucoup de reproductions de même que des objets originaux tirés des fouilles archéologiques provenant de tous ces sites. L’histoire et la vie quotidienne de ces peuples fondateurs nous est racontée, salle par salle, Aztèques (ou Tenochs ou Mexicas), Mayas, Teotihuacanos, Toltèques, Olmèques, peuples des différentes régions du territoire mexicain (ainsi que nous l’avions précédemment appris au Musée Amparo de Puebla!). Beaucoup de belles céramiques, dont le raffinement impressionne. Nous avons, encore une fois, mangé sur place : Lisette apprécie de plus en plus les plats épicés qui font partie du menu quotidien ici. Selon Richard, plus c’est piquant, plus ça tue les microbes. Pas sûr!

En ce second jour, pour éviter de nous faire remarquer, nous nous sommes habillés en mexicains : pantalons longs, souliers fermés, chemise ou blouse à manches courtes. La veille, nous étions en shorts et en sandales : nous étions des touristes facilement identifiables. Ce déguisement nous a valu d’avoir chaud, très chaud. Et encore, nous ne portions pas de manteaux comme la plupart des gens ici, car pour eux c’est l’HIVER! Cette chaleur a ajouté à la fatigue de la journée et nous avons renoncé à l’idée de rester en soirée pour voir les Ballets folkloriques mexicains, en représentation au Palacio de las Bellas Artes les mercredis et les dimanches.

Nous avons beaucoup aimé nos deux jours à Mexico. Il y a beaucoup à voir ici et nous espérons y revenir un jour. Même si nous revenions en camping, à partir de la banlieue, nous réserverions une chambre, pour la durée du séjour à Mexico, dans un hôtel au centre-ville. Il y tellement de monde dans le métro et la circulation est telle que, même comme passager, c’est fatiguant. Sans compter que, Ici comme dans toutes les grandes villes du pays, les amuseurs et « troubadours » de toutes sortes gagnent leur vie en faisant de petits spectacles dans les autobus; dans le bus de retour à Teotihuacan, mardi soir, un jeune troubadour nous a chanté un succès connu de tous : « Et j’ai crié, crié-é Aline pour qu’elle revienne… » AH! Que de souvenirs!

En terminant, une petite information au sujet des postes d’essence. Nous avions lu que peu de Pemex acceptaient les cartes de crédit. Depuis notre arrivée en sol mexicain, 90% des pleins d’essence ont été payés avec notre visa; ça change donc. Et cela nous permet de moins fréquenter les guichets automatiques.

Dans un autre ordre d’idées, nous tenons à féliciter notre filleul Jean-François pour son acquisition d’un Vanagon avec lequel il devrait faire de merveilleux voyages. Bienvenue dans la famille des westfaliens. Nous souhaitons à Jean et Lucie – les vendeurs du dit véhicule- de trouver rapidement le « remplaçant «Eurovan » convoité. Sinon, tous les westfaliens vont s’ennuyer de vous, Lucie, Jean, Catherine, l’été prochain!

Jeudi 19-02-2009- TEOTIHUACAN-CHOLULA- 132 km

De retour près de Puebla, la ville des Jetta, pour nous rapprocher un peu de notre prochaine destination. Nous partirons demain pour Oaxaca, où nous passerons quatre jours. Au programme aujourd’hui : repos et rédaction du blogue; choses faites!


lundi 16 février 2009

Vendredi 06-02-2009- PLAYA AZUL à PATZCUARO – 331 km

Il était temps de quitter Playa Azul : un coq s’amusait à chanter de 11h le soir à 6 h le matin; Johanne était prête à payer quelqu’un pour le voir trépasser. Il y avait aussi les nuits très chaudes qui perturbaient le sommeil des plus nordiques d’entre nous. Et le jour, des odeurs persistantes de pot nous rappelaient les années 70.

En suivant les conseils de plusieurs voyageurs rencontrés, nous prenons la 37-cuota (autoroute payante) pour la première moitié du parcours car il faut traverser la Sierra Madre Del Sur. Pour les conducteurs, les paysages sont très agréables; ils peuvent enfin admirer à leur guise le paysage, les montagnes, les vallées et les super beaux ponts. Malheureusement, nous la quittons un peu trop rapidement et nous nous retrouvons sur une route des plus sinueuses, la Mex-120. Le sigle VW sur notre volant est le plus souvent à l’envers. Les conducteurs se concentrent au max sur l’asphalte qui serpente de gauche à droite tout en montant et descendant. Stéphane en sort complètement déboussolé et étourdi, comme s’il avait assisté à un film avec caméra à l’épaule; il devra se reposer au camping durant le jour suivant, pour permettre à son balancier intérieur de se stabiliser.

En ce samedi matin, c’est donc un groupe amputé de l’un de ses membres qui part à la découverte de Patzcuaro. C’est jour de marché et c’est assez pittoresque de se promener entre les très nombreux étals de fruits, légumes, poissons et objets d’artisanat. Mais en débarquant du « colectivos » qui, pour 4,5 pesos nous a amenés du terrain de camping jusqu’au centre, c’est la plaza Gertrudis Boca Negra qui retient notre attention, nommée en honneur d’une héroïne de l’Indépendance. La bibliothèque du même nom, sur cette place dite petite (plaza chica), est située dans une ancienne église et est remarquable en raison d’une peinture murale qui couvre tout le mur nord de ce qui était la nef; la peinture retrace l’histoire de l’état du Michoacan; elle illustre l’arrivée des Indiens, mais aussi l’arrivée des Espagnols, les cruautés subies par les Indiens aux mains des conquérants, puis l’Indépendance et la Révolution. Impressionnante, quoique moins expressive artistiquement que celle de Guadalajara.

Puis, tous reprennent le « colectivos » en direction du Lago de Patzcuaro et l’île de Janitzio; Lisette fait une halte au camping pour vérifier l’état de son « vieux », qui n’est toujours pas en état de faire le touriste; elle tentera par la suite de rejoindre le reste du groupe mais visitera finalement seule la fameuse île, bien que partageant le même itinéraire et quasi le même horaire que le reste du groupe qui l’a devancée. L’île est petite, comme un gros piton du Bic, et est surmontée d’une énorme statue de José Maria Morelos y Pavon, un autre héros de l’Indépendance, dont le bras levé domine le paysage et se voit de loin; la sculpture de 130 pieds de haut aurait été qualifiée, selon le guide AAA, de «quite an accomplishment in ugliness ». Depuis le débarcadère, il faut constamment monter les petites rues qui serpentent jusqu’au monument, ruelles évidemment couverte d’habitations et surtout, d’innombrables petits commerces attrape-touristes; on se demande comment ils font pour tous survivre! Dans le bras levé de la statue de Morelos, on se trouve comme dans un phare dont les murs sont couverts d’une cinquantaine de scènes, sur cinq étages, illustrant la vie du prêtre devenu combattant de l’Indépendance et né dans la ville de Valladolid, devenue depuis Morelia en son honneur. En haut de ce bras-phare, la vue sur les environs est très belle. En tous cas, on peut dire que les Mexicains célèbrent leur histoire autant que nous on oublie la nôtre!

Le dimanche, Stéphane est rétabli et, avec Lisette, se retrouve à Patzcuaro. Tous les bâtiments sont de couleurs blanc-crème et rouge; c’est très agréable de marcher la ville. Nous voyons d’abord des funérailles pendant la messe de 11 heures à la Basilica de Nuestra Senora de la Salud; nous remarquons aussi que la tombe est ouverte; assez spécial pour nous. Puis, ce sera le El Sagrario, dont le retable en bois doré du 18è siècle, est coté une étoile au Guide Vert, non sans raison : Lisette apprécie d’une façon particulière, vu que le retable est dédié à Notre-Dame-du Rosaire, sa sainte patronne, célébrée le 7 octobre! Après délibérations, nous décidons finalement de ne pas visiter le Museo de Artes e Industrias Populares, mais y rencontrons une sympathique québécoise, qui voyage seule et en autobus! Nous optons plutôt pour la Casa de los 11 Patios, un ancien couvent des dominicaines, construit vers 1745; nous y laisserons quelques pesos, car il y a maintenant, dans les anciennes cours intérieures, plusieurs belles boutiques artisanales. Face à l’entrée de cette Casa, il y a une murale de 1979 représentant le bienfaiteur de Patzcuaro, Tata (papa) Vasco, l’évêque Vasco de Quiroga; celui-ci a été envoyé au 16è siècle , pour « réparer » les cruautés perpétrées par le sadique conquérant espagnol Nuno Beltran de Guzman; ce dernier avait obligé les Indiens Tarasques (Purepechas), installées surtout à Patzcuaro et dans les environs, à fuir leurs villages et il avait massacré leur chef; ceci, en dépit du fait que ces Indiens, ennemis des Aztèques que Cortés avait d’abord soumis à Tenochtitlan (Mexico), étaient plutôt favorables aux Espagnols. Vasco de Quiroga est devenu le justicier des Indiens et, tout en faisant œuvre d’évangélisation, a contribué beaucoup à ce que, durant la période coloniale, le Michoacan atteigne un haut degré d’intégration culturelle et atteigne un développement économique remarquable; de nos jours, le Michoacan est l’un des états parmi les plus pauvres; comme quoi les choses changent, pas toujours pour le mieux! Stéphane déplore d’avoir perdu une journée; il aurait aimé marcher davantage la très jolie Patzcuaro.

Dans l’après-midi, nous prenons un « colectivos » pour nous rendre à Santa Clara del Cobre; pour une distance de 16 km, il nous en coûte 12 pesos pour nous deux (1,20$). Tous les transports en commun au Mexique demandent encore un prix ridicule. La proportion de personnes pauvres et sans véhicule l’exige peut-être, Même si ces transports sont la plupart du temps subventionnés à partir de fonds privés. Le village de Santa Clara est réputé pour son artisanat d’objets en cuivre. Il y en a quelques exemples dans les photos mises sur Picasa.

De retour dans les montagnes, les nuits de 50C à 100C nous réservent des petits matins frisquets qui font chialer les amateurs de plages! Un autre fait à noter un peu partout au Mexique; il y a beaucoup, beaucoup de ninos; les enfants sont partout; et les parents les promènent, de sorte qu’on les voit à l’extérieur même s’ils n’ont que quelques semaines.

Lundi 09-02-2009- PATZCUARO- EL ROSARIO- 223 km

En passant par Morélia, une erreur de parcours nous amène sur une nouvelle autopista, inconnue selon nos cartes routières. Une halte sur les côtés de l’autoroute nous remet en selle. Au Mexique, la construction d’autopistas va tellement bon train que la plus récente carte imprimée, en juillet 2008, est déjà obsolète; il y des constructions de routes payantes dans tout le pays. L'objectif semble être "Ruta 2010", qui marquera un anniversaire important dans l’histoire du pays- encore l’histoire!

Les 12 derniers kms de la journée mettent à l’épreuve nos véhicules; la route est faite de pavés – style pavé-uni - entrecoupés de deux roulières de macadam en galets; ça brasse et ça monte itou, tellement qu’au sommet, nos « horloges » (odomètre de trajet et cadran) sont déréglés et font la grève. Des ninos nous attendent au sommet; ils connaissent un seul mot en anglais : ‘MONEY’. Un peu désagréable; de vraies mouettes; mais certains semblent vraiment pauvres; nous achetons l’artisanat de pacotille que certains vendent. Et nous nourrissons ceux qui ne vendent rien et qui réclament « money »; les carottes, les pêches et les pommes sont particulièrement appréciés, mais les brocolis et choux-fleurs, rejetés : comme quoi les enfants sont des enfants partout! Camping sauvage à El Rosario, à l’orée de l’un des trois sanctuaires de papillons qu’il y a près d’ici.

Mardi sera pour tous l’une des plus belles et mémorables journées du voyage. Nous montons de 300m (nous sommes déjà à 10,000 pi d’altitude) pour visiter les quelques 20 millions de monarques qui ont quitté le Canada pour l’hiver. Après 50 minutes de montée avec un guide, nous voyons 2 ou 3 monarques; puis, dans un trou d’eau, quelques centaines. Enfin, on voit des branches de conifères complètement pliées sous le poids des milliers de papillons qui s’y collent. Vers 11 heures, le soleil les réchauffe suffisamment pour qu’ils s’envolent. Quel spectacle! EXTRAORDINAIRE! Enfin, Bernard a raison de s’exclamer: « Quelle belle journée! », son leitmotiv du voyage, exprimé pour une fois sans connotation humoristique, reflétant l’état de contemplation magique dans lequel nous a plongé ce spectacle unique. Un très bon petit dîner dans une gargote au pied du sanctuaire termine bien la matinée.

Mardi 10-02-2009- EL ROSARIO à ATLACOMULCO -102km et 3h45h

Nous quittons Angangueo avec comme objectif de nous rapprocher de notre prochaine étape, Tula, sachant très bien que la distance jusqu’à cet objectif ne pourra être franchie avant la noirceur. Nous ne nous attendons toutefois pas aux « surprises » que nous réserve la route « jaune » (ie, locale ou régionale) : c’est épouvantable! D’abord, une route de montagne; nos moteurs souffrent considérablement dans la montée interminable, qui nous donne l’impression de nous diriger vers le ciel, avec parfois, un vide vertigineux à proximité; c’est alors que Stéphane découvre que Lisette peut « sacrer »! Lorsque nous atteignons, enfin, le sommet, nous redescendons vers la vallée sur une route pire que celles du Québec, où nous devons littéralement faire du « slalom » et où nos amortisseurs souffrent beaucoup, dans les trous trop nombreux. Nos garagistes seront très fiers de nous revoir en avril. Si vous pensiez que Richard n’avait plus de problèmes avec son véhicule, détrompez-vous! Il a besoin de réparer son système d’échappement, ébranlé depuis la montée à el Rosario; le bruit est infernal pour Manon et lui; sa mise au point se poursuit! Bernard prétend qu’il devra mentir aux douanes, lors du retour, car il dépassera les sommes permises pour la rentrée au pays!

Nous couchons dans un Pemex, à Atlacomulco, car il n’y a aucun camping identifiable à 100 km à la ronde.

Mercredi 11-02-2009- ATLACOMULCO à TULA, puis à TEOTIHUACAN-236km

Nous pensions avoir tout prévu pour nous rendre facilement à Tula dans la matinée. Lisette « rechigne » devant la Mex-10 prévue, route « jaune » qui semble similaire à celle d’hier, ie, dans les montagnes. Nous poursuivons un peu plus haut que prévu sur la Mex-55 (« rouge ») afin de traverser vers l’est dans une zone moins montagneuse. Grand bien nous fasse : des travaux sur la route « jaune » dans Aculco nous forcent à rebrousser chemin et à reculer sur une distance d’environ 350 mètres. Ce faisant, nous voyons les autres automobilistes de l’endroit prendre une rue de macadam vers le centre du village. Avec le GPS et les conseils d’un policier, il nous faudra une quinzaine de minutes pour nous en sortir. Aucun avertissement de déviation, ni avis d’aucune sorte : on est au Mexique ici!

Nous arrivons à destination vers 11h00 et visitons notre premier site archéologique à Tula, où se trouvent des vestiges de la capitale toltèque. Le plus spectaculaire demeure les quatre monumentales colonnes en forme de guerriers, les atlantes, qui se dressent au sommet d’une pyramide.

Dans l’après-midi, nous nous rendons à Teotihuacan. Le groupe a compris que les cuotas, malgré leur prix relativement élevé (surtout pour les véhicules récréatifs à plus de quatre roues, qui paient le double du tarif des autos et des West), constituent le moyen le plus simple de voyager au centre du Mexique. La petite taille de notre véhicule réduit de beaucoup les honoraires payés; c’est celui d’une auto ordinaire. C’est d’ailleurs la même chose pour la consommation d’essence; en doutiez-vous, amis West?

Jeudi, visite du plus grand site archéologique du Mexique, celui de Teotihuacan. Son apogée fût de 300 à 600 après J.-C. Au gros soleil, nous y marcherons environ 5 km, grimperons au sommet de la Pyramide du Soleil ( au moins 200 marches, dont les « normes » ressemblent à celles du code de la construction du Québec, ie 17-20 pouces pour le total marche-contre-marche, mais à l’inverse : 7 pouces de marche, 10 pouces de contremarche : c’est pour obliger le respect, en forçant la montée « de côté », de manière à ne jamais tourner le dos aux dieux!). Certains monteront aussi la Pyramide de la Lune, moins haute. Ces Pyramides ne sont que des constructions en pierres. Contrairement à celles des Égyptiens, il n’y a pas de couloirs intérieurs, ni temples, ni tombeaux; aucun grand chef n’y fût enterré.
Nous visiterons enfin le Palais de Quetzapapàloti, le Palais des Jaguars et le Temple des Escargots à plumes. Une autre « belle journée », dirons-nous en chœur, sans ironie aucune!

De retour au camping, nous faisons connaissance avec un « maudit français » qui circule en Amérique du Nord depuis 2 ans. « Maudit français », car rapidement, il s’est vanté d’avoir un appartement de 28 m2. Nous nous sommes retenus de donner les dimensions de nos demeures respectives. Toujours est-il que durant la soirée, nous constatons un va-et-vient à proximité de son camper Hymer. Son changement d’huile est dû depuis des lunes; mais aucun garage n’est intéressé à travailler sur son moteur FIAT. Des mexicains s’essaient et découvrent que leurs outils sont inadéquats. Il est mal pris le Français! Il mentionne de plus que son filtre à diesel n’a pas été changé depuis son arrivée à Halifax il y a 2 ans. Après quelques consommations et en pleine noirceur, notre mécano (il n’a plus de réparation à faire sur son véhicule et s’ennuie) se propose avec générosité.

Ce sera la valse des outils de Bernard, de Nazir et de Richard qui viendra à bout du filtre à huile géant, puis du bouchon du réservoir à huile qui nécessite une clé Allan hors de l’ordinaire; Richard l’avait dans son coffre, évidemment. Puis, il s’attaque au filtre de gas-oil qui est super mal placé. À bout de bras et en pleine noirceur, Richard extirpe la pièce tel un chirurgien. L’installation du nouveau filtre nécessite aussi beaucoup de dextérité.

Notre chaleureux français (il possède malgré tout un appartement de 28 m2) ne donne qu’une poignée de main à Richard, en le menaçant de le retrouver si le travail n’est pas impeccable. Bizarre de remerciement! Selon Bernard, qui vient de la même région de France, ce Français racontera de retour chez lui, sur un ton monocorde, que 3 corniauds venant du Québec ont fait le travail que plusieurs Mexicains ne voulaient pas faire. Le lendemain matin, le Français et son épouse viendront néanmoins remercier plus chaleureusement Richard, l’épouse mentionnant à la blague que sa laveuse aurait besoin d’entretien. Aucune invitation dans le 28 m2, cependant!

Vendredi 13-02-2009 TEOTIHUACAN- CHOLULA 127km

Une autopista flambant neuve- la Mex-57- nous mène jusqu’à San Martin Texmelucan. Beaux paysages encore une fois. C’est l’un des avantages des cuotas, surtout au centre du Mexique : on peut découvrir les paysages. Sinon, d’un village à un autre, on occupe notre temps et notre énergie à vérifier si un topé ne viendra pas nous bondir dans la face; sans compter les routes de montagne qui nous colle les yeux au pavé. Après San Martin, une « libre » nous mène au camping une heure plus tard. Ce fût long car Bernard s’est fait tasser par un policier zélé; son camper ne possède pas de plaque avant! Après vérification des papiers, il serre la main aux voyageurs et leur souhaite « Buen Viaje »; une autre « belle journée » pour Bernard, tout de même heureux de s’en tirer à bon compte. Il avait quand même pris la précaution, au cas où…, de fournir sa « copie couleur plastifiée » de son permis de conduire, faite à Ciudad Victoria : faut bien que servent les mises en garde de la señora Rosie!

Cholula est en banlieue de Puebla, bien qu’elle soit vielle de près de 2000 ans, alors que Puebla date de 1531. Pour une population de 50 000 personnes, Cholula compte 200 églises, dont 130 en opération. Nous visiterons Notre Dame de los Remedios, bâtie sur un monticule qui surplombe la ville et qui s’avère être une pyramide : très belle vue des environs au sommet. De retour sur le plancher des vaches, nous nous payons un guide et entrons dans la pyramide Tepanapa, qui possède la base la plus grande au monde, IE 450 m par côté. En 1931, on y a creusé 8 km de tunnels, à des fins d’exploration; encore une fois, le centre est « plein », sans tombeau ni temple. Cette pyramide de 9 étages – environ 65 mètres de haut- ne se visite pas si l’on est claustrophobe ou très obèse, les tunnels n’étant ni très hauts (forme d’arc maya) ni très larges.

Samedi, Stéphane et Lisette visitent Puebla pendant que nos six autres voyageurs s’en vont vers des destinations plus chaudes : vers les grottes de Cacahuamilpa, d’abord, puis Taxco, puis les plages aux environs de Puerto Escondido. Ce samedi, c’est jour de St-Valentin. Les Mexicains la fêtent en grand! Dans les rues du centre-ville de Puebla, on vend des milliers de ballons. Les couples sont nombreux et joyeux. Dès notre descente du bus, nous avons une pensée pour Pierre Gadbois : Céline chante à plein poumons à la radio de Puebla. Nous allons au Zocalo, situé à côté de la magnifique cathédrale. Une visite au musée Amparo est très intéressante; l’exposition sur l’art précolombien est censé nous rendre aptes à distinguer clairement entre les céramiques du Golf du Mexique, celles du plateau intérieur, celle de la côte Pacifique et celles de la Péninsule du Yucatan; peut-être est-ce dû à notre âge, mais disons qu’il nous faudra encore quelques visites au musée pour atteindre cet objectif. Un repas à la pizza (végétarienne) dans un resto de la place principale et un tour de ville en Bus Turistico complètent nos activités. Dans son ensemble, cette ville nous a paru plus harmonieuse que Guadalajara, sans doute à cause des bâtiments coloniaux du centre historique, qui sont bien préservés. Le retour au camping se fera dans un bus tape-cul, dont les amortisseurs sont finis; mais à 10 pesos pour deux, peut-on se plaindre? En tous cas, nous plaignons le chauffeur!

Dimanche, les vélos nous servent vraiment pour la première fois; parcourant les rues de Cholula, nous découvrons quelques-unes des églises (Lisette prend des photos : pas le choix : commande de Suzanne!) Il y a fête au village et au Zocalo; c’est super animé, amuseurs de rues et pique-niques familiaux. Au camping, nous faisons connaissance d’un couple d’Allemands, qui séjourne en Amérique depuis mai dernier. Très intéressant.

Lundi 16-02-2009 CHOLULA-TEOTIHUACAN – 165 km

Lisette visite 2 belles églises, un peu en périphérie de Cholula; Stéphane s’abstient; il a son voyage des églises pour aujourd’hui. Puis, nous prenons la route vers notre nouvelle destination, qui est un retour en arrière. Nous revenons en effet au camping de Teotihuacan; ceci nous permettra de prendre le bus vers Mexico. Nous pensons faire des allers-retours vers la capitale pendant au moins deux jours. Au camping, il y a 3 west sur les 5 campers présents. Lisette et Stéphane ont la même pensée : un voyage ici avec nos amis westfaliens serait merveilleux.

Nous pensions que la route serait facile, étant donné que nous l’avons faite en sens contraire pour nous rendre à Cholula. Erreur : nous sommes au Mexique. Passer d’une autopista, surtout une neuve, à une autre n’est pas une sinécure; les indications sont rares, sinon inexistantes. Les Mexicains bâtissent des routes mais la signalisation routière telle que nous la connaissons reste à venir. Mais, nous apprivoisons tranquillement cet aspect du pays. Depuis que nous sommes entrés au Mexique, nous nous sommes bien habitués aux feux de vidanges, aux vendeurs près des topés, aux toilettes mexicaines jamais parfaites, au soleil constant, aux soirées étoilées, à une température sèche. Aussi au fait qu’obtenir de la monnaie pour un 100 ou 200 pesos est difficile un peu partout; on nous regarde de travers sauf sur les autopistas et dans les dépanneurs OXXO. À Puebla, samedi dernier, le guichetier au musée a refusé notre 200 pesos, même si le prix est de 70 pesos; il a demandé un 100 pesos. C’est peu à tolérer en contrepartie des découvertes à faire dans ce grand pays. Si nous revenions au Mexique, notre itinéraire comprendrait assurément San Miguel Allende, Zacatecas et Copper Canyon. Trop de personnes nous ont fait des commentaires élogieux sur ces lieux. Mais les détours de la route nous font aussi découvrir beaucoup.