Vendredi 13-03-2009- PISTE- CHELEM - 239 km
Après Chichen Itza, nous nous dirigeons vers le golfe du Mexique et décidons de prendre les petites routes, pour atteindre le bord de mer le plus rapidement possible. En chemin, on s’arrête à Izamal, ville coloniale assez particulière, en ce sens que toutes les habitations sont peintes en jaune et ocre. Son nom signifie « lieu d’Izamna », créateur de la vie et divinité importante chez les anciens Mayas et l’on pense que c’était un centre cérémoniel important. Encore aujourd’hui, c’est un lieu de pèlerinage où l’on vient, depuis l’époque coloniale, vénérer la Vierge d’Izamal; le plus grand monastère franciscain du Mexique y a été construit entre 1549 et 1562, sur la base d’une ancienne pyramide. L’église attenante est le plus grand sanctuaire marial du Sud-Est mexicain et le pape Jean-Paul ll y a célébré une messe en 1993, ce qui est évidemment marqué par une statue. Après la visite, nous explorons le marché de la place principale et y découvrons la meilleure boulangerie du voyage. Lisette en partira même avec une recette de quiche, donnée gracieusement par la senora Versailles (et oui, comme le palais!).
La route qui longe le golfe n’est pas particulièrement panoramique, la mer étant souvent invisible et le pavé, plutôt bas par rapport au niveau de l’océan. Tout du long, se succèdent, tantôt des petits villages invitants (mais pas de camping là!), tantôt des marais salants, tantôt des complexes chics de résidences de villégiature; mais tout près, avant d’arriver à la ville de Puerto Progresso, on découvre aussi le pire bidonville du voyage. Chelem, où se trouve notre terrain de camping, n’est pas très riche, certaines rues trahissant même une grande pauvreté, mais notre petit camping est propre, bien aménagé et accueillant.
Le lendemain, samedi, nous explorons les abords. La mer est à un coin de rue, mais la plage est décevante. Personne n’a le goût de s’y baigner. L’eau est belle, mais on y voit des plaques noires dans l’eau, en bordure de la plage. Quelqu’un nous explique que ce sont de grands sacs de sable, installés là depuis une vingtaine d’années. L’objectif était de protéger la plage, lors des tempêtes; par erreur, ils furent installés parallèlement à la plage et non pas perpendiculairement à celle-ci comme cela devait se faire. Ils ne servent à rien et sont une nuisance, à tout le moins sur le plan esthétique. Nous ne comprenons pas pourquoi les gens ne les ouvrent pas pour laisser le sable être emporté par la mer. Mais bon, nous sommes au Mexique et il n’est nécessaire de tout comprendre. Les résidences sont désertes car c’est l’hiver ici. On nous dit qu’il y a foule à l’été.
Avec le collectivo, nous allons à Puerto Progresso, à 5-6 kilomètres de Chelem. Surprise : c’est plein de monde sur le boardwalk et sur la jolie plage. Quelques achats encore. Nous retrouvons ici des vendeurs et vendeuses venus des villages autour de San Cristobal, au Chiapas; encore ici, certains ont le regard éteint ou triste et ce n’est pas la première fois que nous observons cela. Pas facile, la vie pour eux…
Dimanche 15-03-2009- CHELEM – ISLA IGUADA - 398 km
Une journée sans histoire pour aboutir à un beau camping sur le bord de la mer. Dalle de ciment pour s’installer, tous les services; il y a même des douches à l’eau chaude, assez rares dans les campings mexicains. L’ensemble de l’hébergement et du site est conçu pour être accessible aux personnes en chaises roulantes. Mais il faut y mettre le prix : 25$ USA ou 382 pesos la nuit, le plus cher payé depuis le début du voyage. On pensait s’installer pour quelques jours, mais on va réviser nos plans…
Chemin faisant vers ce camping, Joanne a fait un bon coup. Depuis le début du voyage, elle voulait s’acheter des chaises de plage, recouvertes d’un tissage similaire à celui des hamacs; elle en avait vues il y a quelques jours, mais le prix était exorbitant (2000 pesos) dans les endroits touristiques. Manon et Richard les ont aperçues, en vente dans un étal le long de la route, près de Hampolol, à 14 km de Campeche : dans cette boutique artisanale, le prix était de 290 pesos; moyenne différence! Joanne était super heureuse. On ne peut pas en dire autant de Nazir. Mécontent de n’avoir pas réussi à se faire comprendre et de n’avoir pu goûter à des fruits en conserves disposées sur le comptoir, il a eu une petite saute d’humeur; il a promis de revenir au Mexique en sachant parler espagnol, « TABERN….. »; il ne veut pas savoir l’écrire, ni en connaître la grammaire; il veut pouvoir le parler suffisamment acheter ce qu’il veut. Il a pourtant été un négociateur hors-pair durant tout le voyage et a été le meilleur de nous tous pour le marchandage, obligatoire au Mexique, où, sauf rares exceptions, les prix sont multipliés au départ, fixés en prenant pour acquis qu’ils seront révisés à la baisse lors de la négociation.
Lundi 16-03-2009- ISLA IGUADA - VILLAHERMOSA- 235 km
Villahermosa est la capitale de l’état du Tabasco, une ville moderne, bordée par trois rivières importantes, dont la principale est la Grijalva, celle-là même qui coule au fond du Canyon du Sumidero (exploré au début du mois de mars). Nous nous arrêtons ici pour visiter le Parque Museo La Venta, un parc-musée établi dans les années 1950 pour accueillir les ruines archéologiques du site de La Venta, situé plus loin, quasi à la frontière entre l’état de Tabasco et celui de Veracruz. Le site original était menacé par la découverte de pétrole et la construction de raffineries dans cette zone. Grâce aux efforts d’un poète célèbre, Carlos Pellicer, le parc-musée a été créé, en tentant de reproduire un milieu naturel similaire à celui où vivaient les anciens Olmèques durant la période dite préclassique, soit de 1300 à 200 avant Jésus-Christ. Une trentaine de sculptures monumentales sont échelonnées le long du sentier qui sillonne le parc, notamment les colossales têtes olmèques, caractéristiques de cette culture, dont la construction demeure une énigme. C’est un site particulier car les ruines sont vraiment serties dans la forêt et visitées par des animaux inoffensifs- sorte de mélange entre le tapir et le raton laveur- qui se promènent en liberté dans le parc. Au terme du circuit, on trouve un jardin zoologique, où l’on peut voir jaguars, pumas, ocelot, singes et crocodiles; il y a aussi un vivarium et une immense volière où l’on peut pénétrer et admirer les oiseaux typiques de la faune régionale, aras, perroquets et canards de toutes sortes.
Nous camperons à proximité, sur le terrain de stationnement d’un parc aquatique, aménagé pour accueillir quelques véhicules de camping. Le balneario est fermé à notre arrivée : heureusement, car le stationnement aurait été plein; 900 personnes sont venues se baigner aujourd’hui (2800 ont fait de même hier). Les filtreurs ne nous semblent pas très efficaces et l’eau des piscines n’est pas vraiment appétissante. Nous endurerons la chaleur….et les maringouins (des vrais, comme chez nous!).
Mardi 17-03-2009- VILLAHERMOSA-CATEMACO - 294km
Aujourd’hui, nous prenons la route avec un pincement au cœur : c’est la dernière journée du voyage en compagnie de Johanne et Nazir; en effet, nos routes se séparent car ils nous quittent pour « el Norte », souhaitant rentrer à la maison avant la fin du mois. Ils nous accompagnent finalement jusqu’à notre au camping de Catemaco et, non sans émotion, nous nous disons au-revoir.
Au camping, une caravane de 21 gros motorisés arrivait en même temps que nous; ils avaient évidemment réservé et avaient la priorité. Le proprio nous a promis un petit espace. Nous avons été chanceux : il nous a fallu attendre que tous les « gros »soient placés, mais en nous voyant attribuer un site « non officiel », nous avons hérité du plus beau point de vue sur la rivière. On se croirait chez Andrée et Gaston : le terrain est élevé avec une belle rivière en bas! Nos voisins sont des Québécois en safari condo, Annette et Jean-Louis de Blainville. Y aura-t-il des atomes crochus entre un westfalien et un proprio de safari condo? Les premiers contacts le laissent croire. En tous cas, en cette première journée à Catemaco, nous profitons du lieu ; il y a beaucoup, beaucoup d’oiseaux ici; notre connaissance d’oiseaux mexicains est médiocre, mais nous profitons de leur présence et de leurs chants.
Mercredi 18-03-2009 et jeudi 19-03-2009- CATEMACO
Après un avant-midi de farniente, nous partons à pied, nous promener sur le « Malecon », qui borde le très beau et très grand (27km X16 km) lac Catemaco, au centre de la petite ville du même nom. Nous décidons de faire la randonnée en bateau qui nous est proposée; ceci nous permettra de voir une colonie de singes macaques, qui s’est développée sur une île où des chercheurs de l’université ont introduit deux couples, il y a vingt-cinq ans. C’est aussi l’occasion de visiter le Parc écologique éducatif Nanciyaga, qui est, selon le Guide vert, la zone de forêt tropicale humide la plus septentrionale de la planète; nous sommes un peu déçus par la visite, qui nous en apprend moins sur la nature que sur les films qui ont été tournés ici (notamment, Medecine Man, avec Sean Connery); nous avons tout de même vu deux beaux (façon de parler) spécimens de crocodiles. Nous y avons aussi bu de l’eau minérale, à même la source qui y coule.
Une autre observation de la « faune locale » aura lieu au camping, en début de soirée. Dans la pénombre, alors qu’elle sortait de la piscine, Lisette a aperçu un gros insecte noir sur l’un des trottoirs, qui semblait bien être un scorpion. Alertés, les autres arrivent à la rescousse avec lampe frontale et caméra, pour confirmer l’identification de la bête. Après quelques photos, notre manège a alerté à son tour le propriétaire du camping, qui nous a assuré que la morsure de la bestiole n’était pas mortelle : celle du scorpion « brun » peut l’être, mais pas celle du « noir »; et ce disant, d’un preste coup de talon, il a aplati la bestiole dans le ciment du trottoir. C’est ce qu’on appelle un double message! En tous cas, à partir de ce moment-là, personne ne s’est plus promené « pieds nus dans l’herbe »…
Des observations plus plaisantes ont lieu le lendemain. Très tôt le matin, Lisette profite de l’invitation faite par des voisins vermontois, amateurs d’ornithologie. Susan connaît les environs et fait, ce matin-là, une randonnée d’observation, le long de la rivière : fructueuse randonnée, qui permet de voir plusieurs oiseaux typiques de la région –jacana, oropendola, chachalaca-, quatre sortes de martins-pêcheurs, un gros-bec bleu, des colibris, un geai brun, des aigrettes, deux variétés de hérons, des moucherolles, et bien d’autres. Elles sont parties plus de trois heures et l’équipe de secours était sur le point de se former lorsqu’elles sont revenues! Lisette a beaucoup aimé son expérience.
À la fin de l’avant-midi, nous partons en excursion. Avec Richard, Manon, Jean-Louis et Annette (les Safariens Condo : et oui, ce sont des gens très sympathiques…), nous prenons un collectivo en direction de Sontecomapan, à 19 km de Catemaco. Ce transport en commun est le premier de la sorte que nous prenons, bien que nous ayons souvent vu des Mexicains être ainsi véhiculés : il s’agit en réalité d’un petit pick-up et les passagers sont en assis sur des sièges dans la boîte arrière de la camionnette; nous nous sommes faits brasser en masse! Comme disait Annette, les gens pensent qu’on se la coule douce au Mexique, alors qu’on risque notre vie dans des véhicules qui seraient interdits au Québec. Ici, même les écoliers sont souvent transportés de cette manière, debout dans la boîte; inutile de dire qu’ils ne portent pas la ceinture de sécurité…bien que le port de celle-ci soit obligatoire ici dans beaucoup d’états!
À destination, nous avons pris un bateau pour faire l’excursion projetée dans la lagune de Sontecomapan. Notre capitaine et guide, Senor Guzman, nous a d’abord fait circuler dans une étroite rivière, sous des arbres majestueux faisant alcôve au-dessus de la rivière; au sommet de l’un d’eux, une famille de ratons-laveurs…tout à fait comme ceux qu’on a ici. Et tout à coup, sans avertissement pour les photographes, deux magnifiques morphos bleus papillonnent à quelques mètres de nous. Quelle belle seconde!
Notre randonnée se poursuit dans une mangrove, que le Petit Larousse définit comme une «formation végétale caractéristique des régions côtières intertropicales, constituée de forêts impénétrables de palétuviers, qui fixent leurs fortes racines dans les baies aux eaux calmes, où se déposent boues et limons ». Tout un spectacle : de grosses racines enchevêtrées, émergeant de l’eau sur une hauteur de plus d’un mètre, avant de converger vers le tronc des arbres qu’elles nourrissent; les arbres ont l’air d’être plantés sur un méli-mélo de gros câbles baignant dans l’eau! Avec, en prime, de beaux petits crabes rouges agrippés sur quelques-unes de ces racines.
Finalement, la lagune débouche sur l’océan et notre capitaine nous dépose sur une belle plage du golfe du Mexique : la Barra, frontière entre l’eau douce de la lagune et l’eau salée de l’océan. Baignade dans les eaux turquoise et chaudes du golfe. Un endroit rêvé où nous étions presque seuls. Puis, dîner à six sur la plage. Une fort agréable journée!
Vendredi 20-03-2009- CATEMACO
Nous nous préparons pour une autre séparation : Manon et Richard rebroussent chemin et retournent au Sud, sur la côte du Pacifique, où ils rejoindront Suzanne et Bernard, qui y sont installés depuis une dizaine de jours. Eux prévoient rentrer au Québec vers le 20 avril, alors que nous tenons à y être pour le 10- fête de Camille oblige! Nous poursuivrons donc notre route vers le Nord et nous devons récupérer nos vêtements d’hiver (sans compter un grand sac contenant divers achats), que Manon et Richard avaient « hébergés » dans leur grand motorisé: le camper rétrécit à vue d’œil!
Manon et Richard nous ayant quittés, nous passons la journée au camping, à profiter du lieu et à faire lecture et écritures (ce blogue requiert du travail, tout de même!). Peu après, en faisant du rangement, Stéphane découvre une tarentule dans les blocs de soutien (qui servent à mettre le camper à niveau). C’est vraiment dangereux de camper au Mexique…mais pas pour les raisons que la plupart des gens redoutent!
Un souper et une soirée en commun avec Annette et Jean-Louis viennent agréablement terminer cette dernière journée à Catemaco. Safariens et Westfaliens conviennent de se retrouver au même camping à Veracruz, puisque nous partons tous dans cette direction demain.
Samedi 21-03-2009- CATEMALCO- VERACRUZ - 199 km
En route vers Veracruz, nous décidons de faire le petit détour -14 km- pour visiter Tiacotalpan, une petite ville décrite comme pittoresque et cotée « une étoile » au Guide vert. La ville a été prospère à cause de ses activités portuaires et de ses plantations de canne à sucre et elle a eu son heure de gloire au 16è siècle, alors que les Espagnols l’avaient choisie comme chef-lieu d’un grand district. Aussitôt entré dans la ville, Stéphane fait le tour du zocalo, jette un coup d’œil aux édifices coloniaux, fait demi-tour et zip : la visite est terminée! On croit percevoir ici un certain degré de saturation : Stéphane a-t-il hâte de revoir Howick Beach? Peut-être.
Nos amis suivent la recommandation faite l’automne dernier par Monique et Roland: ils se rendent à Alvarado voir le très joli zocalo. Comme convenu, on se retrouve en fin de journée au camping et on partage le souper, en placotant jusqu’à 10h. Vers 11h, alors que nous venons de nous mettre au lit, une discothèque en plein air débute ses activités; elle est malheureusement située à 400m du camping; nos tympans seront très sollicités jusqu’à 2h du matin. Nous pensions avoir trouvé un superbe camping, un peu sauvage sur le bord de la mer avec comme seule musique celle des vagues. Quelle erreur! Nous aurions dû aller danser!
Dimanche 22-03-2009- VERACRUZ – COSTA ESMERALDA 113 km
Nous quittons nos nouveaux amis du Safari Condo et remontons la côte du golfe. Eux se dirigent vers Puebla, Teotihuacan et Querétaro avant de quitter le Mexique.
Sur la Costa Esmeralda, il y a une quinzaine de campings. Comment choisir le plus meilleur? Lisette en propose un : refus de Stéphane. Après en avoir vu quelques autres, il doit admettre qu’elle a encore raison. Nous campons à Las Casitas del Tajin, trois belles villas divisées en unités locatives, sur le terrain desquelles on a aussi aménagé une dizaine de sites de camping, touts pavés en « coblestones » : très bel environnement, verdoyant, peu achalandé; nous avons une vue superbe, directement sur la mer. Nous nous installons ici pour deux jours, question de profiter une dernière fois de la mer avant de remonter vers le Nord.
Lundi 23-03-2009- COSTA ESMERALDA
Farniente, marche sur la plage, baignade dans la piscine, nous profitons du site idyllique. Du moins, c’est ce que nous faisons jusque vers la fin de l’après midi, alors que le vent, qui s’est levé depuis le midi, ressemble de plus en plus à un vent de tempête. Sable et sel sont balayés avec intensité et nous forcent à prendre notre repas à l’intérieur du camper. Nous ne prenons aucun risque et décidons de déménager : nous fermons le toit et déplaçons le véhicule pour nous mettre à l’abri du vent, derrière l’une des villas inoccupées. Comme nous avons rassemblé tous nos effets, le départ du lendemain matin se fera tôt.
Mardi 24-03-2009- COSTA ESMERALDA- TAMPICO 393 km
Nous quittons la Costa Esmeralda sans trop de regret, même si la température est super belle. Visite du site archéologique d’El Tajin au programme de la journée. Nous y sommes tôt mais la chaleur est déjà suffocante. El Tajin a vécu son apogée de 800 à 1150 après J.C.; ici vécurent alors environ 25 000 personnes. Stéphane s’attendait à voir des ruines encore plus grandioses que les précédentes, étant donné qu’il s’agit d’un site dont l’apogée a été postérieure aux autres; il est un peu déçu. Un effet de la saturation encore?
À ce jour, on a découvert ici 168 édifices et 17 jeux de pelote; c’est le site archéologique qui en comporte le plus grand nombre. La caractéristique principale de plusieurs édifices est qu’ils sont ornés de niches et de grecques; ces grecques nous parassent moins belles et sont certainement moins variées que celles que nous avons vues à Mitla. La Pyramide des Niches est très différente des autres pyramides vues antérieurement car elle est composée de 365 niches, le nombre de jours de l’année solaire : cette pyramide est le symbole d’El Tajin.
Vers la fin de notre visite, surprise : un premier morpho bleu. Lisette part à la chasse avec sa caméra. Nous en verrons 4 au total. Une photo un peu floue en témoigne : c’est rapide, un papillon!
Le départ hâtif de la matinée nous permet d’atteindre Tampico aujourd’hui, un jour plus tôt que prévu. Sur la 180 qui nous y mène, nous voyons défiler une centaine de voitures accidentées, remorquées une à une, c’est-à-dire attachées par un câble et tirées par une autre voiture : ce sont des voitures que des Mexicains importent des États-Unis, certaines pour les pièces, d’autres pour être réparées et revendues.
Mercredi 25-03-2009- TAMPICO- SAN FERNANDO DE PRESSAS 402 km
Parti tôt, nous avons opté pour bifurquer sur la 83 vers Ciudad Victoria, au lieu de poursuivre sur la 180 dont la chaussée n’est pas toujours de très bonne qualité. Excellent choix. Même si nous devons parcourir 30 km de plus, nous sommes sur une route soit à 4 soit à 3 voies, du début à la fin. Nous aurions pu traverser la frontière aujourd’hui, mais il est déjà près de 15h00 et nous arriverions tard au Texas; de plus, il nous reste du bœuf et des fruits, qui ne passeraient pas la frontière. Donc, pas de gaspillage : nous quitterons le Mexique demain.
Jeudi 26-03-2009- SAN FERNANDO DE PRESSAS- PHARR, TEXAS - 163 km
Ça y est : nous traversons la frontière américaine, sans fouille ni problème; à peine 3$ de taxes texanes à payer pour nos quatre bouteilles de vin.
Nous sortons du Mexique heureux de ce que nous avons vu. Nous voulions voir des villes coloniales, des sites archéologiques, des papillons et un peu de plage. C’est fait et nous avons maintenant une petite idée de ce pays presque voisin.
Nous avons trouvé les Mexicains gentils, travaillants, débrouillards; peu à voir avec le préjugé du Mexicain indolent qui est parfois exprimé. Johanne et Lisette s’exprimant en espagnol, cela a facilité un contact plus direct et nous a sûrement aidés à mieux apprécier les gens.
Nos coups de cœur ont été le Chiapas –pour sa nature; les villes d’Oaxaca, de Patzcuaro et de Guanajuato, pour leur charme; la ville de Mexico, pour sa verdure et son musée d’anthropologie; Uxmal, Palenque et Monte-Alban pour la beauté de ces sites archéologiques. Sans compter les bougainvilliers, les jacarandas et autres arbres en fleurs, qui enjolivent le paysage un peu partout au Mexique.
Nous avons peu de « prix citrons ». Le premier concerne les salles de bains de certains campings, qui laissent vraiment à désirer. Le second s’applique aux feux de vidanges : faute de système adéquat de collecte de vidanges, on les brûle, avec le résultat qu’on imagine au niveau du parfum. Selon Manon et Richard, qui n’en étaient pas à leur premier voyage au Mexique, la situation s’est considérablement améliorée à l’égard de la « gestion des vidanges » depuis deux ans. Il y a donc de l’espoir!
Nous avons fait de belles rencontres durant le voyage : des Mexicains, mais aussi des Québécois, des Canadiens de plusieurs provinces, quelques braves Américains- les quelques-uns qui n’ont pas peur de leurs voisins du Sud. Certaines de ces rencontres continueront de nous habiter pour longtemps!
On construit beaucoup au Mexique. Toute l’infrastructure routière semble en plein déploiement : il y a tellement de construction de routes ici qu’il sera bientôt encore plus agréable d’y voyager (Stéphane espère que disparaissent les « */&?%* de TOPES », dos d’âne omniprésents dans toutes les villes et villages comme réducteurs de vitesse). Si nous revenions, nous irions à nouveau à Patzcuaro et à Guanajuato que nous avons vues un peu trop rapidement. Nous visiterions aussi ce que nous n’avons pu voir dans ce premier survol : San Miguel de Allende, Zacatecas, Real de Cartorce, Taxco, Copper Canyon, la partie ouest de la côte du Pacifique, et sans doute, bien d’autres belles régions. Mais, en attendant, nous sommes bien heureux de rentrer chez nous!
Jeudi 26-03-2009 à mercredi 08-04-2009 TRAVERSÉE DES USA- 4401 km
Nous voulions y aller mollo pour rentrer au pays, question de ne pas rouler sans arrêt. Comme convenu au départ, nous retrouvons d’abord Monique et Roland -les autres grands-parents de Camille-, à Weslaco, Texas. Nous y ferons une halte de quelques jours, au cours desquels nous découvrons quelques-uns des nombreux sites d’observation ornithologique de la région. Nous retournons même passer une journée au Mexique -juste en face de Weslaco- en compagnie de Monique et Roland, qui y font depuis plusieurs années un bénévolat fort généreux. Nous avons aussi la chance que des amis- Myreille et Pierre, Westfaliens eux aussi, campés au Texas, viennent nous rejoindre à Weslaco: nous ferons ensemble le voyage de retour, ce qui sera fort agréable.
Le lundi 30 mars, nous entreprenons la remontée, ponctuée de pauses-découvertes : deux jours à San Antonio (Texas), sorte de petite Venise américaine, fort agréable; une demi-journée au fascinant Houston Space Center; un petit détour par Bâton-Rouge; la visite d’une magnifique plantation (Rosedown) avec des allées de chênes bicentenaires absolument magnifiques. Nous avons emprunté la Natchez Trace Parkway sur toute sa longueur (425 milles), entre Natchez (Mississipi) et Nashville (Tennessee); à mi-chemin, à Tupelo, nous en avons profité pour visiter la maison natale d’Elvis. Sous la pluie, nous avons renoncé à « marcher » la jolie ville d’Abingdon, en Virginie, mais avons tout de même fait une petite incursion sur le Blue Ridge. Au nord de la Virginie, le 7avril, nous disons au revoir à nos amis, qui rentrent à la maison ce jour-là. Nous poursuivons notre route vers Ithaca, dans le sud de l’état de New York et rendons visite à une amie, avant de rentrer à notre tour à la maison…d’où nous écrivons ce dernier message.
Salutations à tous et chacun de vous qui avez eu la patience de nous lire et au plaisir de communiquer avec vous de façon tangible et directe,
Après Chichen Itza, nous nous dirigeons vers le golfe du Mexique et décidons de prendre les petites routes, pour atteindre le bord de mer le plus rapidement possible. En chemin, on s’arrête à Izamal, ville coloniale assez particulière, en ce sens que toutes les habitations sont peintes en jaune et ocre. Son nom signifie « lieu d’Izamna », créateur de la vie et divinité importante chez les anciens Mayas et l’on pense que c’était un centre cérémoniel important. Encore aujourd’hui, c’est un lieu de pèlerinage où l’on vient, depuis l’époque coloniale, vénérer la Vierge d’Izamal; le plus grand monastère franciscain du Mexique y a été construit entre 1549 et 1562, sur la base d’une ancienne pyramide. L’église attenante est le plus grand sanctuaire marial du Sud-Est mexicain et le pape Jean-Paul ll y a célébré une messe en 1993, ce qui est évidemment marqué par une statue. Après la visite, nous explorons le marché de la place principale et y découvrons la meilleure boulangerie du voyage. Lisette en partira même avec une recette de quiche, donnée gracieusement par la senora Versailles (et oui, comme le palais!).
La route qui longe le golfe n’est pas particulièrement panoramique, la mer étant souvent invisible et le pavé, plutôt bas par rapport au niveau de l’océan. Tout du long, se succèdent, tantôt des petits villages invitants (mais pas de camping là!), tantôt des marais salants, tantôt des complexes chics de résidences de villégiature; mais tout près, avant d’arriver à la ville de Puerto Progresso, on découvre aussi le pire bidonville du voyage. Chelem, où se trouve notre terrain de camping, n’est pas très riche, certaines rues trahissant même une grande pauvreté, mais notre petit camping est propre, bien aménagé et accueillant.
Le lendemain, samedi, nous explorons les abords. La mer est à un coin de rue, mais la plage est décevante. Personne n’a le goût de s’y baigner. L’eau est belle, mais on y voit des plaques noires dans l’eau, en bordure de la plage. Quelqu’un nous explique que ce sont de grands sacs de sable, installés là depuis une vingtaine d’années. L’objectif était de protéger la plage, lors des tempêtes; par erreur, ils furent installés parallèlement à la plage et non pas perpendiculairement à celle-ci comme cela devait se faire. Ils ne servent à rien et sont une nuisance, à tout le moins sur le plan esthétique. Nous ne comprenons pas pourquoi les gens ne les ouvrent pas pour laisser le sable être emporté par la mer. Mais bon, nous sommes au Mexique et il n’est nécessaire de tout comprendre. Les résidences sont désertes car c’est l’hiver ici. On nous dit qu’il y a foule à l’été.
Avec le collectivo, nous allons à Puerto Progresso, à 5-6 kilomètres de Chelem. Surprise : c’est plein de monde sur le boardwalk et sur la jolie plage. Quelques achats encore. Nous retrouvons ici des vendeurs et vendeuses venus des villages autour de San Cristobal, au Chiapas; encore ici, certains ont le regard éteint ou triste et ce n’est pas la première fois que nous observons cela. Pas facile, la vie pour eux…
Dimanche 15-03-2009- CHELEM – ISLA IGUADA - 398 km
Une journée sans histoire pour aboutir à un beau camping sur le bord de la mer. Dalle de ciment pour s’installer, tous les services; il y a même des douches à l’eau chaude, assez rares dans les campings mexicains. L’ensemble de l’hébergement et du site est conçu pour être accessible aux personnes en chaises roulantes. Mais il faut y mettre le prix : 25$ USA ou 382 pesos la nuit, le plus cher payé depuis le début du voyage. On pensait s’installer pour quelques jours, mais on va réviser nos plans…
Chemin faisant vers ce camping, Joanne a fait un bon coup. Depuis le début du voyage, elle voulait s’acheter des chaises de plage, recouvertes d’un tissage similaire à celui des hamacs; elle en avait vues il y a quelques jours, mais le prix était exorbitant (2000 pesos) dans les endroits touristiques. Manon et Richard les ont aperçues, en vente dans un étal le long de la route, près de Hampolol, à 14 km de Campeche : dans cette boutique artisanale, le prix était de 290 pesos; moyenne différence! Joanne était super heureuse. On ne peut pas en dire autant de Nazir. Mécontent de n’avoir pas réussi à se faire comprendre et de n’avoir pu goûter à des fruits en conserves disposées sur le comptoir, il a eu une petite saute d’humeur; il a promis de revenir au Mexique en sachant parler espagnol, « TABERN….. »; il ne veut pas savoir l’écrire, ni en connaître la grammaire; il veut pouvoir le parler suffisamment acheter ce qu’il veut. Il a pourtant été un négociateur hors-pair durant tout le voyage et a été le meilleur de nous tous pour le marchandage, obligatoire au Mexique, où, sauf rares exceptions, les prix sont multipliés au départ, fixés en prenant pour acquis qu’ils seront révisés à la baisse lors de la négociation.
Lundi 16-03-2009- ISLA IGUADA - VILLAHERMOSA- 235 km
Villahermosa est la capitale de l’état du Tabasco, une ville moderne, bordée par trois rivières importantes, dont la principale est la Grijalva, celle-là même qui coule au fond du Canyon du Sumidero (exploré au début du mois de mars). Nous nous arrêtons ici pour visiter le Parque Museo La Venta, un parc-musée établi dans les années 1950 pour accueillir les ruines archéologiques du site de La Venta, situé plus loin, quasi à la frontière entre l’état de Tabasco et celui de Veracruz. Le site original était menacé par la découverte de pétrole et la construction de raffineries dans cette zone. Grâce aux efforts d’un poète célèbre, Carlos Pellicer, le parc-musée a été créé, en tentant de reproduire un milieu naturel similaire à celui où vivaient les anciens Olmèques durant la période dite préclassique, soit de 1300 à 200 avant Jésus-Christ. Une trentaine de sculptures monumentales sont échelonnées le long du sentier qui sillonne le parc, notamment les colossales têtes olmèques, caractéristiques de cette culture, dont la construction demeure une énigme. C’est un site particulier car les ruines sont vraiment serties dans la forêt et visitées par des animaux inoffensifs- sorte de mélange entre le tapir et le raton laveur- qui se promènent en liberté dans le parc. Au terme du circuit, on trouve un jardin zoologique, où l’on peut voir jaguars, pumas, ocelot, singes et crocodiles; il y a aussi un vivarium et une immense volière où l’on peut pénétrer et admirer les oiseaux typiques de la faune régionale, aras, perroquets et canards de toutes sortes.
Nous camperons à proximité, sur le terrain de stationnement d’un parc aquatique, aménagé pour accueillir quelques véhicules de camping. Le balneario est fermé à notre arrivée : heureusement, car le stationnement aurait été plein; 900 personnes sont venues se baigner aujourd’hui (2800 ont fait de même hier). Les filtreurs ne nous semblent pas très efficaces et l’eau des piscines n’est pas vraiment appétissante. Nous endurerons la chaleur….et les maringouins (des vrais, comme chez nous!).
Mardi 17-03-2009- VILLAHERMOSA-CATEMACO - 294km
Aujourd’hui, nous prenons la route avec un pincement au cœur : c’est la dernière journée du voyage en compagnie de Johanne et Nazir; en effet, nos routes se séparent car ils nous quittent pour « el Norte », souhaitant rentrer à la maison avant la fin du mois. Ils nous accompagnent finalement jusqu’à notre au camping de Catemaco et, non sans émotion, nous nous disons au-revoir.
Au camping, une caravane de 21 gros motorisés arrivait en même temps que nous; ils avaient évidemment réservé et avaient la priorité. Le proprio nous a promis un petit espace. Nous avons été chanceux : il nous a fallu attendre que tous les « gros »soient placés, mais en nous voyant attribuer un site « non officiel », nous avons hérité du plus beau point de vue sur la rivière. On se croirait chez Andrée et Gaston : le terrain est élevé avec une belle rivière en bas! Nos voisins sont des Québécois en safari condo, Annette et Jean-Louis de Blainville. Y aura-t-il des atomes crochus entre un westfalien et un proprio de safari condo? Les premiers contacts le laissent croire. En tous cas, en cette première journée à Catemaco, nous profitons du lieu ; il y a beaucoup, beaucoup d’oiseaux ici; notre connaissance d’oiseaux mexicains est médiocre, mais nous profitons de leur présence et de leurs chants.
Mercredi 18-03-2009 et jeudi 19-03-2009- CATEMACO
Après un avant-midi de farniente, nous partons à pied, nous promener sur le « Malecon », qui borde le très beau et très grand (27km X16 km) lac Catemaco, au centre de la petite ville du même nom. Nous décidons de faire la randonnée en bateau qui nous est proposée; ceci nous permettra de voir une colonie de singes macaques, qui s’est développée sur une île où des chercheurs de l’université ont introduit deux couples, il y a vingt-cinq ans. C’est aussi l’occasion de visiter le Parc écologique éducatif Nanciyaga, qui est, selon le Guide vert, la zone de forêt tropicale humide la plus septentrionale de la planète; nous sommes un peu déçus par la visite, qui nous en apprend moins sur la nature que sur les films qui ont été tournés ici (notamment, Medecine Man, avec Sean Connery); nous avons tout de même vu deux beaux (façon de parler) spécimens de crocodiles. Nous y avons aussi bu de l’eau minérale, à même la source qui y coule.
Une autre observation de la « faune locale » aura lieu au camping, en début de soirée. Dans la pénombre, alors qu’elle sortait de la piscine, Lisette a aperçu un gros insecte noir sur l’un des trottoirs, qui semblait bien être un scorpion. Alertés, les autres arrivent à la rescousse avec lampe frontale et caméra, pour confirmer l’identification de la bête. Après quelques photos, notre manège a alerté à son tour le propriétaire du camping, qui nous a assuré que la morsure de la bestiole n’était pas mortelle : celle du scorpion « brun » peut l’être, mais pas celle du « noir »; et ce disant, d’un preste coup de talon, il a aplati la bestiole dans le ciment du trottoir. C’est ce qu’on appelle un double message! En tous cas, à partir de ce moment-là, personne ne s’est plus promené « pieds nus dans l’herbe »…
Des observations plus plaisantes ont lieu le lendemain. Très tôt le matin, Lisette profite de l’invitation faite par des voisins vermontois, amateurs d’ornithologie. Susan connaît les environs et fait, ce matin-là, une randonnée d’observation, le long de la rivière : fructueuse randonnée, qui permet de voir plusieurs oiseaux typiques de la région –jacana, oropendola, chachalaca-, quatre sortes de martins-pêcheurs, un gros-bec bleu, des colibris, un geai brun, des aigrettes, deux variétés de hérons, des moucherolles, et bien d’autres. Elles sont parties plus de trois heures et l’équipe de secours était sur le point de se former lorsqu’elles sont revenues! Lisette a beaucoup aimé son expérience.
À la fin de l’avant-midi, nous partons en excursion. Avec Richard, Manon, Jean-Louis et Annette (les Safariens Condo : et oui, ce sont des gens très sympathiques…), nous prenons un collectivo en direction de Sontecomapan, à 19 km de Catemaco. Ce transport en commun est le premier de la sorte que nous prenons, bien que nous ayons souvent vu des Mexicains être ainsi véhiculés : il s’agit en réalité d’un petit pick-up et les passagers sont en assis sur des sièges dans la boîte arrière de la camionnette; nous nous sommes faits brasser en masse! Comme disait Annette, les gens pensent qu’on se la coule douce au Mexique, alors qu’on risque notre vie dans des véhicules qui seraient interdits au Québec. Ici, même les écoliers sont souvent transportés de cette manière, debout dans la boîte; inutile de dire qu’ils ne portent pas la ceinture de sécurité…bien que le port de celle-ci soit obligatoire ici dans beaucoup d’états!
À destination, nous avons pris un bateau pour faire l’excursion projetée dans la lagune de Sontecomapan. Notre capitaine et guide, Senor Guzman, nous a d’abord fait circuler dans une étroite rivière, sous des arbres majestueux faisant alcôve au-dessus de la rivière; au sommet de l’un d’eux, une famille de ratons-laveurs…tout à fait comme ceux qu’on a ici. Et tout à coup, sans avertissement pour les photographes, deux magnifiques morphos bleus papillonnent à quelques mètres de nous. Quelle belle seconde!
Notre randonnée se poursuit dans une mangrove, que le Petit Larousse définit comme une «formation végétale caractéristique des régions côtières intertropicales, constituée de forêts impénétrables de palétuviers, qui fixent leurs fortes racines dans les baies aux eaux calmes, où se déposent boues et limons ». Tout un spectacle : de grosses racines enchevêtrées, émergeant de l’eau sur une hauteur de plus d’un mètre, avant de converger vers le tronc des arbres qu’elles nourrissent; les arbres ont l’air d’être plantés sur un méli-mélo de gros câbles baignant dans l’eau! Avec, en prime, de beaux petits crabes rouges agrippés sur quelques-unes de ces racines.
Finalement, la lagune débouche sur l’océan et notre capitaine nous dépose sur une belle plage du golfe du Mexique : la Barra, frontière entre l’eau douce de la lagune et l’eau salée de l’océan. Baignade dans les eaux turquoise et chaudes du golfe. Un endroit rêvé où nous étions presque seuls. Puis, dîner à six sur la plage. Une fort agréable journée!
Vendredi 20-03-2009- CATEMACO
Nous nous préparons pour une autre séparation : Manon et Richard rebroussent chemin et retournent au Sud, sur la côte du Pacifique, où ils rejoindront Suzanne et Bernard, qui y sont installés depuis une dizaine de jours. Eux prévoient rentrer au Québec vers le 20 avril, alors que nous tenons à y être pour le 10- fête de Camille oblige! Nous poursuivrons donc notre route vers le Nord et nous devons récupérer nos vêtements d’hiver (sans compter un grand sac contenant divers achats), que Manon et Richard avaient « hébergés » dans leur grand motorisé: le camper rétrécit à vue d’œil!
Manon et Richard nous ayant quittés, nous passons la journée au camping, à profiter du lieu et à faire lecture et écritures (ce blogue requiert du travail, tout de même!). Peu après, en faisant du rangement, Stéphane découvre une tarentule dans les blocs de soutien (qui servent à mettre le camper à niveau). C’est vraiment dangereux de camper au Mexique…mais pas pour les raisons que la plupart des gens redoutent!
Un souper et une soirée en commun avec Annette et Jean-Louis viennent agréablement terminer cette dernière journée à Catemaco. Safariens et Westfaliens conviennent de se retrouver au même camping à Veracruz, puisque nous partons tous dans cette direction demain.
Samedi 21-03-2009- CATEMALCO- VERACRUZ - 199 km
En route vers Veracruz, nous décidons de faire le petit détour -14 km- pour visiter Tiacotalpan, une petite ville décrite comme pittoresque et cotée « une étoile » au Guide vert. La ville a été prospère à cause de ses activités portuaires et de ses plantations de canne à sucre et elle a eu son heure de gloire au 16è siècle, alors que les Espagnols l’avaient choisie comme chef-lieu d’un grand district. Aussitôt entré dans la ville, Stéphane fait le tour du zocalo, jette un coup d’œil aux édifices coloniaux, fait demi-tour et zip : la visite est terminée! On croit percevoir ici un certain degré de saturation : Stéphane a-t-il hâte de revoir Howick Beach? Peut-être.
Nos amis suivent la recommandation faite l’automne dernier par Monique et Roland: ils se rendent à Alvarado voir le très joli zocalo. Comme convenu, on se retrouve en fin de journée au camping et on partage le souper, en placotant jusqu’à 10h. Vers 11h, alors que nous venons de nous mettre au lit, une discothèque en plein air débute ses activités; elle est malheureusement située à 400m du camping; nos tympans seront très sollicités jusqu’à 2h du matin. Nous pensions avoir trouvé un superbe camping, un peu sauvage sur le bord de la mer avec comme seule musique celle des vagues. Quelle erreur! Nous aurions dû aller danser!
Dimanche 22-03-2009- VERACRUZ – COSTA ESMERALDA 113 km
Nous quittons nos nouveaux amis du Safari Condo et remontons la côte du golfe. Eux se dirigent vers Puebla, Teotihuacan et Querétaro avant de quitter le Mexique.
Sur la Costa Esmeralda, il y a une quinzaine de campings. Comment choisir le plus meilleur? Lisette en propose un : refus de Stéphane. Après en avoir vu quelques autres, il doit admettre qu’elle a encore raison. Nous campons à Las Casitas del Tajin, trois belles villas divisées en unités locatives, sur le terrain desquelles on a aussi aménagé une dizaine de sites de camping, touts pavés en « coblestones » : très bel environnement, verdoyant, peu achalandé; nous avons une vue superbe, directement sur la mer. Nous nous installons ici pour deux jours, question de profiter une dernière fois de la mer avant de remonter vers le Nord.
Lundi 23-03-2009- COSTA ESMERALDA
Farniente, marche sur la plage, baignade dans la piscine, nous profitons du site idyllique. Du moins, c’est ce que nous faisons jusque vers la fin de l’après midi, alors que le vent, qui s’est levé depuis le midi, ressemble de plus en plus à un vent de tempête. Sable et sel sont balayés avec intensité et nous forcent à prendre notre repas à l’intérieur du camper. Nous ne prenons aucun risque et décidons de déménager : nous fermons le toit et déplaçons le véhicule pour nous mettre à l’abri du vent, derrière l’une des villas inoccupées. Comme nous avons rassemblé tous nos effets, le départ du lendemain matin se fera tôt.
Mardi 24-03-2009- COSTA ESMERALDA- TAMPICO 393 km
Nous quittons la Costa Esmeralda sans trop de regret, même si la température est super belle. Visite du site archéologique d’El Tajin au programme de la journée. Nous y sommes tôt mais la chaleur est déjà suffocante. El Tajin a vécu son apogée de 800 à 1150 après J.C.; ici vécurent alors environ 25 000 personnes. Stéphane s’attendait à voir des ruines encore plus grandioses que les précédentes, étant donné qu’il s’agit d’un site dont l’apogée a été postérieure aux autres; il est un peu déçu. Un effet de la saturation encore?
À ce jour, on a découvert ici 168 édifices et 17 jeux de pelote; c’est le site archéologique qui en comporte le plus grand nombre. La caractéristique principale de plusieurs édifices est qu’ils sont ornés de niches et de grecques; ces grecques nous parassent moins belles et sont certainement moins variées que celles que nous avons vues à Mitla. La Pyramide des Niches est très différente des autres pyramides vues antérieurement car elle est composée de 365 niches, le nombre de jours de l’année solaire : cette pyramide est le symbole d’El Tajin.
Vers la fin de notre visite, surprise : un premier morpho bleu. Lisette part à la chasse avec sa caméra. Nous en verrons 4 au total. Une photo un peu floue en témoigne : c’est rapide, un papillon!
Le départ hâtif de la matinée nous permet d’atteindre Tampico aujourd’hui, un jour plus tôt que prévu. Sur la 180 qui nous y mène, nous voyons défiler une centaine de voitures accidentées, remorquées une à une, c’est-à-dire attachées par un câble et tirées par une autre voiture : ce sont des voitures que des Mexicains importent des États-Unis, certaines pour les pièces, d’autres pour être réparées et revendues.
Mercredi 25-03-2009- TAMPICO- SAN FERNANDO DE PRESSAS 402 km
Parti tôt, nous avons opté pour bifurquer sur la 83 vers Ciudad Victoria, au lieu de poursuivre sur la 180 dont la chaussée n’est pas toujours de très bonne qualité. Excellent choix. Même si nous devons parcourir 30 km de plus, nous sommes sur une route soit à 4 soit à 3 voies, du début à la fin. Nous aurions pu traverser la frontière aujourd’hui, mais il est déjà près de 15h00 et nous arriverions tard au Texas; de plus, il nous reste du bœuf et des fruits, qui ne passeraient pas la frontière. Donc, pas de gaspillage : nous quitterons le Mexique demain.
Jeudi 26-03-2009- SAN FERNANDO DE PRESSAS- PHARR, TEXAS - 163 km
Ça y est : nous traversons la frontière américaine, sans fouille ni problème; à peine 3$ de taxes texanes à payer pour nos quatre bouteilles de vin.
Nous sortons du Mexique heureux de ce que nous avons vu. Nous voulions voir des villes coloniales, des sites archéologiques, des papillons et un peu de plage. C’est fait et nous avons maintenant une petite idée de ce pays presque voisin.
Nous avons trouvé les Mexicains gentils, travaillants, débrouillards; peu à voir avec le préjugé du Mexicain indolent qui est parfois exprimé. Johanne et Lisette s’exprimant en espagnol, cela a facilité un contact plus direct et nous a sûrement aidés à mieux apprécier les gens.
Nos coups de cœur ont été le Chiapas –pour sa nature; les villes d’Oaxaca, de Patzcuaro et de Guanajuato, pour leur charme; la ville de Mexico, pour sa verdure et son musée d’anthropologie; Uxmal, Palenque et Monte-Alban pour la beauté de ces sites archéologiques. Sans compter les bougainvilliers, les jacarandas et autres arbres en fleurs, qui enjolivent le paysage un peu partout au Mexique.
Nous avons peu de « prix citrons ». Le premier concerne les salles de bains de certains campings, qui laissent vraiment à désirer. Le second s’applique aux feux de vidanges : faute de système adéquat de collecte de vidanges, on les brûle, avec le résultat qu’on imagine au niveau du parfum. Selon Manon et Richard, qui n’en étaient pas à leur premier voyage au Mexique, la situation s’est considérablement améliorée à l’égard de la « gestion des vidanges » depuis deux ans. Il y a donc de l’espoir!
Nous avons fait de belles rencontres durant le voyage : des Mexicains, mais aussi des Québécois, des Canadiens de plusieurs provinces, quelques braves Américains- les quelques-uns qui n’ont pas peur de leurs voisins du Sud. Certaines de ces rencontres continueront de nous habiter pour longtemps!
On construit beaucoup au Mexique. Toute l’infrastructure routière semble en plein déploiement : il y a tellement de construction de routes ici qu’il sera bientôt encore plus agréable d’y voyager (Stéphane espère que disparaissent les « */&?%* de TOPES », dos d’âne omniprésents dans toutes les villes et villages comme réducteurs de vitesse). Si nous revenions, nous irions à nouveau à Patzcuaro et à Guanajuato que nous avons vues un peu trop rapidement. Nous visiterions aussi ce que nous n’avons pu voir dans ce premier survol : San Miguel de Allende, Zacatecas, Real de Cartorce, Taxco, Copper Canyon, la partie ouest de la côte du Pacifique, et sans doute, bien d’autres belles régions. Mais, en attendant, nous sommes bien heureux de rentrer chez nous!
Jeudi 26-03-2009 à mercredi 08-04-2009 TRAVERSÉE DES USA- 4401 km
Nous voulions y aller mollo pour rentrer au pays, question de ne pas rouler sans arrêt. Comme convenu au départ, nous retrouvons d’abord Monique et Roland -les autres grands-parents de Camille-, à Weslaco, Texas. Nous y ferons une halte de quelques jours, au cours desquels nous découvrons quelques-uns des nombreux sites d’observation ornithologique de la région. Nous retournons même passer une journée au Mexique -juste en face de Weslaco- en compagnie de Monique et Roland, qui y font depuis plusieurs années un bénévolat fort généreux. Nous avons aussi la chance que des amis- Myreille et Pierre, Westfaliens eux aussi, campés au Texas, viennent nous rejoindre à Weslaco: nous ferons ensemble le voyage de retour, ce qui sera fort agréable.
Le lundi 30 mars, nous entreprenons la remontée, ponctuée de pauses-découvertes : deux jours à San Antonio (Texas), sorte de petite Venise américaine, fort agréable; une demi-journée au fascinant Houston Space Center; un petit détour par Bâton-Rouge; la visite d’une magnifique plantation (Rosedown) avec des allées de chênes bicentenaires absolument magnifiques. Nous avons emprunté la Natchez Trace Parkway sur toute sa longueur (425 milles), entre Natchez (Mississipi) et Nashville (Tennessee); à mi-chemin, à Tupelo, nous en avons profité pour visiter la maison natale d’Elvis. Sous la pluie, nous avons renoncé à « marcher » la jolie ville d’Abingdon, en Virginie, mais avons tout de même fait une petite incursion sur le Blue Ridge. Au nord de la Virginie, le 7avril, nous disons au revoir à nos amis, qui rentrent à la maison ce jour-là. Nous poursuivons notre route vers Ithaca, dans le sud de l’état de New York et rendons visite à une amie, avant de rentrer à notre tour à la maison…d’où nous écrivons ce dernier message.
Salutations à tous et chacun de vous qui avez eu la patience de nous lire et au plaisir de communiquer avec vous de façon tangible et directe,
Lisette et Stéphane
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