jeudi 23 avril 2009

FIN DU VOYAGE

Vendredi 13-03-2009- PISTE- CHELEM - 239 km

Après Chichen Itza, nous nous dirigeons vers le golfe du Mexique et décidons de prendre les petites routes, pour atteindre le bord de mer le plus rapidement possible. En chemin, on s’arrête à Izamal, ville coloniale assez particulière, en ce sens que toutes les habitations sont peintes en jaune et ocre. Son nom signifie « lieu d’Izamna », créateur de la vie et divinité importante chez les anciens Mayas et l’on pense que c’était un centre cérémoniel important. Encore aujourd’hui, c’est un lieu de pèlerinage où l’on vient, depuis l’époque coloniale, vénérer la Vierge d’Izamal; le plus grand monastère franciscain du Mexique y a été construit entre 1549 et 1562, sur la base d’une ancienne pyramide. L’église attenante est le plus grand sanctuaire marial du Sud-Est mexicain et le pape Jean-Paul ll y a célébré une messe en 1993, ce qui est évidemment marqué par une statue. Après la visite, nous explorons le marché de la place principale et y découvrons la meilleure boulangerie du voyage. Lisette en partira même avec une recette de quiche, donnée gracieusement par la senora Versailles (et oui, comme le palais!).

La route qui longe le golfe n’est pas particulièrement panoramique, la mer étant souvent invisible et le pavé, plutôt bas par rapport au niveau de l’océan. Tout du long, se succèdent, tantôt des petits villages invitants (mais pas de camping là!), tantôt des marais salants, tantôt des complexes chics de résidences de villégiature; mais tout près, avant d’arriver à la ville de Puerto Progresso, on découvre aussi le pire bidonville du voyage. Chelem, où se trouve notre terrain de camping, n’est pas très riche, certaines rues trahissant même une grande pauvreté, mais notre petit camping est propre, bien aménagé et accueillant.

Le lendemain, samedi, nous explorons les abords. La mer est à un coin de rue, mais la plage est décevante. Personne n’a le goût de s’y baigner. L’eau est belle, mais on y voit des plaques noires dans l’eau, en bordure de la plage. Quelqu’un nous explique que ce sont de grands sacs de sable, installés là depuis une vingtaine d’années. L’objectif était de protéger la plage, lors des tempêtes; par erreur, ils furent installés parallèlement à la plage et non pas perpendiculairement à celle-ci comme cela devait se faire. Ils ne servent à rien et sont une nuisance, à tout le moins sur le plan esthétique. Nous ne comprenons pas pourquoi les gens ne les ouvrent pas pour laisser le sable être emporté par la mer. Mais bon, nous sommes au Mexique et il n’est nécessaire de tout comprendre. Les résidences sont désertes car c’est l’hiver ici. On nous dit qu’il y a foule à l’été.

Avec le collectivo, nous allons à Puerto Progresso, à 5-6 kilomètres de Chelem. Surprise : c’est plein de monde sur le boardwalk et sur la jolie plage. Quelques achats encore. Nous retrouvons ici des vendeurs et vendeuses venus des villages autour de San Cristobal, au Chiapas; encore ici, certains ont le regard éteint ou triste et ce n’est pas la première fois que nous observons cela. Pas facile, la vie pour eux…

Dimanche 15-03-2009- CHELEM – ISLA IGUADA - 398 km

Une journée sans histoire pour aboutir à un beau camping sur le bord de la mer. Dalle de ciment pour s’installer, tous les services; il y a même des douches à l’eau chaude, assez rares dans les campings mexicains. L’ensemble de l’hébergement et du site est conçu pour être accessible aux personnes en chaises roulantes. Mais il faut y mettre le prix : 25$ USA ou 382 pesos la nuit, le plus cher payé depuis le début du voyage. On pensait s’installer pour quelques jours, mais on va réviser nos plans…

Chemin faisant vers ce camping, Joanne a fait un bon coup. Depuis le début du voyage, elle voulait s’acheter des chaises de plage, recouvertes d’un tissage similaire à celui des hamacs; elle en avait vues il y a quelques jours, mais le prix était exorbitant (2000 pesos) dans les endroits touristiques. Manon et Richard les ont aperçues, en vente dans un étal le long de la route, près de Hampolol, à 14 km de Campeche : dans cette boutique artisanale, le prix était de 290 pesos; moyenne différence! Joanne était super heureuse. On ne peut pas en dire autant de Nazir. Mécontent de n’avoir pas réussi à se faire comprendre et de n’avoir pu goûter à des fruits en conserves disposées sur le comptoir, il a eu une petite saute d’humeur; il a promis de revenir au Mexique en sachant parler espagnol, « TABERN….. »; il ne veut pas savoir l’écrire, ni en connaître la grammaire; il veut pouvoir le parler suffisamment acheter ce qu’il veut. Il a pourtant été un négociateur hors-pair durant tout le voyage et a été le meilleur de nous tous pour le marchandage, obligatoire au Mexique, où, sauf rares exceptions, les prix sont multipliés au départ, fixés en prenant pour acquis qu’ils seront révisés à la baisse lors de la négociation.

Lundi 16-03-2009- ISLA IGUADA - VILLAHERMOSA- 235 km

Villahermosa est la capitale de l’état du Tabasco, une ville moderne, bordée par trois rivières importantes, dont la principale est la Grijalva, celle-là même qui coule au fond du Canyon du Sumidero (exploré au début du mois de mars). Nous nous arrêtons ici pour visiter le Parque Museo La Venta, un parc-musée établi dans les années 1950 pour accueillir les ruines archéologiques du site de La Venta, situé plus loin, quasi à la frontière entre l’état de Tabasco et celui de Veracruz. Le site original était menacé par la découverte de pétrole et la construction de raffineries dans cette zone. Grâce aux efforts d’un poète célèbre, Carlos Pellicer, le parc-musée a été créé, en tentant de reproduire un milieu naturel similaire à celui où vivaient les anciens Olmèques durant la période dite préclassique, soit de 1300 à 200 avant Jésus-Christ. Une trentaine de sculptures monumentales sont échelonnées le long du sentier qui sillonne le parc, notamment les colossales têtes olmèques, caractéristiques de cette culture, dont la construction demeure une énigme. C’est un site particulier car les ruines sont vraiment serties dans la forêt et visitées par des animaux inoffensifs- sorte de mélange entre le tapir et le raton laveur- qui se promènent en liberté dans le parc. Au terme du circuit, on trouve un jardin zoologique, où l’on peut voir jaguars, pumas, ocelot, singes et crocodiles; il y a aussi un vivarium et une immense volière où l’on peut pénétrer et admirer les oiseaux typiques de la faune régionale, aras, perroquets et canards de toutes sortes.

Nous camperons à proximité, sur le terrain de stationnement d’un parc aquatique, aménagé pour accueillir quelques véhicules de camping. Le balneario est fermé à notre arrivée : heureusement, car le stationnement aurait été plein; 900 personnes sont venues se baigner aujourd’hui (2800 ont fait de même hier). Les filtreurs ne nous semblent pas très efficaces et l’eau des piscines n’est pas vraiment appétissante. Nous endurerons la chaleur….et les maringouins (des vrais, comme chez nous!).

Mardi 17-03-2009- VILLAHERMOSA-CATEMACO - 294km

Aujourd’hui, nous prenons la route avec un pincement au cœur : c’est la dernière journée du voyage en compagnie de Johanne et Nazir; en effet, nos routes se séparent car ils nous quittent pour « el Norte », souhaitant rentrer à la maison avant la fin du mois. Ils nous accompagnent finalement jusqu’à notre au camping de Catemaco et, non sans émotion, nous nous disons au-revoir.

Au camping, une caravane de 21 gros motorisés arrivait en même temps que nous; ils avaient évidemment réservé et avaient la priorité. Le proprio nous a promis un petit espace. Nous avons été chanceux : il nous a fallu attendre que tous les « gros »soient placés, mais en nous voyant attribuer un site « non officiel », nous avons hérité du plus beau point de vue sur la rivière. On se croirait chez Andrée et Gaston : le terrain est élevé avec une belle rivière en bas! Nos voisins sont des Québécois en safari condo, Annette et Jean-Louis de Blainville. Y aura-t-il des atomes crochus entre un westfalien et un proprio de safari condo? Les premiers contacts le laissent croire. En tous cas, en cette première journée à Catemaco, nous profitons du lieu ; il y a beaucoup, beaucoup d’oiseaux ici; notre connaissance d’oiseaux mexicains est médiocre, mais nous profitons de leur présence et de leurs chants.

Mercredi 18-03-2009 et jeudi 19-03-2009- CATEMACO

Après un avant-midi de farniente, nous partons à pied, nous promener sur le « Malecon », qui borde le très beau et très grand (27km X16 km) lac Catemaco, au centre de la petite ville du même nom. Nous décidons de faire la randonnée en bateau qui nous est proposée; ceci nous permettra de voir une colonie de singes macaques, qui s’est développée sur une île où des chercheurs de l’université ont introduit deux couples, il y a vingt-cinq ans. C’est aussi l’occasion de visiter le Parc écologique éducatif Nanciyaga, qui est, selon le Guide vert, la zone de forêt tropicale humide la plus septentrionale de la planète; nous sommes un peu déçus par la visite, qui nous en apprend moins sur la nature que sur les films qui ont été tournés ici (notamment, Medecine Man, avec Sean Connery); nous avons tout de même vu deux beaux (façon de parler) spécimens de crocodiles. Nous y avons aussi bu de l’eau minérale, à même la source qui y coule.

Une autre observation de la « faune locale » aura lieu au camping, en début de soirée. Dans la pénombre, alors qu’elle sortait de la piscine, Lisette a aperçu un gros insecte noir sur l’un des trottoirs, qui semblait bien être un scorpion. Alertés, les autres arrivent à la rescousse avec lampe frontale et caméra, pour confirmer l’identification de la bête. Après quelques photos, notre manège a alerté à son tour le propriétaire du camping, qui nous a assuré que la morsure de la bestiole n’était pas mortelle : celle du scorpion « brun » peut l’être, mais pas celle du « noir »; et ce disant, d’un preste coup de talon, il a aplati la bestiole dans le ciment du trottoir. C’est ce qu’on appelle un double message! En tous cas, à partir de ce moment-là, personne ne s’est plus promené « pieds nus dans l’herbe »…

Des observations plus plaisantes ont lieu le lendemain. Très tôt le matin, Lisette profite de l’invitation faite par des voisins vermontois, amateurs d’ornithologie. Susan connaît les environs et fait, ce matin-là, une randonnée d’observation, le long de la rivière : fructueuse randonnée, qui permet de voir plusieurs oiseaux typiques de la région –jacana, oropendola, chachalaca-, quatre sortes de martins-pêcheurs, un gros-bec bleu, des colibris, un geai brun, des aigrettes, deux variétés de hérons, des moucherolles, et bien d’autres. Elles sont parties plus de trois heures et l’équipe de secours était sur le point de se former lorsqu’elles sont revenues! Lisette a beaucoup aimé son expérience.

À la fin de l’avant-midi, nous partons en excursion. Avec Richard, Manon, Jean-Louis et Annette (les Safariens Condo : et oui, ce sont des gens très sympathiques…), nous prenons un collectivo en direction de Sontecomapan, à 19 km de Catemaco. Ce transport en commun est le premier de la sorte que nous prenons, bien que nous ayons souvent vu des Mexicains être ainsi véhiculés : il s’agit en réalité d’un petit pick-up et les passagers sont en assis sur des sièges dans la boîte arrière de la camionnette; nous nous sommes faits brasser en masse! Comme disait Annette, les gens pensent qu’on se la coule douce au Mexique, alors qu’on risque notre vie dans des véhicules qui seraient interdits au Québec. Ici, même les écoliers sont souvent transportés de cette manière, debout dans la boîte; inutile de dire qu’ils ne portent pas la ceinture de sécurité…bien que le port de celle-ci soit obligatoire ici dans beaucoup d’états!

À destination, nous avons pris un bateau pour faire l’excursion projetée dans la lagune de Sontecomapan. Notre capitaine et guide, Senor Guzman, nous a d’abord fait circuler dans une étroite rivière, sous des arbres majestueux faisant alcôve au-dessus de la rivière; au sommet de l’un d’eux, une famille de ratons-laveurs…tout à fait comme ceux qu’on a ici. Et tout à coup, sans avertissement pour les photographes, deux magnifiques morphos bleus papillonnent à quelques mètres de nous. Quelle belle seconde!

Notre randonnée se poursuit dans une mangrove, que le Petit Larousse définit comme une «formation végétale caractéristique des régions côtières intertropicales, constituée de forêts impénétrables de palétuviers, qui fixent leurs fortes racines dans les baies aux eaux calmes, où se déposent boues et limons ». Tout un spectacle : de grosses racines enchevêtrées, émergeant de l’eau sur une hauteur de plus d’un mètre, avant de converger vers le tronc des arbres qu’elles nourrissent; les arbres ont l’air d’être plantés sur un méli-mélo de gros câbles baignant dans l’eau! Avec, en prime, de beaux petits crabes rouges agrippés sur quelques-unes de ces racines.

Finalement, la lagune débouche sur l’océan et notre capitaine nous dépose sur une belle plage du golfe du Mexique : la Barra, frontière entre l’eau douce de la lagune et l’eau salée de l’océan. Baignade dans les eaux turquoise et chaudes du golfe. Un endroit rêvé où nous étions presque seuls. Puis, dîner à six sur la plage. Une fort agréable journée!

Vendredi 20-03-2009- CATEMACO

Nous nous préparons pour une autre séparation : Manon et Richard rebroussent chemin et retournent au Sud, sur la côte du Pacifique, où ils rejoindront Suzanne et Bernard, qui y sont installés depuis une dizaine de jours. Eux prévoient rentrer au Québec vers le 20 avril, alors que nous tenons à y être pour le 10- fête de Camille oblige! Nous poursuivrons donc notre route vers le Nord et nous devons récupérer nos vêtements d’hiver (sans compter un grand sac contenant divers achats), que Manon et Richard avaient « hébergés » dans leur grand motorisé: le camper rétrécit à vue d’œil!

Manon et Richard nous ayant quittés, nous passons la journée au camping, à profiter du lieu et à faire lecture et écritures (ce blogue requiert du travail, tout de même!). Peu après, en faisant du rangement, Stéphane découvre une tarentule dans les blocs de soutien (qui servent à mettre le camper à niveau). C’est vraiment dangereux de camper au Mexique…mais pas pour les raisons que la plupart des gens redoutent!

Un souper et une soirée en commun avec Annette et Jean-Louis viennent agréablement terminer cette dernière journée à Catemaco. Safariens et Westfaliens conviennent de se retrouver au même camping à Veracruz, puisque nous partons tous dans cette direction demain.

Samedi 21-03-2009- CATEMALCO- VERACRUZ - 199 km

En route vers Veracruz, nous décidons de faire le petit détour -14 km- pour visiter Tiacotalpan, une petite ville décrite comme pittoresque et cotée « une étoile » au Guide vert. La ville a été prospère à cause de ses activités portuaires et de ses plantations de canne à sucre et elle a eu son heure de gloire au 16è siècle, alors que les Espagnols l’avaient choisie comme chef-lieu d’un grand district. Aussitôt entré dans la ville, Stéphane fait le tour du zocalo, jette un coup d’œil aux édifices coloniaux, fait demi-tour et zip : la visite est terminée! On croit percevoir ici un certain degré de saturation : Stéphane a-t-il hâte de revoir Howick Beach? Peut-être.

Nos amis suivent la recommandation faite l’automne dernier par Monique et Roland: ils se rendent à Alvarado voir le très joli zocalo. Comme convenu, on se retrouve en fin de journée au camping et on partage le souper, en placotant jusqu’à 10h. Vers 11h, alors que nous venons de nous mettre au lit, une discothèque en plein air débute ses activités; elle est malheureusement située à 400m du camping; nos tympans seront très sollicités jusqu’à 2h du matin. Nous pensions avoir trouvé un superbe camping, un peu sauvage sur le bord de la mer avec comme seule musique celle des vagues. Quelle erreur! Nous aurions dû aller danser!

Dimanche 22-03-2009- VERACRUZ – COSTA ESMERALDA 113 km

Nous quittons nos nouveaux amis du Safari Condo et remontons la côte du golfe. Eux se dirigent vers Puebla, Teotihuacan et Querétaro avant de quitter le Mexique.

Sur la Costa Esmeralda, il y a une quinzaine de campings. Comment choisir le plus meilleur? Lisette en propose un : refus de Stéphane. Après en avoir vu quelques autres, il doit admettre qu’elle a encore raison. Nous campons à Las Casitas del Tajin, trois belles villas divisées en unités locatives, sur le terrain desquelles on a aussi aménagé une dizaine de sites de camping, touts pavés en « coblestones » : très bel environnement, verdoyant, peu achalandé; nous avons une vue superbe, directement sur la mer. Nous nous installons ici pour deux jours, question de profiter une dernière fois de la mer avant de remonter vers le Nord.

Lundi 23-03-2009- COSTA ESMERALDA

Farniente, marche sur la plage, baignade dans la piscine, nous profitons du site idyllique. Du moins, c’est ce que nous faisons jusque vers la fin de l’après midi, alors que le vent, qui s’est levé depuis le midi, ressemble de plus en plus à un vent de tempête. Sable et sel sont balayés avec intensité et nous forcent à prendre notre repas à l’intérieur du camper. Nous ne prenons aucun risque et décidons de déménager : nous fermons le toit et déplaçons le véhicule pour nous mettre à l’abri du vent, derrière l’une des villas inoccupées. Comme nous avons rassemblé tous nos effets, le départ du lendemain matin se fera tôt.

Mardi 24-03-2009- COSTA ESMERALDA- TAMPICO 393 km

Nous quittons la Costa Esmeralda sans trop de regret, même si la température est super belle. Visite du site archéologique d’El Tajin au programme de la journée. Nous y sommes tôt mais la chaleur est déjà suffocante. El Tajin a vécu son apogée de 800 à 1150 après J.C.; ici vécurent alors environ 25 000 personnes. Stéphane s’attendait à voir des ruines encore plus grandioses que les précédentes, étant donné qu’il s’agit d’un site dont l’apogée a été postérieure aux autres; il est un peu déçu. Un effet de la saturation encore?

À ce jour, on a découvert ici 168 édifices et 17 jeux de pelote; c’est le site archéologique qui en comporte le plus grand nombre. La caractéristique principale de plusieurs édifices est qu’ils sont ornés de niches et de grecques; ces grecques nous parassent moins belles et sont certainement moins variées que celles que nous avons vues à Mitla. La Pyramide des Niches est très différente des autres pyramides vues antérieurement car elle est composée de 365 niches, le nombre de jours de l’année solaire : cette pyramide est le symbole d’El Tajin.

Vers la fin de notre visite, surprise : un premier morpho bleu. Lisette part à la chasse avec sa caméra. Nous en verrons 4 au total. Une photo un peu floue en témoigne : c’est rapide, un papillon!

Le départ hâtif de la matinée nous permet d’atteindre Tampico aujourd’hui, un jour plus tôt que prévu. Sur la 180 qui nous y mène, nous voyons défiler une centaine de voitures accidentées, remorquées une à une, c’est-à-dire attachées par un câble et tirées par une autre voiture : ce sont des voitures que des Mexicains importent des États-Unis, certaines pour les pièces, d’autres pour être réparées et revendues.

Mercredi 25-03-2009- TAMPICO- SAN FERNANDO DE PRESSAS 402 km

Parti tôt, nous avons opté pour bifurquer sur la 83 vers Ciudad Victoria, au lieu de poursuivre sur la 180 dont la chaussée n’est pas toujours de très bonne qualité. Excellent choix. Même si nous devons parcourir 30 km de plus, nous sommes sur une route soit à 4 soit à 3 voies, du début à la fin. Nous aurions pu traverser la frontière aujourd’hui, mais il est déjà près de 15h00 et nous arriverions tard au Texas; de plus, il nous reste du bœuf et des fruits, qui ne passeraient pas la frontière. Donc, pas de gaspillage : nous quitterons le Mexique demain.

Jeudi 26-03-2009- SAN FERNANDO DE PRESSAS- PHARR, TEXAS - 163 km

Ça y est : nous traversons la frontière américaine, sans fouille ni problème; à peine 3$ de taxes texanes à payer pour nos quatre bouteilles de vin.

Nous sortons du Mexique heureux de ce que nous avons vu. Nous voulions voir des villes coloniales, des sites archéologiques, des papillons et un peu de plage. C’est fait et nous avons maintenant une petite idée de ce pays presque voisin.

Nous avons trouvé les Mexicains gentils, travaillants, débrouillards; peu à voir avec le préjugé du Mexicain indolent qui est parfois exprimé. Johanne et Lisette s’exprimant en espagnol, cela a facilité un contact plus direct et nous a sûrement aidés à mieux apprécier les gens.

Nos coups de cœur ont été le Chiapas –pour sa nature; les villes d’Oaxaca, de Patzcuaro et de Guanajuato, pour leur charme; la ville de Mexico, pour sa verdure et son musée d’anthropologie; Uxmal, Palenque et Monte-Alban pour la beauté de ces sites archéologiques. Sans compter les bougainvilliers, les jacarandas et autres arbres en fleurs, qui enjolivent le paysage un peu partout au Mexique.

Nous avons peu de « prix citrons ». Le premier concerne les salles de bains de certains campings, qui laissent vraiment à désirer. Le second s’applique aux feux de vidanges : faute de système adéquat de collecte de vidanges, on les brûle, avec le résultat qu’on imagine au niveau du parfum. Selon Manon et Richard, qui n’en étaient pas à leur premier voyage au Mexique, la situation s’est considérablement améliorée à l’égard de la « gestion des vidanges » depuis deux ans. Il y a donc de l’espoir!

Nous avons fait de belles rencontres durant le voyage : des Mexicains, mais aussi des Québécois, des Canadiens de plusieurs provinces, quelques braves Américains- les quelques-uns qui n’ont pas peur de leurs voisins du Sud. Certaines de ces rencontres continueront de nous habiter pour longtemps!

On construit beaucoup au Mexique. Toute l’infrastructure routière semble en plein déploiement : il y a tellement de construction de routes ici qu’il sera bientôt encore plus agréable d’y voyager (Stéphane espère que disparaissent les « */&?%* de TOPES », dos d’âne omniprésents dans toutes les villes et villages comme réducteurs de vitesse). Si nous revenions, nous irions à nouveau à Patzcuaro et à Guanajuato que nous avons vues un peu trop rapidement. Nous visiterions aussi ce que nous n’avons pu voir dans ce premier survol : San Miguel de Allende, Zacatecas, Real de Cartorce, Taxco, Copper Canyon, la partie ouest de la côte du Pacifique, et sans doute, bien d’autres belles régions. Mais, en attendant, nous sommes bien heureux de rentrer chez nous!

Jeudi 26-03-2009 à mercredi 08-04-2009 TRAVERSÉE DES USA- 4401 km
Nous voulions y aller mollo pour rentrer au pays, question de ne pas rouler sans arrêt. Comme convenu au départ, nous retrouvons d’abord Monique et Roland -les autres grands-parents de Camille-, à Weslaco, Texas. Nous y ferons une halte de quelques jours, au cours desquels nous découvrons quelques-uns des nombreux sites d’observation ornithologique de la région. Nous retournons même passer une journée au Mexique -juste en face de Weslaco- en compagnie de Monique et Roland, qui y font depuis plusieurs années un bénévolat fort généreux. Nous avons aussi la chance que des amis- Myreille et Pierre, Westfaliens eux aussi, campés au Texas, viennent nous rejoindre à Weslaco: nous ferons ensemble le voyage de retour, ce qui sera fort agréable.
Le lundi 30 mars, nous entreprenons la remontée, ponctuée de pauses-découvertes : deux jours à San Antonio (Texas), sorte de petite Venise américaine, fort agréable; une demi-journée au fascinant Houston Space Center; un petit détour par Bâton-Rouge; la visite d’une magnifique plantation (Rosedown) avec des allées de chênes bicentenaires absolument magnifiques. Nous avons emprunté la Natchez Trace Parkway sur toute sa longueur (425 milles), entre Natchez (Mississipi) et Nashville (Tennessee); à mi-chemin, à Tupelo, nous en avons profité pour visiter la maison natale d’Elvis. Sous la pluie, nous avons renoncé à « marcher » la jolie ville d’Abingdon, en Virginie, mais avons tout de même fait une petite incursion sur le Blue Ridge. Au nord de la Virginie, le 7avril, nous disons au revoir à nos amis, qui rentrent à la maison ce jour-là. Nous poursuivons notre route vers Ithaca, dans le sud de l’état de New York et rendons visite à une amie, avant de rentrer à notre tour à la maison…d’où nous écrivons ce dernier message.
Salutations à tous et chacun de vous qui avez eu la patience de nous lire et au plaisir de communiquer avec vous de façon tangible et directe,

Lisette et Stéphane











samedi 4 avril 2009

ENCORE BEAUCOUP DE RUINES ...

Lundi 09-03-2009- PALENQUE-CAMPECHE – 360 km

Bernard et Suzanne restent un jour de plus à Palenque, parce qu’ils ont le projet de retourner sur la plage, à Puerto Escondido. Nous faisons nos au-revoir, car le reste du groupe se dirige vers Campeche. Route tranquille en terrain plat, conduite beaucoup moins difficile que dans les montagnes. L’inspection des aliments à l’entrée de la péninsule du Yucatan coûte quelques œufs, quelques saucisses hot dog. Une cinquantaine de kilomètres plus loin, à Escarcega, on souhaite la bienvenue aux touristes d’une manière plus intéressante, avec la « Puerta de la Entrada al Mundo Maya », un très beau « Welcome Center » (le deuxième que nous voyons depuis notre entrée au Mexique). Un peu plus loin, la route aboutit sur le bord du Golfe du Mexique, que nous suivrons sur une soixantaine de kilomètres avant d’arriver à notre destination, le camping du Club Nautico de Campeche : ça a beau n’être pas le Pacifique, les couleurs variées de l’eau du Golfe sont magnifiques, du bleu au turquoise à l’émeraude.

Depuis notre arrivée au Mexique, la chaleur était le plus souvent sèche. Dans la péninsule du Yucatan, nous reconnaissons rapidement la chaleur humide de nos étés. C’est pourquoi nous rêvons toute la journée de la piscine grandeur olympique décrite par Manon et Richard. DÉCEPTION à notre arrivée au Club Nautico: la piscine est en réfection majeure! Pour les Mexicains, c’est encore l’hiver et club sportif est désert. Il devrait être plus achalandé durant la Semaine Sainte et durant l’été. Nous profiterons toutefois de la vue superbe sur le Golfe, de même que des installations immenses et désertes (salles de bains, salle de douches et salon assez grand pour y faire une noce italienne). La farniente est bonne après cette journée de route tout de même assez longue.

Mardi 10-03-2009- CAMPECHE- UXMAL – 192 km

Campeche est la capitale de l’état du même nom. Le Guide Vert Michelin mentionne qu’elle s’élève au bord du golfe du Mexique, là même où en mars 1517, débarquèrent les premiers Espagnols, sous le commandement de Francisco Hernandez de Cordoba, plus de deux ans avant que Cortés n’entreprenne la conquête du Mexique. Elle fut fondée en 1540, sous le nom de villa de San Francisco de Campeche, sur l’ancienne cité maya Ah Kin Pech, « lieu du soleil ». La ville est devenue prospère grâce à l’exportation de bois précieux vers l’Europe, mais cet essor commercial et portuaire suscita l’intérêt de corsaires (parfois soutenus par des gouvernements européens) ou de pirates : ceux-ci dévastèrent, pillèrent et incendièrent la ville à plusieurs reprises. C’est pourquoi, entre 1685 et 1704, la couronne d’Espagne fit ériger des remparts, des bastions, des forts sur les collines et des batteries en bord de mer. Aujourd’hui, les vestiges de ces fortifications hexagonales séparent la vieille ville des quartiers modernes. Plusieurs des bastions et forts abritent maintenant des musées. À l’entrée de Campeche, nous visitons le Fuerte de San Miguel, perché au sommet d’une colline, avec terrasse et tours de guet surplombant le golfe et la ville; la demi-douzaine de salles intérieures contiennent de très belles pièces précolombiennes, trouvées sur les différents sites archéologiques de l’état. Notre connaissance des Mayas s’améliore; nous pensons que nous pourrons répondre facilement à l’examen sur les Mayas à la fin du voyage (l’examen pour les NULS, il va s’en dire!).

La route est ennuyante vers Uxmal. Après les belles montagnes des états du Chiapas et d’Oaxaca, le plat pays ne nous stresse pas trop; c’est une zone de vergers d’agrumes. En approchant de l’état du Yucatan, après le joli village de Belonchen de Rejon, le paysage devient un peu plus accidenté, de petites collines venant rompre la monotonie du paysage. Arrêt aux ruines de Kabah sur la route dite « des Puuc » (signifiant « région montagneuse »), route qui désigne l’une des zones d’Amérique réunissant le plus de sites archéologiques, lesquels correspondent à un style architectural caractéristique. Le style Puuc se distingue par l’arc maya, des édifices aux murs s lisses à la base, avec une partie supérieure ornée de frises en stuc; caractéristique aussi, l’abondance des masques de Chaac, dieu de la pluie représenté avec un long nez en trompette ou en crochet (selon que l’on prie pour demander la pluie ou remercier pour celle Qu’on a reçue). Cette région manque d’eau en permanence depuis des millénaires; les mayas imploraient donc davantage Chaac qu’à Palenque qui est en pleine forêt tropicale; de plus, ils ont développé dans cette région une série de citernes (chultun), creusées dans le sol, qui permettaient de recueillir et stocker l’eau de pluie; on en trouve des vestiges dans les sites de la route Puuc.

Kabah est le début de cette route Puuc, qui comporte également Uxmal, mais aussi des centres plus petits comme Sayil, Xlapak, Labna. Notons que le Palacio de Bellas Artes, à Mexico, a été décoré semble-t-il en s’inspirant partiellement du style Puuc. Par ses dimensions, Kabah, le «seigneur à la main forte et puissante », fut le deuxième centre cérémoniel maya de la zone Puuc. Sur la place principale, en quadrilatère, s’élève notamment un imposant palais construit en plate-forme à trois niveaux, le Codz Pop (« la natte enroulée »), appelé aussi le palais des Masques; il est extraordinaire par sa façade comportant plus de 100 masques de Chaac, ce qui lui donne un aspect baroque. Un peu à l’écart du site, on découvre une arche de 10 mètres de haut, qui marquait probablement le début du sacbé (chemin cérémoniel) de 18 km reliant Kabah à Uxmal. Après cette entrée en matière, nous avons hâte de visiter Uxmal, vers lequel nous nous dirigeons.

Écouter les autres voyageurs est souvent très intéressant et instructif. À notre arrivée à Uxmal en fin de journée, Manon s’est souvenu qu’un voyageur lui avait parlé de l’hôtel Villas Arqueologicas, en indiquant qu’on y accueillait maintenant les campeurs sous certaines conditions. Nous y camperons, sans frais et sans services, dans un coin tranquille et paysagé de la cour de l’hôtel (ancien Club Med); la seule exigence est de consommer au restaurant de la place, ce à quoi nous nous soumettons sans problème. Le souper comporte soit le menu du jour, soit le menu turistico; nous dégustons, qui du « poulet pibil », qui du « chili con carne » à la mode « yucatanétèque ». En plus, nous profitons de la belle piscine aménagée dans la cour intérieure au décor tropical, où se trouve aussi le restaurant; et en prime, nous avons accès au wifi. Le grand luxe et pas de vaisselle à faire ce soir!

Le lendemain matin, le gérant de l’hôtel, Alejandro, vient nous saluer pour s’enquérir de notre satisfaction et surtout, nous informer que le même service est accessible dans les quatre autres Villas Arqueologicas, situées à proximité de sites archéologiques importants. Très bel et charmant homme, ce gérant (de l’avis unanime des trois femmes du groupe). Donc, excellent camping à tous égards!

Mercredi 11-03-2009- UXMAL- PISTE 160 km

Tôt le matin, nous visitons le site archéologique d’Uxmal, situé à quelques pas de notre campement. Nous le faisons en compagnie d’un guide dont la connaissance de la langue française est telle qu’il peut faire des blagues dans notre langue. Entre autres, en nous décrivant les différents usages quotidiens du hamac (chaise, table de travail, séchoir à grains, lit, berceau), il ajoute que la nuit, ils deviennent hamacs-sutras…

Dès l’entrée sur le site, on voit une pyramide haute de 35 mètres à base elliptique, dite pyramide du Devin, parce qu’elle aurait, selon la légende, été bâtie par un nain en une nuit; la légende veut que ce nain soit devenu roi, parce qu’il avait deviné et résolu plusieurs énigmes Cette pyramide serait l’un des plus beaux édifices du monde précolombien; il n’est plus permis de l’escalader, mais on peut admirer ses façades décorées.

Aussi impressionnant : le Quadrilatère des Nonnes, ainsi nommé par les Espagnols, à cause de sa ressemblance avec la cour intérieure des monastères. C’est une grande place rectangulaire, délimitée aux quatre coins cardinaux par quatre édifices de hauteurs différentes; en dépit de cette différence de niveau, la corniche intermédiaire des quatre édifices est alignée; cette corniche symbolise la frontière entre le monde, l’inframonde; les trois niveaux apparents des quatre édifices représentent, du bas vers le haut, l’inframonde, le monde et le supramonde, celui des dieux et des rois.

Chacun de ces édifices présente une décoration élaborée sur sa frise supérieure, dont les détails et la symbolique sont bien expliqués par notre guide. L’édifice au nord est le plus élevé et possède 26 chambres avec une frise pleine de personnages, oiseaux, singes et des colonnes portant chacune quatre masques de Chaac; on se rappellera que la région souffre de sécheresse constante et que le dieu de la pluie est omniprésent. À l’ouest et à l’est, les deux bâtiments que se font face sont d’égale hauteur; des masques de Chaac et des serpents ornent leurs façades; sur l’édifice ouest, deux longs serpents à plumes glissent le long de la frise, ce qui aurait été ajouté à une période ultérieure à la construction de l’édifice et traduirait l’influence de Teotihuacan sur Uxmal (Quetzalcóatl, le serpent à plumes, est le dieu aztèque du vent, de la vie, de la fertilité, l’inventeur du maïs et de l’agriculture; Kukulkan, est son équivalent chez les Mayas et est la principale divinité). Enfin, l’édifice au sud, le plus bas, est percé d’une magnifique arche, qui nous fait passer vers une autre place et apercevoir les autres édifices du site, notamment une autre grande pyramide du haut de laquelle la vue est splendide.

Peut-être à cause du guide, mais certainement à cause de la beauté du site, Uxmal sera l’un de nos coups de cœur « archéologiques », avec Palenque, Monte Alban et Teotihuacan! Il nous faut toutefois aller de l’avant et, vers l’heure du midi, nous partons vers Chichen Itza en prenant des petites routes; nombreux topés « agressifs », du moins pour la suspension de notre véhicule. En arrivant à Pisté, le camping (le seul de la région) est complètement désolant, un terrain vague, derrière un hôtel, qui n’a pas vu le râteau depuis un bon bout de temps; des toilettes existent mais pas question de les utiliser; heureusement, nous avons accès à la piscine de l’hôtel voisin et elle est propre, bien que remplie seulement aux trois-quarts.

Le camping sera la première de nos déceptions. Le soir, nous allons au spectacle « sons et lumières », sur le site archéologique de Chichen Itza; malheureusement, à notre arrivée, les appareils de traduction simultanée sont tous loués, la majorité d’entre eux ayant été réservés par une agence de tours organisés. Nous assisterons, sans trop comprendre, à un spectacle qui nécessiterait la touche géniale de Robert Lepage pour rehausser sa qualité.

Le lendemain matin, nous partons à la découverte du site, dont la réputation est mythique. Le site, de fait, est immense et s’ouvre par le Château (el Castillo), la pyramide de Kukulkan, haute de 24 mètres, construite sur une base carrée, sur laquelle se superposent neuf corps échelonnés, avec un temple au sommet de la structure. Chaque face de la pyramide comporte un escalier central de 91 marches. Comme nous l’explique le guide Guillermo, il y a là toute une symbolique reliée à des nombres importants chez les Mayas. Ainsi, les 91 marches sur chacune des faces font un total de 364, auquel on ajoute 1, en tenant compte du palier correspondant au temple supérieur. Les Mayas avaient calculé, d’après leur observation du soleil, une année presqu’exacte de 365 jours (la différence avec notre calendrier actuel est de 17 secondes 28 centièmes!); c’était là leur calendrier civil ou Haab, constitué de 18 mois de 20 jours et d’un mois de 5 jours (ce dernier consacré à du jeûne et de la pénitence). Chaque mois est représenté par un hiéroglyphe, et chaque jour, par un numéro de 1à 20 (et 1à 5 pour le 19è).

Notons que les Mayas avait aussi un calendrier sacré, le Tzolkin, le plus important pour eux. Ce calendrier n’était pas divisé en mois; c’était un calendrier de 260 jours, 13 numéros et 20 jours, chaque jour étant représenté par un hiéroglyphe spécifique; on formait ainsi les dates des 260 jours en mettant les numéros de 1 à 13 devant chacun des hiéroglyphes. En plus, les Mayas ont développé un calendrier qui combine les deux précédents, un grand cycle qui est connu sous le nom de la roue du calendrier. C’est un cycle de 52 années solaires (18 980 jours); dans ce calendrier, chaque jour possède une double charge : son numéro et son signe du Haab (calendrier civil) et son numéro et son signe du Tzolkin (calendrier sacré); ainsi définies, les dates ne se répètent qu’à tous les 52 ans. Tous les 52 ans, les Mayas croyaient que le monde recommençait et ils réinventaient en quelque sorte leur monde, souvent en bâtissant une nouvelle pyramide par-dessus l’ancienne. La date de la création du monde (4 Ahau 8 Cumku) est établie selon une complexité du « compte à long terme » dont les détails m’échappent et correspond dans notre calendrier au 11 août de l’an 3114 avant J.C.; selon ce « compte long », l’ère Maya prendra fin le 21 décembre 2012, d’où la fameuse supposition d’une fin du monde annoncée.

Toujours est-il, pour en finir avec la symbolique des chiffres, que la pyramide de Kukulkan fait aussi référence au cycle des 52 ans. En effet, chacun des 9 corps échelonnés est divisé en deux par l’escalier, aboutissant à 18 « sections » sur chaque face, donc 52 pour l’ensemble de la pyramide. De plus, la grande pyramide a été construite en tenant compte de données astronomiques, de telle sorte qu’aux équinoxes de printemps et d’automne, se produit un phénomène évocateur pour les Mayas : la lumière du soleil dessine alors, sur la paroi de l’escalier de la face nord, 7 triangles isocèles de lumière et d’ombre, alternant les uns avec les autres et créant ainsi un effet d’optique qui imite le corps ondulant d’un serpent; or la base des rampes de l’escalier de la face nord est ornée de deux monuments, représentant deux énormes têtes de serpent à plumes (Kukulkan-Quetzalcóatl). Le phénomène optique qui « crée » le mouvement ondulant du corps du serpent signifie la descente symbolique sur terre du dieu Kukulkan, pour marquer le début du cycle agricole et demander la fertilité au dieu Chaac, dont le culte est célébré dans le Puits sacré (cenote), situé à 300 mètres, en vis-à-vis avec la face nord de la Pyramide; Kukulkan vient donc demander la clémence du dieu de la pluie et de l’eau.

Après cette introduction fort intéressante sur la grande pyramide, notre guide Guillermo a perdu de sa verve et nous a fait faire, quasi au pas de course, le parcours de l’immense site. Ce fut le seul de nos guides qui a été payé à l’avance (à cause d’une inspection des guides ce jour-là) et cela a peut-être diminué sa motivation. En tous cas, la nôtre était moindre. Peut-être est-ce une des raisons pour notre manque d’enthousiasme pour ce site? Ou est-ce le nombre imposant de « vendeurs du temple » qui s’y trouvaient et dont la présence enlève tout de même du décorum à l’ensemble du site? Ou à cause de la chaleur, assez accablante ce jour-là (contrairement à la région Puuc, on ne manque pas d’eau ici et il ya beaucoup de « cenote » et d’humidité)? Ou l’accumulation de sites archéologiques vus depuis quelques jours? Le Guide Vert ne donne que 2 étoiles à Chichen Itza; nous sommes d’accord.

Dans l’après-midi, nous nous rendons à un cenote. Un immense météorite serait tombé sur le Yucatan et le golfe du Mexique et aurait laissé des trous circulaires à de nombreux endroits. Comme le sous-sol est ici gorgé d’eau, ces trous ont permis aux Mayas d’avoir facilement de l’eau. Tous sauf Stéphane s’y baigneront : la fraîcheur de l’eau est bienvenue!

Au retour à notre camping dégueulasse, un couple québécois s’est installé à nos côtés. Michel et Lise de St-Eustache terminent un voyage qui les a conduit du Québec jusqu’à la Terre de Feu en pick-up 4x4 avec un chalet ingénieusement installé dans la boîte du camion. Nous passerons une excellente soirée à les écouter raconter ce voyage entrepris en septembre 2007. Ils ont parcouru un peu plus de 60 000 km depuis le début!