jeudi 19 février 2009

MEXICO

Mardi 17-02-2009 et Mercredi 18-02-2009 à MEXICO

À partir de Teotihuacan, bus et métro nous amènent au Zocalo de Mexico, qui se nomme aussi Plaza de la Constitucion. Stéphane s’attendait à une place avec arbres et fleurs; ce sont des dalles de ciment qui recouvrent la place. Première petite déception. Deuxième surprise: la cathédrale est croche, surtout son Sagrario (Sacristie, en fait grosse chapelle latérale). En marchant à l’intérieur de la cathédrale, on perçoit facilement que ce n’est pas du tout droit. Mexico est bâtie sur un ancien lac asséché. Tout Mexico a des problèmes car le fond n’est pas solide; cela, sans compter l’effet du tremblement de terre de 1985.

Un trajet de 3 heures dans un Bus Turistico change rapidement les préjugés que nous avions sur cette méga-métropole. Dans le très vaste centre historique et dans les quartiers avoisinants que nous avons parcourus, Il y a beaucoup d’arbres, de places fleuries, de grands boisés, de belles et larges avenues, de belles fontaines, de nombreux monuments. C’est une très belle ville. C’est aussi très propre; beaucoup de balayeurs de rues sont constamment à l’œuvre; en plus, dans toutes les villes et villages, ici, les gens font ce que le maire Tremblay aimerait voir les Montréalais faire : ils balaient leur perron, le trottoir et la rue itou. Nous avions constaté cette propreté dans le métro : un métro qui par ailleurs, roule sur des pneus comme à Montréal; d’ailleurs certains wagons ont été fabriqués par Bombardier.

Aux abords de la ville, il y a du monde partout. La circulation est toujours dense; l’heure de pointe ne semble plus finir et est particulièrement sensible au retour : 45 minutes d’autobus pour nous rendre le matin vers 10h00, 1h40 le soir au retour; qu’on parte du terminus à 18h30 ou 19h30 ne fait aucune différence; à 21h00 sur le périphérique, c’est encore la congestion totale; ne pas s’y aventurer si on est un touriste, surtout avec un camper. Et on ne parle pas des trains du métro aux heures de pointe : faut pas être claustrophobes; nous avons laissé passer quelques trains, trop bondés, et n’avons pas trop souffert de cette densité. Il faut dire que plus de 6 millions de personnes utilisent le métro chaque jour. Dans la ville, les artères principales sont aussi très achalandées, mais on a malgré tout une sensation d’espace, tant sont larges les avenues, les places publiques et les espaces verts.

Nous visitons le Palacio de Bellas Artes, réputé pour les œuvres de six grands muralistes du Mexique qui en ornent l’intérieur, de style Art Déco; l’édifice lui-même, en marbre de Carrare, est très beau et date du début du XXè siècle. Nous prenons un dîner léger au restaurant du Palacio : « budin poblano », une sorte de lasagne à base de tortillas empilées, avec une garniture de poulet à la sauce verte – piment poblano et pesto de coriandre; délicieux; le « pastel chocolate intenso » déçoit cependant Stéphane, car le goût du chocolat est loin d’être intense; ça est loin de battre son fameux morceau dégusté lors du Carnaval de Québec, il y a deux ans, n’est-ce pas, André et Manon? Ainsi sustentés, nous marchons rapidement vers le Palacio National, où il faut voir les murales qui racontent l’épopée du Mexique, telle qu’illustrée par Diego Riviera, dans des fresques auxquelles il a consacré 25 ans de sa vie.
Ici, palais du gouvernement oblige, on nous fouille; on saisit le canif de Stéphane; on exige une pièce d’identité avec photo; nous présentons comme pièce d’identité notre copie de permis de conduire qui date de Ciudad Victoria; ça passe comme dans du beurre! Lisette engage une guide qui a à peine un peu plus de 30 minutes avant la fermeture pour nous raconter les fresques. Comme c’est moins cher et surtout, plus rapide en espagnol (la guide parle aussi français), Lisette l’a engagée en espagnol. Pauvre Stéphane. Son débit rapide sera pour lui très éprouvant; se concentrer pour un vieux retraité en fin de journée comme ça, c’est dur. Mais la charmante guide devait utiliser des mots simples, le vieux a compris 80% des explications. Peut-être que les œuvres parlent aussi beaucoup. Donc un crash-course sur l’histoire des peuples qui ont formé le Mexique d’aujourd’hui; sur les héros de l’indépendance (1810); sur les défenseurs de la patrie lors de la guerre contre les États-Unis (1847), ayant abouti au traité qui a permis à l’envahisseur d’acheter – pour une somme ridicule- et d’annexer une grande partie du territoire mexicain (Californie, Nouveau-Mexique, Texas, Utah, Arizona, une partie du Colorado); de la Révolution de 1910, pour renverser le régime économiquement libéral mais politiquement répressif de Porfirio Diaz. En sortant, sur la place du Zocalo, nous avons droit à une représentation impromptue d’une danse cérémonielle réalisée par des danseurs et danseuses indigènes en vêtements d’apparat.

C’est incroyable que, dans les écoles d’Amérique du Nord, on nous enseigne si peu de choses sur l’histoire de la portion sud de notre continent, surtout sur la période d’avant Christophe Colomb et d’avant Cortés et sur les grandes réalisations des civilisations indigènes. . Il y a un mouvement de renaissance des nations indiennes, qui s’exprime à travers diverses manifestations. Ici comme chez nos, ils sont généralement plus pauvres que la moyenne de la population; ils le seraient encore davantage, dans les villages, s’ils ne pratiquaient pas une forme de bénévolat « obligatoire », qui contraint les hommes et les adolescents d’une communauté donnée à contribuer l’équivalent d’une journée de travail par semaine –généralement le lundi- à des travaux communautaires.

Nous retournons à Mexico le lendemain et passerons la journée au Musée National d’Anthropologie. Magnifique musée moderne, s’étalant certainement sur près de 500 mètres de long par 250-300 de large, les salles étant construites autour d’une immense place rectangulaire, qui forme donc une cour intérieure; cette place est dominée par une immense fontaine, aussi haute que les édifices de deux étages; elle est en forme de champignon ou de parapluie, d’où l’eau s’écoule comme d’un gigantesque pommeau de douche. Très beau. Et oui, Gilles, ta sœur a lu beaucoup de pancartes et s’est rincé l’œil en masse en explorant –audio-guide à la main- cet extraordinaire musée. Jusqu’à ce jour, nous n’avons visité que Tula et Teotihuacan comme sites archéologiques. Mais, ce musée nous décrit tous les sites importants à voir dans ce pays. Il y a beaucoup de reproductions de même que des objets originaux tirés des fouilles archéologiques provenant de tous ces sites. L’histoire et la vie quotidienne de ces peuples fondateurs nous est racontée, salle par salle, Aztèques (ou Tenochs ou Mexicas), Mayas, Teotihuacanos, Toltèques, Olmèques, peuples des différentes régions du territoire mexicain (ainsi que nous l’avions précédemment appris au Musée Amparo de Puebla!). Beaucoup de belles céramiques, dont le raffinement impressionne. Nous avons, encore une fois, mangé sur place : Lisette apprécie de plus en plus les plats épicés qui font partie du menu quotidien ici. Selon Richard, plus c’est piquant, plus ça tue les microbes. Pas sûr!

En ce second jour, pour éviter de nous faire remarquer, nous nous sommes habillés en mexicains : pantalons longs, souliers fermés, chemise ou blouse à manches courtes. La veille, nous étions en shorts et en sandales : nous étions des touristes facilement identifiables. Ce déguisement nous a valu d’avoir chaud, très chaud. Et encore, nous ne portions pas de manteaux comme la plupart des gens ici, car pour eux c’est l’HIVER! Cette chaleur a ajouté à la fatigue de la journée et nous avons renoncé à l’idée de rester en soirée pour voir les Ballets folkloriques mexicains, en représentation au Palacio de las Bellas Artes les mercredis et les dimanches.

Nous avons beaucoup aimé nos deux jours à Mexico. Il y a beaucoup à voir ici et nous espérons y revenir un jour. Même si nous revenions en camping, à partir de la banlieue, nous réserverions une chambre, pour la durée du séjour à Mexico, dans un hôtel au centre-ville. Il y tellement de monde dans le métro et la circulation est telle que, même comme passager, c’est fatiguant. Sans compter que, Ici comme dans toutes les grandes villes du pays, les amuseurs et « troubadours » de toutes sortes gagnent leur vie en faisant de petits spectacles dans les autobus; dans le bus de retour à Teotihuacan, mardi soir, un jeune troubadour nous a chanté un succès connu de tous : « Et j’ai crié, crié-é Aline pour qu’elle revienne… » AH! Que de souvenirs!

En terminant, une petite information au sujet des postes d’essence. Nous avions lu que peu de Pemex acceptaient les cartes de crédit. Depuis notre arrivée en sol mexicain, 90% des pleins d’essence ont été payés avec notre visa; ça change donc. Et cela nous permet de moins fréquenter les guichets automatiques.

Dans un autre ordre d’idées, nous tenons à féliciter notre filleul Jean-François pour son acquisition d’un Vanagon avec lequel il devrait faire de merveilleux voyages. Bienvenue dans la famille des westfaliens. Nous souhaitons à Jean et Lucie – les vendeurs du dit véhicule- de trouver rapidement le « remplaçant «Eurovan » convoité. Sinon, tous les westfaliens vont s’ennuyer de vous, Lucie, Jean, Catherine, l’été prochain!

Jeudi 19-02-2009- TEOTIHUACAN-CHOLULA- 132 km

De retour près de Puebla, la ville des Jetta, pour nous rapprocher un peu de notre prochaine destination. Nous partirons demain pour Oaxaca, où nous passerons quatre jours. Au programme aujourd’hui : repos et rédaction du blogue; choses faites!


lundi 16 février 2009

Vendredi 06-02-2009- PLAYA AZUL à PATZCUARO – 331 km

Il était temps de quitter Playa Azul : un coq s’amusait à chanter de 11h le soir à 6 h le matin; Johanne était prête à payer quelqu’un pour le voir trépasser. Il y avait aussi les nuits très chaudes qui perturbaient le sommeil des plus nordiques d’entre nous. Et le jour, des odeurs persistantes de pot nous rappelaient les années 70.

En suivant les conseils de plusieurs voyageurs rencontrés, nous prenons la 37-cuota (autoroute payante) pour la première moitié du parcours car il faut traverser la Sierra Madre Del Sur. Pour les conducteurs, les paysages sont très agréables; ils peuvent enfin admirer à leur guise le paysage, les montagnes, les vallées et les super beaux ponts. Malheureusement, nous la quittons un peu trop rapidement et nous nous retrouvons sur une route des plus sinueuses, la Mex-120. Le sigle VW sur notre volant est le plus souvent à l’envers. Les conducteurs se concentrent au max sur l’asphalte qui serpente de gauche à droite tout en montant et descendant. Stéphane en sort complètement déboussolé et étourdi, comme s’il avait assisté à un film avec caméra à l’épaule; il devra se reposer au camping durant le jour suivant, pour permettre à son balancier intérieur de se stabiliser.

En ce samedi matin, c’est donc un groupe amputé de l’un de ses membres qui part à la découverte de Patzcuaro. C’est jour de marché et c’est assez pittoresque de se promener entre les très nombreux étals de fruits, légumes, poissons et objets d’artisanat. Mais en débarquant du « colectivos » qui, pour 4,5 pesos nous a amenés du terrain de camping jusqu’au centre, c’est la plaza Gertrudis Boca Negra qui retient notre attention, nommée en honneur d’une héroïne de l’Indépendance. La bibliothèque du même nom, sur cette place dite petite (plaza chica), est située dans une ancienne église et est remarquable en raison d’une peinture murale qui couvre tout le mur nord de ce qui était la nef; la peinture retrace l’histoire de l’état du Michoacan; elle illustre l’arrivée des Indiens, mais aussi l’arrivée des Espagnols, les cruautés subies par les Indiens aux mains des conquérants, puis l’Indépendance et la Révolution. Impressionnante, quoique moins expressive artistiquement que celle de Guadalajara.

Puis, tous reprennent le « colectivos » en direction du Lago de Patzcuaro et l’île de Janitzio; Lisette fait une halte au camping pour vérifier l’état de son « vieux », qui n’est toujours pas en état de faire le touriste; elle tentera par la suite de rejoindre le reste du groupe mais visitera finalement seule la fameuse île, bien que partageant le même itinéraire et quasi le même horaire que le reste du groupe qui l’a devancée. L’île est petite, comme un gros piton du Bic, et est surmontée d’une énorme statue de José Maria Morelos y Pavon, un autre héros de l’Indépendance, dont le bras levé domine le paysage et se voit de loin; la sculpture de 130 pieds de haut aurait été qualifiée, selon le guide AAA, de «quite an accomplishment in ugliness ». Depuis le débarcadère, il faut constamment monter les petites rues qui serpentent jusqu’au monument, ruelles évidemment couverte d’habitations et surtout, d’innombrables petits commerces attrape-touristes; on se demande comment ils font pour tous survivre! Dans le bras levé de la statue de Morelos, on se trouve comme dans un phare dont les murs sont couverts d’une cinquantaine de scènes, sur cinq étages, illustrant la vie du prêtre devenu combattant de l’Indépendance et né dans la ville de Valladolid, devenue depuis Morelia en son honneur. En haut de ce bras-phare, la vue sur les environs est très belle. En tous cas, on peut dire que les Mexicains célèbrent leur histoire autant que nous on oublie la nôtre!

Le dimanche, Stéphane est rétabli et, avec Lisette, se retrouve à Patzcuaro. Tous les bâtiments sont de couleurs blanc-crème et rouge; c’est très agréable de marcher la ville. Nous voyons d’abord des funérailles pendant la messe de 11 heures à la Basilica de Nuestra Senora de la Salud; nous remarquons aussi que la tombe est ouverte; assez spécial pour nous. Puis, ce sera le El Sagrario, dont le retable en bois doré du 18è siècle, est coté une étoile au Guide Vert, non sans raison : Lisette apprécie d’une façon particulière, vu que le retable est dédié à Notre-Dame-du Rosaire, sa sainte patronne, célébrée le 7 octobre! Après délibérations, nous décidons finalement de ne pas visiter le Museo de Artes e Industrias Populares, mais y rencontrons une sympathique québécoise, qui voyage seule et en autobus! Nous optons plutôt pour la Casa de los 11 Patios, un ancien couvent des dominicaines, construit vers 1745; nous y laisserons quelques pesos, car il y a maintenant, dans les anciennes cours intérieures, plusieurs belles boutiques artisanales. Face à l’entrée de cette Casa, il y a une murale de 1979 représentant le bienfaiteur de Patzcuaro, Tata (papa) Vasco, l’évêque Vasco de Quiroga; celui-ci a été envoyé au 16è siècle , pour « réparer » les cruautés perpétrées par le sadique conquérant espagnol Nuno Beltran de Guzman; ce dernier avait obligé les Indiens Tarasques (Purepechas), installées surtout à Patzcuaro et dans les environs, à fuir leurs villages et il avait massacré leur chef; ceci, en dépit du fait que ces Indiens, ennemis des Aztèques que Cortés avait d’abord soumis à Tenochtitlan (Mexico), étaient plutôt favorables aux Espagnols. Vasco de Quiroga est devenu le justicier des Indiens et, tout en faisant œuvre d’évangélisation, a contribué beaucoup à ce que, durant la période coloniale, le Michoacan atteigne un haut degré d’intégration culturelle et atteigne un développement économique remarquable; de nos jours, le Michoacan est l’un des états parmi les plus pauvres; comme quoi les choses changent, pas toujours pour le mieux! Stéphane déplore d’avoir perdu une journée; il aurait aimé marcher davantage la très jolie Patzcuaro.

Dans l’après-midi, nous prenons un « colectivos » pour nous rendre à Santa Clara del Cobre; pour une distance de 16 km, il nous en coûte 12 pesos pour nous deux (1,20$). Tous les transports en commun au Mexique demandent encore un prix ridicule. La proportion de personnes pauvres et sans véhicule l’exige peut-être, Même si ces transports sont la plupart du temps subventionnés à partir de fonds privés. Le village de Santa Clara est réputé pour son artisanat d’objets en cuivre. Il y en a quelques exemples dans les photos mises sur Picasa.

De retour dans les montagnes, les nuits de 50C à 100C nous réservent des petits matins frisquets qui font chialer les amateurs de plages! Un autre fait à noter un peu partout au Mexique; il y a beaucoup, beaucoup de ninos; les enfants sont partout; et les parents les promènent, de sorte qu’on les voit à l’extérieur même s’ils n’ont que quelques semaines.

Lundi 09-02-2009- PATZCUARO- EL ROSARIO- 223 km

En passant par Morélia, une erreur de parcours nous amène sur une nouvelle autopista, inconnue selon nos cartes routières. Une halte sur les côtés de l’autoroute nous remet en selle. Au Mexique, la construction d’autopistas va tellement bon train que la plus récente carte imprimée, en juillet 2008, est déjà obsolète; il y des constructions de routes payantes dans tout le pays. L'objectif semble être "Ruta 2010", qui marquera un anniversaire important dans l’histoire du pays- encore l’histoire!

Les 12 derniers kms de la journée mettent à l’épreuve nos véhicules; la route est faite de pavés – style pavé-uni - entrecoupés de deux roulières de macadam en galets; ça brasse et ça monte itou, tellement qu’au sommet, nos « horloges » (odomètre de trajet et cadran) sont déréglés et font la grève. Des ninos nous attendent au sommet; ils connaissent un seul mot en anglais : ‘MONEY’. Un peu désagréable; de vraies mouettes; mais certains semblent vraiment pauvres; nous achetons l’artisanat de pacotille que certains vendent. Et nous nourrissons ceux qui ne vendent rien et qui réclament « money »; les carottes, les pêches et les pommes sont particulièrement appréciés, mais les brocolis et choux-fleurs, rejetés : comme quoi les enfants sont des enfants partout! Camping sauvage à El Rosario, à l’orée de l’un des trois sanctuaires de papillons qu’il y a près d’ici.

Mardi sera pour tous l’une des plus belles et mémorables journées du voyage. Nous montons de 300m (nous sommes déjà à 10,000 pi d’altitude) pour visiter les quelques 20 millions de monarques qui ont quitté le Canada pour l’hiver. Après 50 minutes de montée avec un guide, nous voyons 2 ou 3 monarques; puis, dans un trou d’eau, quelques centaines. Enfin, on voit des branches de conifères complètement pliées sous le poids des milliers de papillons qui s’y collent. Vers 11 heures, le soleil les réchauffe suffisamment pour qu’ils s’envolent. Quel spectacle! EXTRAORDINAIRE! Enfin, Bernard a raison de s’exclamer: « Quelle belle journée! », son leitmotiv du voyage, exprimé pour une fois sans connotation humoristique, reflétant l’état de contemplation magique dans lequel nous a plongé ce spectacle unique. Un très bon petit dîner dans une gargote au pied du sanctuaire termine bien la matinée.

Mardi 10-02-2009- EL ROSARIO à ATLACOMULCO -102km et 3h45h

Nous quittons Angangueo avec comme objectif de nous rapprocher de notre prochaine étape, Tula, sachant très bien que la distance jusqu’à cet objectif ne pourra être franchie avant la noirceur. Nous ne nous attendons toutefois pas aux « surprises » que nous réserve la route « jaune » (ie, locale ou régionale) : c’est épouvantable! D’abord, une route de montagne; nos moteurs souffrent considérablement dans la montée interminable, qui nous donne l’impression de nous diriger vers le ciel, avec parfois, un vide vertigineux à proximité; c’est alors que Stéphane découvre que Lisette peut « sacrer »! Lorsque nous atteignons, enfin, le sommet, nous redescendons vers la vallée sur une route pire que celles du Québec, où nous devons littéralement faire du « slalom » et où nos amortisseurs souffrent beaucoup, dans les trous trop nombreux. Nos garagistes seront très fiers de nous revoir en avril. Si vous pensiez que Richard n’avait plus de problèmes avec son véhicule, détrompez-vous! Il a besoin de réparer son système d’échappement, ébranlé depuis la montée à el Rosario; le bruit est infernal pour Manon et lui; sa mise au point se poursuit! Bernard prétend qu’il devra mentir aux douanes, lors du retour, car il dépassera les sommes permises pour la rentrée au pays!

Nous couchons dans un Pemex, à Atlacomulco, car il n’y a aucun camping identifiable à 100 km à la ronde.

Mercredi 11-02-2009- ATLACOMULCO à TULA, puis à TEOTIHUACAN-236km

Nous pensions avoir tout prévu pour nous rendre facilement à Tula dans la matinée. Lisette « rechigne » devant la Mex-10 prévue, route « jaune » qui semble similaire à celle d’hier, ie, dans les montagnes. Nous poursuivons un peu plus haut que prévu sur la Mex-55 (« rouge ») afin de traverser vers l’est dans une zone moins montagneuse. Grand bien nous fasse : des travaux sur la route « jaune » dans Aculco nous forcent à rebrousser chemin et à reculer sur une distance d’environ 350 mètres. Ce faisant, nous voyons les autres automobilistes de l’endroit prendre une rue de macadam vers le centre du village. Avec le GPS et les conseils d’un policier, il nous faudra une quinzaine de minutes pour nous en sortir. Aucun avertissement de déviation, ni avis d’aucune sorte : on est au Mexique ici!

Nous arrivons à destination vers 11h00 et visitons notre premier site archéologique à Tula, où se trouvent des vestiges de la capitale toltèque. Le plus spectaculaire demeure les quatre monumentales colonnes en forme de guerriers, les atlantes, qui se dressent au sommet d’une pyramide.

Dans l’après-midi, nous nous rendons à Teotihuacan. Le groupe a compris que les cuotas, malgré leur prix relativement élevé (surtout pour les véhicules récréatifs à plus de quatre roues, qui paient le double du tarif des autos et des West), constituent le moyen le plus simple de voyager au centre du Mexique. La petite taille de notre véhicule réduit de beaucoup les honoraires payés; c’est celui d’une auto ordinaire. C’est d’ailleurs la même chose pour la consommation d’essence; en doutiez-vous, amis West?

Jeudi, visite du plus grand site archéologique du Mexique, celui de Teotihuacan. Son apogée fût de 300 à 600 après J.-C. Au gros soleil, nous y marcherons environ 5 km, grimperons au sommet de la Pyramide du Soleil ( au moins 200 marches, dont les « normes » ressemblent à celles du code de la construction du Québec, ie 17-20 pouces pour le total marche-contre-marche, mais à l’inverse : 7 pouces de marche, 10 pouces de contremarche : c’est pour obliger le respect, en forçant la montée « de côté », de manière à ne jamais tourner le dos aux dieux!). Certains monteront aussi la Pyramide de la Lune, moins haute. Ces Pyramides ne sont que des constructions en pierres. Contrairement à celles des Égyptiens, il n’y a pas de couloirs intérieurs, ni temples, ni tombeaux; aucun grand chef n’y fût enterré.
Nous visiterons enfin le Palais de Quetzapapàloti, le Palais des Jaguars et le Temple des Escargots à plumes. Une autre « belle journée », dirons-nous en chœur, sans ironie aucune!

De retour au camping, nous faisons connaissance avec un « maudit français » qui circule en Amérique du Nord depuis 2 ans. « Maudit français », car rapidement, il s’est vanté d’avoir un appartement de 28 m2. Nous nous sommes retenus de donner les dimensions de nos demeures respectives. Toujours est-il que durant la soirée, nous constatons un va-et-vient à proximité de son camper Hymer. Son changement d’huile est dû depuis des lunes; mais aucun garage n’est intéressé à travailler sur son moteur FIAT. Des mexicains s’essaient et découvrent que leurs outils sont inadéquats. Il est mal pris le Français! Il mentionne de plus que son filtre à diesel n’a pas été changé depuis son arrivée à Halifax il y a 2 ans. Après quelques consommations et en pleine noirceur, notre mécano (il n’a plus de réparation à faire sur son véhicule et s’ennuie) se propose avec générosité.

Ce sera la valse des outils de Bernard, de Nazir et de Richard qui viendra à bout du filtre à huile géant, puis du bouchon du réservoir à huile qui nécessite une clé Allan hors de l’ordinaire; Richard l’avait dans son coffre, évidemment. Puis, il s’attaque au filtre de gas-oil qui est super mal placé. À bout de bras et en pleine noirceur, Richard extirpe la pièce tel un chirurgien. L’installation du nouveau filtre nécessite aussi beaucoup de dextérité.

Notre chaleureux français (il possède malgré tout un appartement de 28 m2) ne donne qu’une poignée de main à Richard, en le menaçant de le retrouver si le travail n’est pas impeccable. Bizarre de remerciement! Selon Bernard, qui vient de la même région de France, ce Français racontera de retour chez lui, sur un ton monocorde, que 3 corniauds venant du Québec ont fait le travail que plusieurs Mexicains ne voulaient pas faire. Le lendemain matin, le Français et son épouse viendront néanmoins remercier plus chaleureusement Richard, l’épouse mentionnant à la blague que sa laveuse aurait besoin d’entretien. Aucune invitation dans le 28 m2, cependant!

Vendredi 13-02-2009 TEOTIHUACAN- CHOLULA 127km

Une autopista flambant neuve- la Mex-57- nous mène jusqu’à San Martin Texmelucan. Beaux paysages encore une fois. C’est l’un des avantages des cuotas, surtout au centre du Mexique : on peut découvrir les paysages. Sinon, d’un village à un autre, on occupe notre temps et notre énergie à vérifier si un topé ne viendra pas nous bondir dans la face; sans compter les routes de montagne qui nous colle les yeux au pavé. Après San Martin, une « libre » nous mène au camping une heure plus tard. Ce fût long car Bernard s’est fait tasser par un policier zélé; son camper ne possède pas de plaque avant! Après vérification des papiers, il serre la main aux voyageurs et leur souhaite « Buen Viaje »; une autre « belle journée » pour Bernard, tout de même heureux de s’en tirer à bon compte. Il avait quand même pris la précaution, au cas où…, de fournir sa « copie couleur plastifiée » de son permis de conduire, faite à Ciudad Victoria : faut bien que servent les mises en garde de la señora Rosie!

Cholula est en banlieue de Puebla, bien qu’elle soit vielle de près de 2000 ans, alors que Puebla date de 1531. Pour une population de 50 000 personnes, Cholula compte 200 églises, dont 130 en opération. Nous visiterons Notre Dame de los Remedios, bâtie sur un monticule qui surplombe la ville et qui s’avère être une pyramide : très belle vue des environs au sommet. De retour sur le plancher des vaches, nous nous payons un guide et entrons dans la pyramide Tepanapa, qui possède la base la plus grande au monde, IE 450 m par côté. En 1931, on y a creusé 8 km de tunnels, à des fins d’exploration; encore une fois, le centre est « plein », sans tombeau ni temple. Cette pyramide de 9 étages – environ 65 mètres de haut- ne se visite pas si l’on est claustrophobe ou très obèse, les tunnels n’étant ni très hauts (forme d’arc maya) ni très larges.

Samedi, Stéphane et Lisette visitent Puebla pendant que nos six autres voyageurs s’en vont vers des destinations plus chaudes : vers les grottes de Cacahuamilpa, d’abord, puis Taxco, puis les plages aux environs de Puerto Escondido. Ce samedi, c’est jour de St-Valentin. Les Mexicains la fêtent en grand! Dans les rues du centre-ville de Puebla, on vend des milliers de ballons. Les couples sont nombreux et joyeux. Dès notre descente du bus, nous avons une pensée pour Pierre Gadbois : Céline chante à plein poumons à la radio de Puebla. Nous allons au Zocalo, situé à côté de la magnifique cathédrale. Une visite au musée Amparo est très intéressante; l’exposition sur l’art précolombien est censé nous rendre aptes à distinguer clairement entre les céramiques du Golf du Mexique, celles du plateau intérieur, celle de la côte Pacifique et celles de la Péninsule du Yucatan; peut-être est-ce dû à notre âge, mais disons qu’il nous faudra encore quelques visites au musée pour atteindre cet objectif. Un repas à la pizza (végétarienne) dans un resto de la place principale et un tour de ville en Bus Turistico complètent nos activités. Dans son ensemble, cette ville nous a paru plus harmonieuse que Guadalajara, sans doute à cause des bâtiments coloniaux du centre historique, qui sont bien préservés. Le retour au camping se fera dans un bus tape-cul, dont les amortisseurs sont finis; mais à 10 pesos pour deux, peut-on se plaindre? En tous cas, nous plaignons le chauffeur!

Dimanche, les vélos nous servent vraiment pour la première fois; parcourant les rues de Cholula, nous découvrons quelques-unes des églises (Lisette prend des photos : pas le choix : commande de Suzanne!) Il y a fête au village et au Zocalo; c’est super animé, amuseurs de rues et pique-niques familiaux. Au camping, nous faisons connaissance d’un couple d’Allemands, qui séjourne en Amérique depuis mai dernier. Très intéressant.

Lundi 16-02-2009 CHOLULA-TEOTIHUACAN – 165 km

Lisette visite 2 belles églises, un peu en périphérie de Cholula; Stéphane s’abstient; il a son voyage des églises pour aujourd’hui. Puis, nous prenons la route vers notre nouvelle destination, qui est un retour en arrière. Nous revenons en effet au camping de Teotihuacan; ceci nous permettra de prendre le bus vers Mexico. Nous pensons faire des allers-retours vers la capitale pendant au moins deux jours. Au camping, il y a 3 west sur les 5 campers présents. Lisette et Stéphane ont la même pensée : un voyage ici avec nos amis westfaliens serait merveilleux.

Nous pensions que la route serait facile, étant donné que nous l’avons faite en sens contraire pour nous rendre à Cholula. Erreur : nous sommes au Mexique. Passer d’une autopista, surtout une neuve, à une autre n’est pas une sinécure; les indications sont rares, sinon inexistantes. Les Mexicains bâtissent des routes mais la signalisation routière telle que nous la connaissons reste à venir. Mais, nous apprivoisons tranquillement cet aspect du pays. Depuis que nous sommes entrés au Mexique, nous nous sommes bien habitués aux feux de vidanges, aux vendeurs près des topés, aux toilettes mexicaines jamais parfaites, au soleil constant, aux soirées étoilées, à une température sèche. Aussi au fait qu’obtenir de la monnaie pour un 100 ou 200 pesos est difficile un peu partout; on nous regarde de travers sauf sur les autopistas et dans les dépanneurs OXXO. À Puebla, samedi dernier, le guichetier au musée a refusé notre 200 pesos, même si le prix est de 70 pesos; il a demandé un 100 pesos. C’est peu à tolérer en contrepartie des découvertes à faire dans ce grand pays. Si nous revenions au Mexique, notre itinéraire comprendrait assurément San Miguel Allende, Zacatecas et Copper Canyon. Trop de personnes nous ont fait des commentaires élogieux sur ces lieux. Mais les détours de la route nous font aussi découvrir beaucoup.






jeudi 5 février 2009

La Plage enfin!

Dimanche 01-02-2009- VILLA CORONA à LA PLACITA – 241 km

Avant de partir de Villa Corona, nous avons vu nos deux premiers West; le premier venait de Saskatchewan, le second de Colombie-Britannique. Celui-ci est conduit par une Kristiane 2; elle voyage seule pour la quatrième fois au Mexique et est arrivée pendant la nuit. Ce qui n’est pas à conseiller. Elle parlait à tout le monde de cette aventure.
Nous avons connu aujourd’hui des routes encore pires que celles du Québec. Tellement pourries que nous avons dû prendre une autoroute payante, au grand désarroi de Richard. La suspension des motorisés était en jeu. Une descente vers la mer et la chaleur torride. En entrant dans l’état du Michoacán, nous avons eu le bonheur d’une première inspection militaire. Nazir a bien passé l’inspection. Depuis le début du voyage, c’est le ‘running gag’. On lui fait accroire que son teint se rapproche de plus en plus de celui d’un mexicain et que les douanes américaines vont le refouler.
Tenu par des américains, le camping à La Placita débordait; nous nous sommes tassés comme les westfaliens en ont l’habitude. Une belle mer chaude nous y attendait. Quel plaisir!
Un grand voyageur venant du Québec, Alain Pearson, nous raconte ses deux longs voyages au Mexique et nous conseille sur nos destinations futures. Manon et Richard lui rendent la pareille en se servant de leur expérience d’il y a deux ans.

Lundi 02-02-2009- LA PLACITA- MARUATA- 51 km

Johanne, Lisette et Stéphane profitent du lever du soleil pour marcher sur la plage pendant une grosse heure. Départ vers 11h30. Exténué par une telle journée de voyagement (30 minutes), nous nous arrêtons sur le bord de la mer à Maruata pour du camping sauvage selon les conseils d’Alain Pearson. On va ainsi récupérer les pesos jetés par les fenêtres sur l’autoroute.

Ce qui frappe, en arrivant, c’est le magnifique hôpital flambant neuf, blanc et bleu marine, construit au coût de 26,000,000 de pesos et desservant 22,000 personnes de la région. À noter aussi, dans ce petit village plutôt rustique : chaque vielle bicoque a sa soucoupe pour -on imagine- capter des télénovelas ou des émissions américaines traduites en espagnol.

La nuit, à Maruata, des mères tortues golfinas viennent pondre leurs œufs sur la plage; nous sommes à quelques mètres des trous faits par elles, mais nous ne les voyons pas. La plage descend en pente abrupte, ce qui est peut-être un avantage pour que les bébés, une fois sortis de l’œuf, gagnent rapidement la mer. Lisette nous prévient des dangers possibles pour les nageurs que nous sommes. Richard et Stéphane font à leur tête; et ce qui devait arriver se produit. Une superbe vague pour le ‘body surfing’ nous déménage à toute vapeur. Richard entend un craquement dans son dos que Suzanne et Manon traitent depuis au Voltaren. Il a aussi une blessure au front; on dirait que Manon l’a battu (peut-être lorsqu’il a réclamé la propriété de son véhicule).

Mais, il nous faut tout de même contribuer à l’économie locale; alors, nous soupons dans un restaurant extérieur, sous le palapa, face à la plage. Un excellent souper, langouste et poisson à la diabla au menu. Au retour du resto, les gars de la marine, dont l’une des fonctions est de veiller à la survie des bébés tortues, nous montrent les petits qu’ils gardent à l’abri jusqu’à leur libération, prévue pour tôt demain matin.

Mardi 03-02-2009- MARUATA-PLAYA AZUL-158km

Debout à 6h30, nous allons aider les bébés tortues golfinas à sortir de leur enclos et se rendre à la mer. Maman Suzanne, maman Johanne et papa Nazir sont les plus aidants; Johanne y laisse même sa caméra, submergée par une vague plus forte et inutilisable depuis. Des traces de mères tortues nous font croire que quelques-unes ont bien voulu y laisser leurs œufs pendant la nuit.

La route sera au départ extrêmement sinueuse pendant 50 kms. Nous arrivons à 15h00 à Playa Azul et nous nous précipitons dans la belle piscine de l’hôtel, entourée de palmiers et de bougainvilliers en fleurs. Un autre grand bonheur. Avec des poissons frais achetés le matin à Maruata, nous ferons un banquet ce soir; entre autre, un thon de 1,5 kg, qui a coûté 30 pesos.

Quelques jours sont prévus à Playa Azul : nous prenons des forces avant de remonter vendredi à 7000 pi d’altitude, vers Patzcuaro, où nous reprendrons nos visites culturelles. Bernard est très anxieux de visiter à nouveau des églises!

Des notes sur l’essence. Il n’y a ici qu’une compagnie d’état PEMEX; le prix est le même dans tout le pays. La régulière est à 77,2 pesos et la super à 95,7; il faut diviser par 10 pour avoir l’équivalent approximatif en $ canadiens.

Au Mexique, il y a beaucoup de feux de broussailles; souvent, ce sont des vidanges qui brûlent. À l’entrée des villages et aussi à la sortie, on y retrouve des dépotoirs à ciel ouvert. Lorsqu’il y a un peu trop de vidanges, on brûle le tout. Les odeurs ne sont pas toujours agréables. Parlant d’odeurs, nous sommes étonnés de constater que la mer ne sent pas le varech ni l’iode; aucune algue n’est laissée sur la plage à marée basse.