Lundi 09-03-2009- PALENQUE-CAMPECHE – 360 km
Bernard et Suzanne restent un jour de plus à Palenque, parce qu’ils ont le projet de retourner sur la plage, à Puerto Escondido. Nous faisons nos au-revoir, car le reste du groupe se dirige vers Campeche. Route tranquille en terrain plat, conduite beaucoup moins difficile que dans les montagnes. L’inspection des aliments à l’entrée de la péninsule du Yucatan coûte quelques œufs, quelques saucisses hot dog. Une cinquantaine de kilomètres plus loin, à Escarcega, on souhaite la bienvenue aux touristes d’une manière plus intéressante, avec la « Puerta de la Entrada al Mundo Maya », un très beau « Welcome Center » (le deuxième que nous voyons depuis notre entrée au Mexique). Un peu plus loin, la route aboutit sur le bord du Golfe du Mexique, que nous suivrons sur une soixantaine de kilomètres avant d’arriver à notre destination, le camping du Club Nautico de Campeche : ça a beau n’être pas le Pacifique, les couleurs variées de l’eau du Golfe sont magnifiques, du bleu au turquoise à l’émeraude.
Depuis notre arrivée au Mexique, la chaleur était le plus souvent sèche. Dans la péninsule du Yucatan, nous reconnaissons rapidement la chaleur humide de nos étés. C’est pourquoi nous rêvons toute la journée de la piscine grandeur olympique décrite par Manon et Richard. DÉCEPTION à notre arrivée au Club Nautico: la piscine est en réfection majeure! Pour les Mexicains, c’est encore l’hiver et club sportif est désert. Il devrait être plus achalandé durant la Semaine Sainte et durant l’été. Nous profiterons toutefois de la vue superbe sur le Golfe, de même que des installations immenses et désertes (salles de bains, salle de douches et salon assez grand pour y faire une noce italienne). La farniente est bonne après cette journée de route tout de même assez longue.
Mardi 10-03-2009- CAMPECHE- UXMAL – 192 km
Campeche est la capitale de l’état du même nom. Le Guide Vert Michelin mentionne qu’elle s’élève au bord du golfe du Mexique, là même où en mars 1517, débarquèrent les premiers Espagnols, sous le commandement de Francisco Hernandez de Cordoba, plus de deux ans avant que Cortés n’entreprenne la conquête du Mexique. Elle fut fondée en 1540, sous le nom de villa de San Francisco de Campeche, sur l’ancienne cité maya Ah Kin Pech, « lieu du soleil ». La ville est devenue prospère grâce à l’exportation de bois précieux vers l’Europe, mais cet essor commercial et portuaire suscita l’intérêt de corsaires (parfois soutenus par des gouvernements européens) ou de pirates : ceux-ci dévastèrent, pillèrent et incendièrent la ville à plusieurs reprises. C’est pourquoi, entre 1685 et 1704, la couronne d’Espagne fit ériger des remparts, des bastions, des forts sur les collines et des batteries en bord de mer. Aujourd’hui, les vestiges de ces fortifications hexagonales séparent la vieille ville des quartiers modernes. Plusieurs des bastions et forts abritent maintenant des musées. À l’entrée de Campeche, nous visitons le Fuerte de San Miguel, perché au sommet d’une colline, avec terrasse et tours de guet surplombant le golfe et la ville; la demi-douzaine de salles intérieures contiennent de très belles pièces précolombiennes, trouvées sur les différents sites archéologiques de l’état. Notre connaissance des Mayas s’améliore; nous pensons que nous pourrons répondre facilement à l’examen sur les Mayas à la fin du voyage (l’examen pour les NULS, il va s’en dire!).
La route est ennuyante vers Uxmal. Après les belles montagnes des états du Chiapas et d’Oaxaca, le plat pays ne nous stresse pas trop; c’est une zone de vergers d’agrumes. En approchant de l’état du Yucatan, après le joli village de Belonchen de Rejon, le paysage devient un peu plus accidenté, de petites collines venant rompre la monotonie du paysage. Arrêt aux ruines de Kabah sur la route dite « des Puuc » (signifiant « région montagneuse »), route qui désigne l’une des zones d’Amérique réunissant le plus de sites archéologiques, lesquels correspondent à un style architectural caractéristique. Le style Puuc se distingue par l’arc maya, des édifices aux murs s lisses à la base, avec une partie supérieure ornée de frises en stuc; caractéristique aussi, l’abondance des masques de Chaac, dieu de la pluie représenté avec un long nez en trompette ou en crochet (selon que l’on prie pour demander la pluie ou remercier pour celle Qu’on a reçue). Cette région manque d’eau en permanence depuis des millénaires; les mayas imploraient donc davantage Chaac qu’à Palenque qui est en pleine forêt tropicale; de plus, ils ont développé dans cette région une série de citernes (chultun), creusées dans le sol, qui permettaient de recueillir et stocker l’eau de pluie; on en trouve des vestiges dans les sites de la route Puuc.
Kabah est le début de cette route Puuc, qui comporte également Uxmal, mais aussi des centres plus petits comme Sayil, Xlapak, Labna. Notons que le Palacio de Bellas Artes, à Mexico, a été décoré semble-t-il en s’inspirant partiellement du style Puuc. Par ses dimensions, Kabah, le «seigneur à la main forte et puissante », fut le deuxième centre cérémoniel maya de la zone Puuc. Sur la place principale, en quadrilatère, s’élève notamment un imposant palais construit en plate-forme à trois niveaux, le Codz Pop (« la natte enroulée »), appelé aussi le palais des Masques; il est extraordinaire par sa façade comportant plus de 100 masques de Chaac, ce qui lui donne un aspect baroque. Un peu à l’écart du site, on découvre une arche de 10 mètres de haut, qui marquait probablement le début du sacbé (chemin cérémoniel) de 18 km reliant Kabah à Uxmal. Après cette entrée en matière, nous avons hâte de visiter Uxmal, vers lequel nous nous dirigeons.
Écouter les autres voyageurs est souvent très intéressant et instructif. À notre arrivée à Uxmal en fin de journée, Manon s’est souvenu qu’un voyageur lui avait parlé de l’hôtel Villas Arqueologicas, en indiquant qu’on y accueillait maintenant les campeurs sous certaines conditions. Nous y camperons, sans frais et sans services, dans un coin tranquille et paysagé de la cour de l’hôtel (ancien Club Med); la seule exigence est de consommer au restaurant de la place, ce à quoi nous nous soumettons sans problème. Le souper comporte soit le menu du jour, soit le menu turistico; nous dégustons, qui du « poulet pibil », qui du « chili con carne » à la mode « yucatanétèque ». En plus, nous profitons de la belle piscine aménagée dans la cour intérieure au décor tropical, où se trouve aussi le restaurant; et en prime, nous avons accès au wifi. Le grand luxe et pas de vaisselle à faire ce soir!
Le lendemain matin, le gérant de l’hôtel, Alejandro, vient nous saluer pour s’enquérir de notre satisfaction et surtout, nous informer que le même service est accessible dans les quatre autres Villas Arqueologicas, situées à proximité de sites archéologiques importants. Très bel et charmant homme, ce gérant (de l’avis unanime des trois femmes du groupe). Donc, excellent camping à tous égards!
Mercredi 11-03-2009- UXMAL- PISTE 160 km
Tôt le matin, nous visitons le site archéologique d’Uxmal, situé à quelques pas de notre campement. Nous le faisons en compagnie d’un guide dont la connaissance de la langue française est telle qu’il peut faire des blagues dans notre langue. Entre autres, en nous décrivant les différents usages quotidiens du hamac (chaise, table de travail, séchoir à grains, lit, berceau), il ajoute que la nuit, ils deviennent hamacs-sutras…
Dès l’entrée sur le site, on voit une pyramide haute de 35 mètres à base elliptique, dite pyramide du Devin, parce qu’elle aurait, selon la légende, été bâtie par un nain en une nuit; la légende veut que ce nain soit devenu roi, parce qu’il avait deviné et résolu plusieurs énigmes Cette pyramide serait l’un des plus beaux édifices du monde précolombien; il n’est plus permis de l’escalader, mais on peut admirer ses façades décorées.
Aussi impressionnant : le Quadrilatère des Nonnes, ainsi nommé par les Espagnols, à cause de sa ressemblance avec la cour intérieure des monastères. C’est une grande place rectangulaire, délimitée aux quatre coins cardinaux par quatre édifices de hauteurs différentes; en dépit de cette différence de niveau, la corniche intermédiaire des quatre édifices est alignée; cette corniche symbolise la frontière entre le monde, l’inframonde; les trois niveaux apparents des quatre édifices représentent, du bas vers le haut, l’inframonde, le monde et le supramonde, celui des dieux et des rois.
Chacun de ces édifices présente une décoration élaborée sur sa frise supérieure, dont les détails et la symbolique sont bien expliqués par notre guide. L’édifice au nord est le plus élevé et possède 26 chambres avec une frise pleine de personnages, oiseaux, singes et des colonnes portant chacune quatre masques de Chaac; on se rappellera que la région souffre de sécheresse constante et que le dieu de la pluie est omniprésent. À l’ouest et à l’est, les deux bâtiments que se font face sont d’égale hauteur; des masques de Chaac et des serpents ornent leurs façades; sur l’édifice ouest, deux longs serpents à plumes glissent le long de la frise, ce qui aurait été ajouté à une période ultérieure à la construction de l’édifice et traduirait l’influence de Teotihuacan sur Uxmal (Quetzalcóatl, le serpent à plumes, est le dieu aztèque du vent, de la vie, de la fertilité, l’inventeur du maïs et de l’agriculture; Kukulkan, est son équivalent chez les Mayas et est la principale divinité). Enfin, l’édifice au sud, le plus bas, est percé d’une magnifique arche, qui nous fait passer vers une autre place et apercevoir les autres édifices du site, notamment une autre grande pyramide du haut de laquelle la vue est splendide.
Bernard et Suzanne restent un jour de plus à Palenque, parce qu’ils ont le projet de retourner sur la plage, à Puerto Escondido. Nous faisons nos au-revoir, car le reste du groupe se dirige vers Campeche. Route tranquille en terrain plat, conduite beaucoup moins difficile que dans les montagnes. L’inspection des aliments à l’entrée de la péninsule du Yucatan coûte quelques œufs, quelques saucisses hot dog. Une cinquantaine de kilomètres plus loin, à Escarcega, on souhaite la bienvenue aux touristes d’une manière plus intéressante, avec la « Puerta de la Entrada al Mundo Maya », un très beau « Welcome Center » (le deuxième que nous voyons depuis notre entrée au Mexique). Un peu plus loin, la route aboutit sur le bord du Golfe du Mexique, que nous suivrons sur une soixantaine de kilomètres avant d’arriver à notre destination, le camping du Club Nautico de Campeche : ça a beau n’être pas le Pacifique, les couleurs variées de l’eau du Golfe sont magnifiques, du bleu au turquoise à l’émeraude.
Depuis notre arrivée au Mexique, la chaleur était le plus souvent sèche. Dans la péninsule du Yucatan, nous reconnaissons rapidement la chaleur humide de nos étés. C’est pourquoi nous rêvons toute la journée de la piscine grandeur olympique décrite par Manon et Richard. DÉCEPTION à notre arrivée au Club Nautico: la piscine est en réfection majeure! Pour les Mexicains, c’est encore l’hiver et club sportif est désert. Il devrait être plus achalandé durant la Semaine Sainte et durant l’été. Nous profiterons toutefois de la vue superbe sur le Golfe, de même que des installations immenses et désertes (salles de bains, salle de douches et salon assez grand pour y faire une noce italienne). La farniente est bonne après cette journée de route tout de même assez longue.
Mardi 10-03-2009- CAMPECHE- UXMAL – 192 km
Campeche est la capitale de l’état du même nom. Le Guide Vert Michelin mentionne qu’elle s’élève au bord du golfe du Mexique, là même où en mars 1517, débarquèrent les premiers Espagnols, sous le commandement de Francisco Hernandez de Cordoba, plus de deux ans avant que Cortés n’entreprenne la conquête du Mexique. Elle fut fondée en 1540, sous le nom de villa de San Francisco de Campeche, sur l’ancienne cité maya Ah Kin Pech, « lieu du soleil ». La ville est devenue prospère grâce à l’exportation de bois précieux vers l’Europe, mais cet essor commercial et portuaire suscita l’intérêt de corsaires (parfois soutenus par des gouvernements européens) ou de pirates : ceux-ci dévastèrent, pillèrent et incendièrent la ville à plusieurs reprises. C’est pourquoi, entre 1685 et 1704, la couronne d’Espagne fit ériger des remparts, des bastions, des forts sur les collines et des batteries en bord de mer. Aujourd’hui, les vestiges de ces fortifications hexagonales séparent la vieille ville des quartiers modernes. Plusieurs des bastions et forts abritent maintenant des musées. À l’entrée de Campeche, nous visitons le Fuerte de San Miguel, perché au sommet d’une colline, avec terrasse et tours de guet surplombant le golfe et la ville; la demi-douzaine de salles intérieures contiennent de très belles pièces précolombiennes, trouvées sur les différents sites archéologiques de l’état. Notre connaissance des Mayas s’améliore; nous pensons que nous pourrons répondre facilement à l’examen sur les Mayas à la fin du voyage (l’examen pour les NULS, il va s’en dire!).
La route est ennuyante vers Uxmal. Après les belles montagnes des états du Chiapas et d’Oaxaca, le plat pays ne nous stresse pas trop; c’est une zone de vergers d’agrumes. En approchant de l’état du Yucatan, après le joli village de Belonchen de Rejon, le paysage devient un peu plus accidenté, de petites collines venant rompre la monotonie du paysage. Arrêt aux ruines de Kabah sur la route dite « des Puuc » (signifiant « région montagneuse »), route qui désigne l’une des zones d’Amérique réunissant le plus de sites archéologiques, lesquels correspondent à un style architectural caractéristique. Le style Puuc se distingue par l’arc maya, des édifices aux murs s lisses à la base, avec une partie supérieure ornée de frises en stuc; caractéristique aussi, l’abondance des masques de Chaac, dieu de la pluie représenté avec un long nez en trompette ou en crochet (selon que l’on prie pour demander la pluie ou remercier pour celle Qu’on a reçue). Cette région manque d’eau en permanence depuis des millénaires; les mayas imploraient donc davantage Chaac qu’à Palenque qui est en pleine forêt tropicale; de plus, ils ont développé dans cette région une série de citernes (chultun), creusées dans le sol, qui permettaient de recueillir et stocker l’eau de pluie; on en trouve des vestiges dans les sites de la route Puuc.
Kabah est le début de cette route Puuc, qui comporte également Uxmal, mais aussi des centres plus petits comme Sayil, Xlapak, Labna. Notons que le Palacio de Bellas Artes, à Mexico, a été décoré semble-t-il en s’inspirant partiellement du style Puuc. Par ses dimensions, Kabah, le «seigneur à la main forte et puissante », fut le deuxième centre cérémoniel maya de la zone Puuc. Sur la place principale, en quadrilatère, s’élève notamment un imposant palais construit en plate-forme à trois niveaux, le Codz Pop (« la natte enroulée »), appelé aussi le palais des Masques; il est extraordinaire par sa façade comportant plus de 100 masques de Chaac, ce qui lui donne un aspect baroque. Un peu à l’écart du site, on découvre une arche de 10 mètres de haut, qui marquait probablement le début du sacbé (chemin cérémoniel) de 18 km reliant Kabah à Uxmal. Après cette entrée en matière, nous avons hâte de visiter Uxmal, vers lequel nous nous dirigeons.
Écouter les autres voyageurs est souvent très intéressant et instructif. À notre arrivée à Uxmal en fin de journée, Manon s’est souvenu qu’un voyageur lui avait parlé de l’hôtel Villas Arqueologicas, en indiquant qu’on y accueillait maintenant les campeurs sous certaines conditions. Nous y camperons, sans frais et sans services, dans un coin tranquille et paysagé de la cour de l’hôtel (ancien Club Med); la seule exigence est de consommer au restaurant de la place, ce à quoi nous nous soumettons sans problème. Le souper comporte soit le menu du jour, soit le menu turistico; nous dégustons, qui du « poulet pibil », qui du « chili con carne » à la mode « yucatanétèque ». En plus, nous profitons de la belle piscine aménagée dans la cour intérieure au décor tropical, où se trouve aussi le restaurant; et en prime, nous avons accès au wifi. Le grand luxe et pas de vaisselle à faire ce soir!
Le lendemain matin, le gérant de l’hôtel, Alejandro, vient nous saluer pour s’enquérir de notre satisfaction et surtout, nous informer que le même service est accessible dans les quatre autres Villas Arqueologicas, situées à proximité de sites archéologiques importants. Très bel et charmant homme, ce gérant (de l’avis unanime des trois femmes du groupe). Donc, excellent camping à tous égards!
Mercredi 11-03-2009- UXMAL- PISTE 160 km
Tôt le matin, nous visitons le site archéologique d’Uxmal, situé à quelques pas de notre campement. Nous le faisons en compagnie d’un guide dont la connaissance de la langue française est telle qu’il peut faire des blagues dans notre langue. Entre autres, en nous décrivant les différents usages quotidiens du hamac (chaise, table de travail, séchoir à grains, lit, berceau), il ajoute que la nuit, ils deviennent hamacs-sutras…
Dès l’entrée sur le site, on voit une pyramide haute de 35 mètres à base elliptique, dite pyramide du Devin, parce qu’elle aurait, selon la légende, été bâtie par un nain en une nuit; la légende veut que ce nain soit devenu roi, parce qu’il avait deviné et résolu plusieurs énigmes Cette pyramide serait l’un des plus beaux édifices du monde précolombien; il n’est plus permis de l’escalader, mais on peut admirer ses façades décorées.
Aussi impressionnant : le Quadrilatère des Nonnes, ainsi nommé par les Espagnols, à cause de sa ressemblance avec la cour intérieure des monastères. C’est une grande place rectangulaire, délimitée aux quatre coins cardinaux par quatre édifices de hauteurs différentes; en dépit de cette différence de niveau, la corniche intermédiaire des quatre édifices est alignée; cette corniche symbolise la frontière entre le monde, l’inframonde; les trois niveaux apparents des quatre édifices représentent, du bas vers le haut, l’inframonde, le monde et le supramonde, celui des dieux et des rois.
Chacun de ces édifices présente une décoration élaborée sur sa frise supérieure, dont les détails et la symbolique sont bien expliqués par notre guide. L’édifice au nord est le plus élevé et possède 26 chambres avec une frise pleine de personnages, oiseaux, singes et des colonnes portant chacune quatre masques de Chaac; on se rappellera que la région souffre de sécheresse constante et que le dieu de la pluie est omniprésent. À l’ouest et à l’est, les deux bâtiments que se font face sont d’égale hauteur; des masques de Chaac et des serpents ornent leurs façades; sur l’édifice ouest, deux longs serpents à plumes glissent le long de la frise, ce qui aurait été ajouté à une période ultérieure à la construction de l’édifice et traduirait l’influence de Teotihuacan sur Uxmal (Quetzalcóatl, le serpent à plumes, est le dieu aztèque du vent, de la vie, de la fertilité, l’inventeur du maïs et de l’agriculture; Kukulkan, est son équivalent chez les Mayas et est la principale divinité). Enfin, l’édifice au sud, le plus bas, est percé d’une magnifique arche, qui nous fait passer vers une autre place et apercevoir les autres édifices du site, notamment une autre grande pyramide du haut de laquelle la vue est splendide.
Peut-être à cause du guide, mais certainement à cause de la beauté du site, Uxmal sera l’un de nos coups de cœur « archéologiques », avec Palenque, Monte Alban et Teotihuacan! Il nous faut toutefois aller de l’avant et, vers l’heure du midi, nous partons vers Chichen Itza en prenant des petites routes; nombreux topés « agressifs », du moins pour la suspension de notre véhicule. En arrivant à Pisté, le camping (le seul de la région) est complètement désolant, un terrain vague, derrière un hôtel, qui n’a pas vu le râteau depuis un bon bout de temps; des toilettes existent mais pas question de les utiliser; heureusement, nous avons accès à la piscine de l’hôtel voisin et elle est propre, bien que remplie seulement aux trois-quarts.
Le camping sera la première de nos déceptions. Le soir, nous allons au spectacle « sons et lumières », sur le site archéologique de Chichen Itza; malheureusement, à notre arrivée, les appareils de traduction simultanée sont tous loués, la majorité d’entre eux ayant été réservés par une agence de tours organisés. Nous assisterons, sans trop comprendre, à un spectacle qui nécessiterait la touche géniale de Robert Lepage pour rehausser sa qualité.
Le lendemain matin, nous partons à la découverte du site, dont la réputation est mythique. Le site, de fait, est immense et s’ouvre par le Château (el Castillo), la pyramide de Kukulkan, haute de 24 mètres, construite sur une base carrée, sur laquelle se superposent neuf corps échelonnés, avec un temple au sommet de la structure. Chaque face de la pyramide comporte un escalier central de 91 marches. Comme nous l’explique le guide Guillermo, il y a là toute une symbolique reliée à des nombres importants chez les Mayas. Ainsi, les 91 marches sur chacune des faces font un total de 364, auquel on ajoute 1, en tenant compte du palier correspondant au temple supérieur. Les Mayas avaient calculé, d’après leur observation du soleil, une année presqu’exacte de 365 jours (la différence avec notre calendrier actuel est de 17 secondes 28 centièmes!); c’était là leur calendrier civil ou Haab, constitué de 18 mois de 20 jours et d’un mois de 5 jours (ce dernier consacré à du jeûne et de la pénitence). Chaque mois est représenté par un hiéroglyphe, et chaque jour, par un numéro de 1à 20 (et 1à 5 pour le 19è).
Notons que les Mayas avait aussi un calendrier sacré, le Tzolkin, le plus important pour eux. Ce calendrier n’était pas divisé en mois; c’était un calendrier de 260 jours, 13 numéros et 20 jours, chaque jour étant représenté par un hiéroglyphe spécifique; on formait ainsi les dates des 260 jours en mettant les numéros de 1 à 13 devant chacun des hiéroglyphes. En plus, les Mayas ont développé un calendrier qui combine les deux précédents, un grand cycle qui est connu sous le nom de la roue du calendrier. C’est un cycle de 52 années solaires (18 980 jours); dans ce calendrier, chaque jour possède une double charge : son numéro et son signe du Haab (calendrier civil) et son numéro et son signe du Tzolkin (calendrier sacré); ainsi définies, les dates ne se répètent qu’à tous les 52 ans. Tous les 52 ans, les Mayas croyaient que le monde recommençait et ils réinventaient en quelque sorte leur monde, souvent en bâtissant une nouvelle pyramide par-dessus l’ancienne. La date de la création du monde (4 Ahau 8 Cumku) est établie selon une complexité du « compte à long terme » dont les détails m’échappent et correspond dans notre calendrier au 11 août de l’an 3114 avant J.C.; selon ce « compte long », l’ère Maya prendra fin le 21 décembre 2012, d’où la fameuse supposition d’une fin du monde annoncée.
Toujours est-il, pour en finir avec la symbolique des chiffres, que la pyramide de Kukulkan fait aussi référence au cycle des 52 ans. En effet, chacun des 9 corps échelonnés est divisé en deux par l’escalier, aboutissant à 18 « sections » sur chaque face, donc 52 pour l’ensemble de la pyramide. De plus, la grande pyramide a été construite en tenant compte de données astronomiques, de telle sorte qu’aux équinoxes de printemps et d’automne, se produit un phénomène évocateur pour les Mayas : la lumière du soleil dessine alors, sur la paroi de l’escalier de la face nord, 7 triangles isocèles de lumière et d’ombre, alternant les uns avec les autres et créant ainsi un effet d’optique qui imite le corps ondulant d’un serpent; or la base des rampes de l’escalier de la face nord est ornée de deux monuments, représentant deux énormes têtes de serpent à plumes (Kukulkan-Quetzalcóatl). Le phénomène optique qui « crée » le mouvement ondulant du corps du serpent signifie la descente symbolique sur terre du dieu Kukulkan, pour marquer le début du cycle agricole et demander la fertilité au dieu Chaac, dont le culte est célébré dans le Puits sacré (cenote), situé à 300 mètres, en vis-à-vis avec la face nord de la Pyramide; Kukulkan vient donc demander la clémence du dieu de la pluie et de l’eau.
Après cette introduction fort intéressante sur la grande pyramide, notre guide Guillermo a perdu de sa verve et nous a fait faire, quasi au pas de course, le parcours de l’immense site. Ce fut le seul de nos guides qui a été payé à l’avance (à cause d’une inspection des guides ce jour-là) et cela a peut-être diminué sa motivation. En tous cas, la nôtre était moindre. Peut-être est-ce une des raisons pour notre manque d’enthousiasme pour ce site? Ou est-ce le nombre imposant de « vendeurs du temple » qui s’y trouvaient et dont la présence enlève tout de même du décorum à l’ensemble du site? Ou à cause de la chaleur, assez accablante ce jour-là (contrairement à la région Puuc, on ne manque pas d’eau ici et il ya beaucoup de « cenote » et d’humidité)? Ou l’accumulation de sites archéologiques vus depuis quelques jours? Le Guide Vert ne donne que 2 étoiles à Chichen Itza; nous sommes d’accord.
Dans l’après-midi, nous nous rendons à un cenote. Un immense météorite serait tombé sur le Yucatan et le golfe du Mexique et aurait laissé des trous circulaires à de nombreux endroits. Comme le sous-sol est ici gorgé d’eau, ces trous ont permis aux Mayas d’avoir facilement de l’eau. Tous sauf Stéphane s’y baigneront : la fraîcheur de l’eau est bienvenue!
Au retour à notre camping dégueulasse, un couple québécois s’est installé à nos côtés. Michel et Lise de St-Eustache terminent un voyage qui les a conduit du Québec jusqu’à la Terre de Feu en pick-up 4x4 avec un chalet ingénieusement installé dans la boîte du camion. Nous passerons une excellente soirée à les écouter raconter ce voyage entrepris en septembre 2007. Ils ont parcouru un peu plus de 60 000 km depuis le début!
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